En plus du déploiement d’une troupe française de 80 hommes au Niger, les pays du Sahel sont en alerte maximum, faisant monter la tension. Ces bruits de bottes sont consécutifs à l’enlèvement de cinq Français, un Togolais et un Malgache travaillant pour les groupes français Areva et Satom qui exploitent une mine d’uranium au Niger.
La France qui a d’abord montré du muscle semble être souple. Malgré l’envoi de 80 soldats surentraînés au Niger, elle souhaite négocier avec les ravisseurs. Pourtant, tout porte à croire que l’étau risque de se resserrer autour d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) si les négociations échouaient. « Nous avons permis à tous les pays riverains de faire des poursuites si éventuellement les assaillants rentraient en territoire malien », a indiqué Amadou Toumani Touré à des journalistes français.
Tous les pays du Sahel sont en alerte depuis l’enlèvement des travailleurs français et africains au Niger. Ainsi, l’armée nigérienne, appuyée par des moyens aériens, s’est déployée depuis la semaine dernière dans la zone frontalière de l’Algérie et du Mali. Objectif : rechercher les otages et, éventuellement, empêcher les ravisseurs de quitter le territoire nigérien.
Rien à faire, les otages ont été emmenés dans le désert malien par leurs ravisseurs. Peu après le déploiement militaire nigérien, des sources sécuritaires mauritaniennes et algériennes avaient affirmé que « les sept otages ont traversé la frontière entre le Niger et le Mali».
Même si l’on sait AQMI responsable de ce rapt, selon une source proche de l’enquête nigérienne, le groupe armé a bénéficié de complicités au sein du dispositif sécuritaire du site minier où ils ont été enlevés. Les otages qui sont pour l’essentiel des collaborateurs des groupes français Areva et Satom, ont été enlevés à Arlit, un site d’extraction d’uranium à environ 1.000 kilomètres au nord-est de Niamey, la capitale nigérienne.
Bernard Kouchner, le ministre français des affaires étrangères avait avancé que les ravisseurs pouvaient être des Touareg qui vendent ensuite leurs otages à des terroristes. Jeudi 16 septembre, Niamey a affirmé que les membres du groupe armé parlaient majoritairement arabe et tamashek, langue des Touareg de la région. En tout cas, l’achat d’otages occidentaux semble être désormais le mode opératoire d’AQMI depuis un certain temps dans le Sahel.
Aussitôt que l’enlèvement a été confirmé, les pays de la région ont pris des dispositions sécuritaires le long de leurs frontières désertiques où les militants islamistes sont susceptibles d’évoluer. C’est le cas du Burkina Faso qui a mis en alerte maximum ses forces de sécurité dans la partie septentrionale de son territoire, vers les frontières du Mali et du Niger.
La Mauritanie est allée plus loin car elle a eu des escarmouches avec des éléments d’AQMI. Les combats entre l’armée mauritanienne et les islamistes, qui se poursuivaient jusqu’à samedi 18 septembre dans le nord du Mali, avaient fait au moins 15 morts parmi les militaires mauritaniens. Une source sécuritaire algérienne a évoqué à ce sujet qu’il y a eu de très nombreuses victimes, des morts et des blessés, dans les rangs de l’armée mauritanienne.
Des témoignages recueillis au Mali situaient le lieu des combats entre les soldats mauritaniens et les islamistes à une cinquantaine de kilomètres de la localité de Raz-El-Ma, à 235 km à l’ouest de Tombouctou. Selon une source sécuritaire algérienne, pour faire face, l’armée mauritanienne a engagé des avions de combat dans la bataille. Le président de la République, Amadou Toumani Touré, a pour sa part, affirmé que le Mali aussi était en état d’alerte après l’enlèvement des cinq travailleurs étrangers au Niger.
Soumaïla T. Diarra