Table ronde des bailleurs de fonds pour le financement du programme DDR : Un gap de 25 millions de dollars à chercher

La phase de réinsertion des ex-combattants prévue dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale est estimée à un coût de 50 millions de dollars.

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La phase de réinsertion des ex-combattants prévue dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale est estimée à un coût de 50 millions de dollars. Le gouvernement du Mali a annoncé 10 millions de dollars. La Banque mondiale prévoit d’allouer 15 millions de dollars sous forme de subvention. Le reste du montant à chercher se chiffre à 25 millions de dollars.

La présente table ronde des bailleurs de fonds pour le financement du programme de désarment-démobilisation-réinsertion des ex-combattants (DDR), organisée par le ministre de la Défense et des Anciens combattants, vise à établir un nouveau fonds d’affectation multi-donateurs sous la houlette de la Banque mondiale afin de combler le gap de financement de la réinsertion.

Le Premier ministre Modibo Keïta a présidé le jeudi 8 décembre 2016 à l’hôtel Radisson Blu la cérémonie d’ouverture de la table ronde. C’était en présence du ministre de la Défense et des Anciens combattants, Abdoulaye Idrissa Maïga ; du chef de file des partenaires techniques et financiers, Mariam Van- Nie ; du chef de la Minusma ; du représentant de la Banque mondiale, Paul Noumba Um.

Le programme national de DDR, prévu dans le chapitre 8 de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale, est un processus qui nécessite une coordination constante d’un grand nombre de partenaires. Il a pour objectif de contribuer à créer un environnement sécuritaire maîtrisé et stable favorable à la réinsertion socio-économique des ex-combattants.

Dans son intervention, le Premier ministre Modibo Keïta a rappelé que «nous devons nous souvenir pour mieux appréhender la réalité d’aujourd’hui et la souffrance des populations». Selon lui, le Mali a été arraché à la solitude où on entendait que des coups de canon, de fusil occasionnant du sang. Cette solitude, à l’en croire, a été stoppée grâce à un élan gigantesque de la solidarité internationale. Modibo Keïta dira que pour mériter la confiance de tant de solidarité active, le peuple du Mali doit se révéler digne de cette confiance. «Quel gouvernement au monde peut-il traîner le pas quand il sait que les enfants n’ont plus la possibilité de jouer dans les cours ; quand il sait que les salles de classe sont fermées ; quand il sait que des mines sautent ? C’est pour vous dire que la partie malienne (le gouvernement, les mouvements signataires) a une lourde responsabilité. Si nous voulons mériter la confiance de tous les partenaires à nous engager résolument sans calcul dans la mise en œuvre de l’accord, nous devons comprendre que la moindre minute que nous perdons, c’est une minute qui est extraite du bonheur de nos populations. Révélons-nous capables de mériter la confiance des partenaires, de comprendre que le temps n’est plus notre allié, mais un adversaire redoutable», a-t-il déclaré. Avant de souligner que le gouvernement pour sa part s’engage à mettre en œuvre cet accord dans la mesure de ses possibilités.

 

Pour le représentant de la Banque mondiale, Paul Noumba Um, depuis la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale, d’importantes avancées ont été obtenues. Il s’agit de la création de la commission DDR, la construction par la Minusma des sites de cantonnement et la nomination des présidents de commission nationale DDR et de commission d’intégration. Ces avancées positives, dit-il, «doivent nous inspirer à être motivés davantage pour accélérer la mise en œuvre des activités relatives à la démobilisation, au désarmement et à la réinsertion».

 

Paul Noumba Um a par ailleurs indiqué que bien que la réinsertion intervienne en bout de fin, elle est une étape cruciale qui doit démarrer immédiatement à l’issue des phases de désarmement-démobilisation, qui permettra d’éviter un gap entre la sortie du cantonnement et la réinsertion effective des ex-combattants dans leur communauté. Aux dires du représentant de la Banque mondiale, «la réinsertion sera une réussite, si nous sommes en mesure de permettre la reconversion des ex-combattants dans des activités génératrices de revenus». À cet effet, dit-il, «il faut une réponse à la fois communautaire, multisectorielle et durable». Paul Noumba Um estime que l’organisation de cette table ronde doit permettre de boucler le gap de financement qui est de 25 millions de dollars. Avant de réitérer l’engagement de la Banque mondiale à se mobiliser aux côtés du Mali pour la réussite du programme de DDR.

Le chef de la Minusma a rappelé que depuis 2013, la Mission onusienne soutient les équipes mobiles d’observation et de vérification de la commission technique de sécurité. La Minusma, dira-t-il, avec l’appui de beaucoup de partenaires a déjà mobilisé 21 millions de dollars pour la construction de 8 sites de cantonnement qui sont opérationnels. Le chef de la Minusma a souligné que beaucoup de retard a été enregistré dans la mise en œuvre de l’accord. Il a alors invité et encouragé les parties signataires de l’accord à aller de l’avant. Selon lui, il est important que parallèlement au programme national DDR, des projets de réduction de la violence communautaire puissent être conçus et mis en œuvre pour aider les communautés à se réconcilier et à se prendre en charge, pour se protéger contre l’extrémisme religieux, le trafic de drogue, etc. C’est dans cet ordre d’idée que, ajoute-t-il, la Minusma va élargir ses projets à des régions telles que Mopti et des communautés non prises en charge par le programme DDR.

 

Pour sa part, le ministre de la Défense et des Anciens combattants, Abdoulaye Idrissa Maïga, a souligné que de nombreuses initiatives ont été prises par le gouvernement pour faciliter la mise en œuvre de l’accord. Il a cité entre autres la nomination du haut représentant du président de la République, la mise en place des commissions DDR et réinsertion et la nomination de leurs présidents, l’élaboration du programme national DDR et d’un plan stratégique pour la stabilisation du Mali.

À en croire Abdoulaye Idrissa Maïga, la solution au problème passera inéluctablement par la mise en œuvre volontariste de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale. «Beaucoup de choses sont dites à tort ou à raison sur l’accord et sa mise en œuvre. Mais toutes les parties concernées s’accordent aujourd’hui sur le fait que nous sommes à une étape importante à travers ce processus de DDR», a-t-il fait savoir.

Quant au chef de file des partenaires techniques et financiers, Miriam Van-Nie, les activités de DDR constituent un reflet capital pour la stabilisation d’un pays, mais aussi pour son développement à long terme. Elle a en outre affirmé que les partenaires techniques et financiers resteront solidaires avec le Mali.

Diango COULIBALY

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