En dépit de la libération de l’otage français, Pierre Camatte, qu’est ce qui ne va pas concrètement entre le Mali et la France sur les problèmes d’insécurité dans la bande sahélo-saharienne ? C’est la substance de l’interpellation d’unétudiant adressée au ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Soumeylou Boubèye Maïga. En réaction à la question, le ministre a levé toute équivoque : “il n’y a aucun désaccord entre le Mali et la France sur la question sécuritaire dans la bande sahélienne, loin de là, la France nous appuie…”. C’était à l’occasion de la célébration des journées franco-maliennes.
Une cérémonie à laquelle ont pris part, outre, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, l’ambassadeur de France, Christian Rouyer, l’ambassadeur du Mali en France, Boubacar Sidiki Touré, des professeurs et universitaires. Plusieurs sujets furent abordés au nombre desquels les procédures d’octroi de visa, la réinsertion socioéconomique des migrants. Mais s’il y a une question qui a retenu l’attention des participants, c’est bien celle relative aux rapports que les deux pays entretiennent à propos des problèmes sécuritaires dans la bande sahélo-saharienne. Un étudiant a tenu à rappeler le rôle capital joué par le chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré, dans la libération des otages européens. Il en veut pour preuve celle des otages allemands, autrichiens mais aussi celle du Français Pierre Camatte. En échange de qui le Mali a libéré quatre islamistes. Cependant, en dépit de tous ces efforts consentis par Amadou Toumani Touré, pour l’instauration de la stabilité dans la bande sahélo-saharienne, ses rapports avec la France de Nicolas Sarkozy sur la question souffrent d’un sérieux problème de stratégie, s’interroge cet étudiant. Il sera suivi d’un autre camarade qui demandera au ministre Soumeylou Boubèye Maïga à quand la tenue dans notre pays du sommet sur la sécurité dans la bande sahélo-saharienne ?
Il s’agit, en l’occurrence, de la conférence internationale sur le terrorisme tant prônée par le chef de l’Etat et devant réunir à Bamako les Etats riverains du Sahel et leurs partenaires. Mais qui ne s’est jamais tenue.
Toutefois, nous savons, à titre de rappel, que depuis l’exécution par Aqmi, le 25 juillet 2010, de l’otage français, Michel Germaneau, après l’échec de la tentative de libération menée par les armées française et mauritanienne sur le sol malien, les relations entre Bamako et Paris ont connu une période de flottement. Avant que la confiance ne se rétablisse entre les deux pays.
En réponse à la question qui lui fut posée, le ministre Soumeylou Boubèye Maïga, n’a pas fait dans la dentelle. D’entrée de jeu, il a tenu à préciser qu’entre le Mali et la France, il n’y a aucun désaccord sur les problèmes de sécurité dans la bande sahélo-saharienne. “ La France nous appuie et soutient toute initiative visant à la consolidation de la coopération régionale ” a-t-il laissé entendre.
Soumeylou Boubèye Maïga fera remarquer que ” depuis 2005, le président de la République Amadou Toumani Touré, plaide beaucoup pour la tenue d’un sommet sur les questions de sécurité commune de manière à avoir des actions coordonnées et des réponses communes“. Le ministre des Affaires étrangères d’ajouter: “J’avoue que pour le moment, le sommet ne s’est pas tenu, mais nous avons enregistré beaucoup d’amélioration et d’évolution dans la position des différents pays concernés“. Cependant, au nombre des progrès enregistrés sur le terrain et visant à une coordination des efforts pour combattre le terrorisme, le ministre s’est voulu très expressif “nous sommes parvenus à créer un cadre de coopération régiopnale utile pour pouvoir progresser vers la tenue de ce sommet. Les pays concernés ont pris conscience de la nécessité de mettre leurs efforts ensemble à la fois pour agir sur notre territoire commun et pouvoir ainsi mieux nous articuler sur l’intervention de nos partenaires extérieurs comme la France“. A croire le ministre des Affaires étrangères, de réelles avancées sont, d’ores et déjà, enregistrées sur le terrain. Une réunion à Bamako, deux réunions à Alger, comme pour dire qu’on ne pouvait pas faire mieux.
Dans la foulée, il laissera entendre que tous les partenaires extérieurs sont convaincus que la coopération régionale est fondamentale entre les différents pays de la région pour avancer. Et la France nous encourage sur cette voie et soutient nos actions à la fois au plan national et régional, a précisé le chef de la diplomatie malienne.
Avant de conclure qu’entre le Mali et la France, il n’y a aucun désaccord sur la question.
L’ambassadeur de France au Mali, Christian Rouyer, a rappelé les relations anciennes qui existent entre les deux pays.
La France, fera t-il remarquer, soutient tous les efforts qui peuvent favoriser la coopération régionale entre les pays sahéliens concernés par ce problème. En clair pour l’ambassadeur français, “la France est aux côtés des pays de la bande sahélienne et l’a déjà prouvé récemment en prenant part à la conférence qui s’est tenue à Alger “. Christian Rouyer est formel “il nous faut une coopération opérationnelle sur le terrain et qu’on puisse dépasser le poids des mots et de la parole “.
“Les problèmes qui peuvent exister sont comme des arbres qui ne doivent pas cacher les relations mutuelles que nous avons ” a déclaré l’ambassadeur français. Qui s’empresse d’ajouter qu’en 2012 auront lieu des élections générales en France et au Mali et que quels que soient les régimes dans les deux pays, la coopération continuera et sera la même.
Alassane DIARRA