Teberemtt (Commune de Gossi) :Vives tensions entre Arabes et Touaregs

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Même la rencontre, il y a une semaine, entre les différentes ethnies et les autorités locales n’a pas pu apaiser la situation. Au contraire, la minorité arabe qui s’y trouve, avec à sa tête un certain Mohamed Ag Mahmoud, aurait juré de s’emparer d’une fourche au bord du puits principal, de gré ou de force. Les autochtones, eux, ne brandissent aucune menace, mais s’apprêtent en douce.

Tout commence début avril, dans cette zone de transhumance où cohabitaient, jusqu’à présent, plusieurs ethnies. Nous avons été contactés par un élu local qui s’inquiétait: «voilà des mois que nous essayons de faire comprendre à nos frères arabes que les fourches des puits appartiennent à des familles qui vivent ici il y a de cela plusieurs années. Depuis que les Arabes fréquentent cette zone, ils ont toujours été bien accueillis et ont eu droit à tous les égards. Mais ils veulent plus désormais».

Selon nos informations, le site a été viabilisé par une commission tripartite comprenant le Mali, le Burkina Faso et le HCR, en 1979. Avec le temps, les Arabes auraient fait de la zone leur passage principal (ils pratiquent plutôt le commerce et les trafics en tous genres que l’élevage). Tous leurs mouvements ne causaient aucun obstacle aux activités des nomades, jusqu’au jour où ils ont demandé à avoir leur propre fourche au bord du point d’eau où tous les villageois s’approvisionnent.

La fourche, il faut le savoir, est un instrument très précieux pour les propriétaires d’animaux. Elle sert également à puiser l’eau utile aux hommes. Selon nos enquêtes, il est très rare, voire impossible, que les Arabes et les Touaregs se retrouvent à partager le même point d’eau. Et tout le conflit serait parti de là. D’abord, selon Hado Mahmoud, un notable de la zone, cette vingtaine de personnes est armée jusqu’aux dents et n’hésite pas à menacer le Préfet, le maire et même les forces de sécurité.

D’ailleurs, toujours selon lui, lors de la rencontre du 4 avril dernier, en présence de tous les chefs de fractions, le dénommé Mohamed Ag Mahmoud a continué à brandir ses menaces, au point que le Sous-Préfet a quitté la salle. Ce dernier aurait déclaré «qu’il ne peut pas travailler dans cette situation». La réunion s’est ainsi terminée en queue de poisson. En attendant, il a été décidé de convoquer tous les propriétaires de fourches afin qu’ils acceptent, ou pas, d’en donner aux Arabes. Toute chose qui est, du point de vue des ressortissants de Teberemt à Bamako, impossible.

Le conflit est donc toujours ouvert et, aux dernières nouvelles, les Arabes continueraient toujours à «promettre la mort» s’ils ne deviennent pas propriétaires d’une fourche. Si l’on se rappelle que, dans un passé récent, ils n’ont pas hésité à utiliser des armes dans le Haoussa pour se faire justice, il y a de quoi se faire des soucis.

Nous avons aussi contacté certains jeunes Touaregs résidant à Teberemt. Le langage qu’ils nous ont tenu en dit long sur leur détermination: «nous ne provoquons personne. Nous n’allons pas chercher de querelle chez nos voisins. Cependant, si les Arabes ou d’autres ethnies nous poussent à réagir, nous réagirons avec la dernière rigueur. Ce ne sont pas seulement les autres qui possèdent des armes. Nous en avons et nous savons très bien nous en servir».

En tout cas, il est temps, il est grand temps, que les plus hautes autorités du Mali prenne ce problème à bras le corps. Pour éviter un énième foyer de tension au Nord et, surtout, pour honorer les idéaux du très respecté Mohamed Ag Mahmoud, qui a tant fait pour cette partie de notre territoire.
A suivre…
Paul Mben

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