« Je suis Kidalois » : manifeste patriotique dans un Nord-Mali sous tension

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Le slogan lancé pour défendre la République. (DR)

Le Premier ministre malien, Moussa Mara, aurait pu renoncer, comme son prédécesseur Oumar Tatam Ly en novembre 2013, à se rendre le 16 mai à Kidal.

 

 

Il ne l’a pas fait et s’est donc risqué dans une ville du nord où il affirme qu’une « coalition de groupes armés (MNLA, HCUA, Ansar Dine, Aqmi, Mujao, Boko Haram) » l’ont attaqué, jusque dans le gouvernorat pendant qu’il s’y trouvait.

Bilan officiel : 36 morts dont deux préfets, en plus d’une trentaine de personnes prises en otage et libérées le 19 mai. Les autorités maliennes affirment qu’il s’agit là d’une « déclaration de guerre ».

 

 

« Je suis Kidalois »

L’opinion est sous le choc. Alioune Ifra Ndiaye, entrepreneur culturel, patron du théâtre BlonBa et de la chaîne de télévision privée Wôkloni, a lancé une opération de défense du Mali « un et indivisible ».

 

Il a appelé sur les réseaux sociaux ses compatriotes à porter du jaune, l’une des couleurs du drapeau malien, du 22 au 25 mai. Son slogan : « Je suis Kidalois. » Il explique à Rue89 :

« Je ne me sens ni du sud, ni du nord, ni de l’est, ni de l’ouest. Je suis de tout ça. Je me sens donc de Ségou, Sikasso, Kayes, Tombouctou, Kidal. Malien.

La couleur jaune représente la richesse dans le drapeau malien : créativité, diversité, richesse minière, couleur du désert et surtout la couleur qui fait le lien entre le vert et le rouge.

Je ne pense pas qu’une action militaire seulement soit la solution. Mais il faut répondre militairement à des actes comme ceux posés à Kidal samedi. Sinon, la construction de la République et des valeurs qui amènent à la concorde relève d’un processus de dialogue permanent. »

Logique de guerre

Justement, le gouvernement d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) n’a rien négocié depuis son arrivée au pouvoir en septembre 2013. Il a plutôt obtenu au bout de quelques mois la tête de Bert Koenders, le patron néerlandais de la Minusma, parce que ce dernier le sommait de se mettre à la table des négociations avec les groupes armés du nord. Pour Alioune Ifra N’Diaye :

« C’est vrai qu’il y a eu du retard des deux côtés [gouvernement et groupes armés, ndlr]. Mais cela ne saurait expliquer la violence de Kidal, les assassinats perpétrés à Kidal, le refus que les autorités légales du Mali visitent Kidal.

Aucun pays, même très affaibli comme l’est le Mali, ne saurait accepter un tel mépris du cadre républicain. Les dialogues ne doivent pas se faire en dehors du cadre républicain. »

La société civile s’était aussi mobilisée contre la junte après le coup d’Etat de mars 2012. Plusieurs collectifs avaient défendu le retour à l’ordre constitutionnel, qui avait finalement prévalu.

Le dialogue, mais pour négocier quoi ?

Il n’empêche qu’un problème structurel demeure au Mali. Le règlement négocié de la « question du nord » reste difficile, en raison de la logique de guerre qui prévaut. Des renforts de 1 500 hommes ont été envoyés par l’armée malienne à Kidal, tandis que le président IBK a promis le 19 mai le « dialogue » et non la reprise en mains de Kidal par l’armée malienne, tant attendue à Bamako.

Le dialogue, donc, mais pour négocier quoi ? Pas question d’autonomie pour les régions nord, comme le réclame le MNLA. Bamako a expédié en trois jours des « Assises du nord » qui se sont tenues au sud, dans la capitale, fin octobre. Trois jours de palabre éclipsés par l’assassinat des journalistes français Ghislaine Dupont et Claude Verlon à Kidal.

Pour les autorités, la décentralisation est la seule solution. Cette option a déjà été tentée en 1992, lors des précédents accords de paix, sans résultats probants.

La donne est d’autant plus complexe que le MNLA est largement considéré au Mali comme un groupe ultra-minoritaire qui ne représente pas la masse des civils touaregs (toujours réfugiés à l’étranger).

Le MNLA s’est discrédité en raison de ses accointances avec les islamistes et il a été vaincu, en principe, depuis l’opération Serval – même si la France a été accusée d’une certaine bienveillance à son égard…

 

Source: rue89.nouvelobs.com

 

 

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2 COMMENTAIRES

  1. La communication est une science . Elle est enseignée dans de grandes écoles et pratiquées par des grandes agences pour l atteinte de très grands objectifs . Elle est beaucoup plus connue à travers sa partie publicitaire . Cependant sa partie institutionnelle est moins bien perçue . Pourtant c est de cette partie dont a besoin notre pays pour gérer les différents problèmes de communication que sont : la communication gouvernementale sur la stratégie politique d IBK, la communication sur la problématique Kidal : comm interne au Mali et externe au monde, la communication sur les relations avec la France, la Minusma, la comm en direction des partis politiques de l opposition, la comm en direction du pays . Chaque volet doit faire l objet d un objectif bien définit . C est sur cette base que des contraintes à leur réalisation ainsi que les forces et faiblesses seront identifiées pour proposer des actions . Au lieu de cela nous voyons des apprentis com dans des actions désordonnées .

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