Les responsables politiques d’Europe et du Sahel reconnaissent qu’au plan international, un travail d’équipe sera nécessaire pour lutter contre la criminalité et le terrorisme dans la région. C’est le lieu, pour le nouveau Chef d’Etat français, François Hollande, de souhaiter une nouvelle approche du phénomène du terrorisme au Sahel.
Le 2 mai, lors de la campagne pour l’élection présidentielle française, la situation au Sahel a fait l’objet de débats. Le nouveau Président français a souhaité une coopération internationale pour lutter contre le terrorisme dans cette région où huit ressortissants français sont actuellement détenus en otage. Le Président sortant, Nicolas Sarkozy, avait demandé aux Français, y compris les travailleurs humanitaires, de ne pas se rendre dans cette région du monde. De l’avis de Sarkozy, la priorité, pour la région, est que le peuple malien comprenne qu’il doit organiser des élections présidentielles démocratiques. « Nous avons besoin du Mali qui est un pays considérable et qui est miné à la fois par la rébellion touarègue et par le problème d’AQMI. Il faut renforcer notre coopération militaire et économique avec le Niger, la Mauritanie, le Sénégal et le Mali, quand il aura un gouvernement démocratique », avait-il déclaré avant d’ajouter que ces pays n’ont pas assez de stature étatique pour faire face à l’étendue de cette région où Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) est active.
Aux dires de Sarkozy, l’Algérie (la puissance régionale) ne permettra pas à la France (ancienne puissance colonisatrice) d’intervenir directement. Et toujours selon lui, il faut pousser l’Algérie, le Niger, la Mauritanie, le Sénégal et l’ensemble des pays de la région à travailler ensemble avec le soutien matériel et technique de la France et d’autres pays. Un point de vue partagé par le Président élu, François Hollande, qui juge nécessaire d’aider les pays de la région face à la montée du terrorisme. Il a fait savoir que des efforts sont nécessaires pour stabiliser la région « qui menace de devenir un foyer terroriste de très grande ampleur ». La communauté internationale a tiré la sonnette d’alarme sur les dangers qui prévalent dans la zone sahélienne, terroir du crime transnational organisé, à commencer par le terrorisme. A plusieurs reprises, les autorités marocaines ont souligné l’importance de la coopération pour répondre aux enjeux sécuritaires dans la région.
Le Maroc a toujours été partisan d’une large approche sécuritaire impliquant l’ensemble des pays d’Afrique du Nord et du Sahel. Le ministre marocain des Affaires étrangères, Youssef Amrani, a souligné la nécessité de renforcer la coopération régionale qui est, selon lui, le moyen approprié pour prévenir les risques d’instabilité en Afrique du Nord et au Sahel. Son collègue de l’Intérieur, Mohand Laenser, a, pour sa part, indiqué qu’une stratégie sécuritaire régionale basée sur la coordination bilatérale et l’interaction entre la région du Sahel-Sahara et le Maghreb devait être adoptée et combinée avec la coopération avec les forces actives. Selon lui, le développement est également essentiel pour créer la prospérité économique et renforcer ainsi la stabilité sociale et la sécurité. Quant au politologue Redouane Bachiri, il indique que la menace sécuritaire que connaît le Sahel ne pourra être contrôlée que si la coopération entre les pays de la région est renforcée et si une aide est apportée par les grandes puissances mondiales, comme l’avait souligné Nicolas Sarkozy.
Jean Pierre James