Les bruits des bottes se font encore entendre dans le septentrion malien suite aux attaques simultanées de AQMI dans les localités de Menaka, Tessalit et Aguelhok. Cette organisation terroriste a frappé nonobstant le déploiement massif des forces de l’ordre dans cette région, il y a quelques semaines, en prévision d’une attaque terroriste. Cela laisse entendre que le gouvernement avait senti le coup, mais a été pris de revers car l’adversaire a frappé là où on l’attendait le moins. Le Bilan est effroyable dans cette « guerre maliano – malienne » : 47 morts dont 2 militaires des forces régulières.
Mais ce qui a choqué l’opinion, c’est l’attitude du gouvernement d’avoir reçu ces ex-combattants qui avaient combattu au-delà de nos lignes de démarcation pour soutenir Kadhafi. Ces combattants étaient-ils en mission commandée ? Si tel n’est pas le cas, pourquoi ont-ils été reçus par le président de la République ? Ce qui dénote un certain laxisme de nos autorités dans la gestion de cette crise au nord Mali. Faut-il conclure que cette situation aura-t-elle des incidences sur les élections d’avril prochain ? Est-ce une stratégie pour bloquer la présidentielle et prolonger le mandat présidentiel ? Les débats sont ouverts.
Depuis la première semaine du mois de janvier, des attroupements irréguliers de l’armée malienne avaient été constatés au Nord de notre pays. Le gouvernement évoquait, à l’époque, le maintien d’ordre et la surveillance du territoire. Ce qui est certain, c’est que le gouvernement était au courant du mouvement des troupes venues de la Libye et qui ont combattu aux côtés de l’armée libyenne pour maintenir Kadhafi au pouvoir. Ces combattants, qui se réclament du Mouvement national de libération de l’Azawad (MPLA), est un condensé de Touaregs, maures, et sonrhaïs…
Selon Pierre Boualé du centre d’études des mondes africains (CEMAF), « c’est le président de la République du Mali qui n’a pas fait ce qu’il fallait ». Pour lui, « AQMI est composée majoritairement des rebelles algériens, mais opérant sur le territoire malien ». Côté malien, une partie des troupes a été enrôlée dans la fonction publique malienne, ce qui permet de dire que c’est un mouvement national.
De retour de leurs expéditions guerrières en Libye donc, quelques 500 combattants – c’est ce qui est connu – lourdement armés, ont pris position dans le nord de notre pays. Tous les Maliens étaient convaincus que tous les éléments étaient réunis pour une bataille fratricide.
En 48 heures, les bandits ont attaqué trois villes : Menaka, Tessalit et Aguelhok. D’autres sources affirment qu’ils faisaient mouvement vers Nara. Vu l’ampleur prise par les événements, les officiers maliens les plus connues ont débarqué sur le front des hostilités militaires : Gamou et surtout le chef d’Etat major général des armées Abdoulaye Poudiougou. Selon nos sources les combats ont été d’une rare violence puisque l’armée tenait à la défense de l’intégrité territoriale du pays.
Interrogé sur cette question lors du 51e anniversaire de l’armée malienne, ATT a dit que « c’est une guerre qui nous a été imposée ». Imposée par qui ? Et pourtant, certains s’interrogent aujourd’hui pourquoi certains combattants ont été reçus dans l’antre de Koulouba.
Quant à Maître Mountaga Tall, il a déclaré que « l’unité du pays n’est pas négociable ».
Mais pour ce Malien, « c’est une stratégie pour ATT de rester au pouvoir ».
Toutefois, quelle que soit l’option admise, le chef de l’Etat est formelle : « les élections se tiendront et le prochain président du Mali sera investi le 08 juin 2012 ».
Il est temps pour le président de la République de redorer son blason. Seul l’usage de la force peut venir à bout de la rébellion car qui prépare la paix prépare la guerre. La survie de AQMI au nord de notre pays donne raison à ceux qui pensent que le Mali est un pays insécurisé.
Salif Diallo