Le delta intérieur du Niger, également appelé delta central, sert et dessert à la fois les djihadistes du Mouvement de libération du Macina. A en croire les populations locales, les forêts inondables s’y trouvant servent d’abri aux terroristes qui multiplient les attaques contre les forcées de défense et de sécurité déployées dans la zone. Mais le delta central, un enchevêtrement de lacs, de marais et de rivières, est aussi un piège naturel qui risque de se fermer sur ses nouveaux occupants.
Hamadoun Koufa connait bien la zone inondable du delta intérieur du Niger pour y être né. Mieux, il a décidé avec ses hommes de transformer les forêts inondables en cachette. Ils ont trouvé l’astuce de se fondre dans la masse paysanne des éleveurs, pêcheurs et agriculteurs pour s’installer dans les forêts inondables dont certaines sont classées sites Ramsar.
Les sites Ramsar, protégés par la convention relative aux zones humides d’importance internationale, sont généralement connus comme les habitats des oiseaux d’eau. Chaque année, des millions de ces oiseaux dont certains viennent des contrées aussi lointaines que l’Europe et l’Afrique du Sud séjournent dans le Delta intérieur du Niger.
Mais les djihadistes envisagent de transformer l’ensemble du delta central en zone de guerre, se revendiquant de l’héritage de Sékou Amadou qui a fondé au 19e siècle la Dina, le royaume théocratique peul du Macina. Faisant commerce de cet héritage, les terroristes pourraient avoir la chance d’obtenir une assise locale en séduisant les foules.
D’ailleurs, des leaders religieux à Bamako ont dénoncé cette tentative de récupération de l’histoire du Macina et mis en garde les autorités contre le risque d’un débordement. Malheureusement, rien ne semble arrêter Amadoun Koufa dont les agissements inquiètent la communauté qui craint que l’instabilité freine l’épanouissement de l’élevage, l’essentiel de leurs sources de revenus.
Les terroristes avaient profité, depuis quelques mois, de la saison sèche et du retrait de la crue pour investir les zones inondables. Mais selon des habitants de la zone, les envahisseurs sont confrontés à la remontée des eaux avec l’hivernage en cours.
La pleine crue entre septembre et octobre, où la surface des eaux s’étend à perte de vue dans certaines parties du delta, pourrait pousser davantage les terroristes à abandonner leurs cachettes. Déjà, explique-t-on, les attaques récentes à Dia Bozo, Ténénkou et autres localités du delta intérieur seraient consécutives à l’installation progressive de l’inondation.
Par ailleurs, on s’attend à un ratissage large des forêts et marais des zones lacustres par les forces de défense et de sécurité maliennes. L’armée peut compter sur le concours des populations qui commencent à dénoncer des suspects.
Soumaila T. Diarra
Ibk Traitre lache
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