Tensions interethniques à Gao : Un autre tournant dans la crise sécuritaire au Mali

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Les 42 citernes de carburant en provenance du Niger qui sont restées bloquées plusieurs jours à la frontière, sur consigne de Bamako, ont été autorisées à entrer à Gao. © Pascal Guyot / AFP

La tension avait atteint un niveau très inquiétant, la semaine dernière, entre les arabes et les songhaïs dans la ville de Gao. Dans un communiqué diffusé à l’ORTM le vendredi 2 mars dernier, le gouverneur de la région a annoncé l’instauration d’un couvre-feu d’une semaine et l’interdiction de circuler avec des armes. Mais personne ne parle du dessous des complots qui visent une dislocation du vivre ensemble au Mali.

Avec des événements de faits divers amplifiés par les médias internationaux avec un angle exclusivement ethnique et relayés par certaines franges de la presse locale, la ville des Askia s’est plongée dans des affrontements déchirants au moment où des efforts sont entrains d’être déployés par les autorités des organisations de la société civile comme IRGANDA à la faveur de la paix et de la stabilité.

Pour un petit rappel des faits, le mercredi 21 février 2018 deux jeunes arabes ont disparu dans la ville de Gao avant qu’on retrouve plus tard le corps de l’un d’entre eux dans le fleuve Niger. Une semaine après, un militaire de la garde républicaine  est assassiné. Et les jeunes issus de l’ethnie songhaï à laquelle appartenait le défunt porteur d’uniforme se sont mobilisés pour en découdre avec les arabes.

Et du coup, on s’est trouvé avec des tensions intercommunautaires qui secouent la ville. Ce qui a conduit le gouverneur à annoncer, vendredi 2 mars dernier, la mise en place d’un couvre-feu de 20h à 6h du Matin pour une semaine. Il a aussi pris des mesures sur l’interdiction de circuler avec des armes à l’exception des forces armées et de sécurité du Mali ; de Barkhane, des casques bleus et d’autres forces étrangères.

Ainsi, dans le cadre de la crise malienne, les cartes sont rebattues et l’on table sur l’idée d’un conflit ethnique, surtout dans le nord qui est très sensible. Depuis le mois de mai 2017, du côté de la France, on parlait officiellement de « problème peuhl au centre » après plusieurs tentatives d’explorer le terrain religieux.

Comme solution à ce présumé « problème » créé en toute pièce, ils ont préconisé l’occupation de Mopti par des forces étrangères et tout le monde sait comment l’insécurité gagne du terrain dans cette région depuis le renforcement de la présence de ces casques bleus. Ceux-ci ont donc l’occasion de se donner une mission après l’aveu de Gouterrez qui a reconnu qu’ils ne peuvent rien contre les terroristes et que le G5 Sahel ne pourrait être la seule force à le faire.

Ce qui veut dire qu’avec ce cafouillage à Gao, les forces onusiennes vont s’implanter davantage pour attiser le feu au profit de la France qui, selon Gouterrez oppose son véto sur l’inscription de la MINUSMA au chapitre 7 au conseil de sécurité.  C’est le même système qui s’est installé en RDC et au Soudan du Sud.

En Centrafrique, on a transformé une crise institutionnelle en conflit ethnico-religieux au point qu’à Kagabandourou comme dans d’autres localités de ce pays, la mission de la MUNISCA est de s’interposer entre les communautés chrétiennes et musulmanes en divisant les quartiers. Les maliens doivent tout faire pour éviter de basculer vers ces genres de travers.

Issa Santara

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