Entre Al Qaïda et la France, c’est désormais la guerre totale. En effet, suite à l’ opération franco-mauritanienne du 22 juillet qui avait coûté la vie à sept terroristes de la branche de la centrale terroriste évoluant dans la bande sahélo-saharienne, AQMI, un des dirigeants de cette organisation, Abou Anas al-Chanqiti, ne décolère pas. Ses mots d’ordre, diffusés sur des forums islamistes, appellent les tribus auxquelles appartenaient les militants d’Aqmi tués dans l’opération précitée, à "mener des représailles (contre) les traîtres apostats, les enfants et agents de la France chrétienne".
Il rejoint ainsi le faucon Abou Zeid, cet Algérien chef terroriste sanguinaire, très rompu aux maniements des armes et la fabrication d’explosifs qui fait pression sur Mokhtar Ben Mokhtar, pour que ce dernier exécute, froidement, les deux otages espagnols qu’il détient depuis plusieurs semaines.
De son côté, le chef d’AQMI en Mauritanie, El Khadim Ould Sémane, avait proféré des menaces contre la France, au lendemain du raid franco-mauritanien. Il déclarait dans un quotidien : " Je dis aux infidèles et croisés français (…) que nous ne resterons jamais tranquilles tant que le sang français n’aura pas été versé ".
Des positions aujourd’hui réconfortées par la sortie du numéro 2 mondial d’Al Qaïda, Al Zawahiri, qui a appelé ses sbires à mener la guerre contre la France, comme pour prouver que les actions d’AQMI dans la bande sahélo-saharienne ne sont pas seulement une affaire de petites tribus disséminées un peu partout dans le désert, mais des troupes de combattants qui obéissent étroitement aux ordres de la centrale criminelle de Ben Laden. " La France va payer tous ces crimes " a dit le Dr Ayman Al Zawahiri dans un document vidéo rendu public par le centre américain de surveillance de sites islamistes. Tout le monde sait que quand Zawahiri, obéi au doigt et à l’œil par ses kamikazes, sort de sa réserve, c’est pour frapper fort.
En réalité, le raid du 22 juillet est un prétexte tout trouvé car Zawahiri a pris le soin de citer, comme griefs contre le pays de Sarkozy, les positions françaises sur le port de la burka jugées hostiles à l’Islam, la guerre d’Algérie et le soutien à Israël.
Il faut rappeler qu’il s’en était déjà pris à la France en intervenant sur le même sujet en 2006, lorsque le président français avait déclaré que la burka "n’était pas la bienvenue" sur le sol français.
Il est aussi vrai que l’un des objectifs déclarés de la création d’AQMI, née d’un regroupement d’éléments incorrigibles qui ont fait leurs armes aux côtés du FIS algérien, " c’est de frapper la France ". La France a de quoi s’inquiéter.
Pourtant, Sarkozy et ses services de sécurité en ont mis du temps pour s’allier sincèrement aux Etats de la bande sahélo-saharienne dans le cadre d’un front anti AQMI doté de renseignements et moyens nécessaires pour faire reculer ces soi-disant fous de Dieu. Mais aujourd’hui que la menace, qui semblait être du bluff au départ, trouble le sommeil de l’appareil d’Etat français, la France se décide, enfin, à assumer ses responsabilités. Surtout que Sarkozy se trouve de plus en plus pris directement pour cible. " A l’ennemi de Dieu Sarkozy je dis: vous avez raté votre chance et ouvert les portes des troubles dans votre pays", a dit le dirigeant d’Aqmi, Annas al-Chanqiti.
Sous la pression, des mesures de sécurité sont adoptées sur le territoire français, dont essentiellement l’activation du plan antiterroriste " Vigipirate " pour la période estivale.
Mais il s’agira de procéder à une adaptation de posture du plan Vigipirate pour la période comprise entre le 2 août et le 15 septembre, eu égard à "l’amplification de la menace islamiste pesant sur les ressortissants et les intérêts français à l’étranger dans la zone sud du Sahel et dans la péninsule arabique, et considérant que le niveau de cette menace demeure élevé sur le territoire national", tel que l’indiquait une lettre du directeur de cabinet du préfet de police, Jean-Louis Fiamenghi. Vigipirate, dispositif sécuritaire antiterroriste, reste au niveau rouge (avant-dernier de la gradation), mais "les lieux de culte sensibles, les sites touristiques symboliques, les espaces accueillant de grands événements, les grands magasins et les grands centres commerciaux devront faire l’objet d’une vigilance particulière", précise la lettre.
En Afrique, le ministère des Affaires étrangères a souligné mardi "l’entière mobilisation" du dispositif de sécurité français après de nouvelles menaces d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), et affirmé que celles-ci provenaient d’"assassins", avant d’ajouter que "le dispositif, tant pour nos compatriotes résidents ou de passage que pour nos emprises diplomatiques est activé et actualisé en permanence, en fonction de l’appréciation des risques et des menaces’’.
Des dispositions qui viennent s’ajouter aux recommandations de limitation des sorties et mouvements pour les ambassadeurs et cadres français en poste dans les pays de la bande sahélo-saharienne, en plus de la diffusion de fiches "Conseils aux voyageurs" sur le site internet du Quai d’Orsay.
Amadou Baba NIANG