Soumeylou Boubèye Maïga, au Forum des femmes de l’ASMA-CFP : « Nous ne laisserons personne tirer un gain politique personnel de cette tragédie »

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Soumeylou B Maiga
Soumeylou B Maiga, ex-ministre de la Défense et des anciens combattants

Après son départ du gouvernement, Soumeylou Boubèye Maïga a fait sa première apparition publique le 31 mai dernier au cours du forum organisé par les femmes de son parti.

 

 

L’organisation de ce forum des femmes s’inscrivait dans le cadre des activités liées au 1er anniversaire de l’ASMA-CFP il y a un an, précisément le 19 mai dernier. Le thème choisi pour ce forum était : ‘’rôle et place des femmes dans le processus de la paix, de la réconciliation et de la prévention de conflits’’. Outre les militantes du parti organisateur, plusieurs autres femmes leaders comme Mme Seck Oumou Sall, Mme Dembélé Ouleymatou Sow avaient effectué le déplacement.

 

 

C’est un Soumeylou Boubèye Maïga visiblement serein qui a pris la parole devant les femmes de son parti, le 31 mai dernier dans la salle Balla Moussa Kéïta du Centre international des conférences de Bamako. Selon lui, il était question d’organiser depuis janvier 2012 un forum des femmes compte tenu du rôle et de la place de cette couche dans le tissu économique et social du pays. Une bonne patrie de la création des richesses en milieu rural, a déclaré le président de l’ASMA-CFP, repose sur les efforts des femmes. Malheureusement, regrette-t-il, les efforts en milieux rural et urbain ne sont pas toujours récompensés par un plus grand rôle dans la prise de décision au niveau de la sphère institutionnelle.

 

 

Pour Soumeylou Boubèye, les femmes jouent un rôle très important dans le processus de sortie de crise. Ce forum, a-t-il précisé, se tient dans un contexte particulier avec des enjeux importants pour notre pays. Ces enjeux se résument autour de la question de savoir « comment préserver l’unité de notre pays dans le respect de sa diversité ? ». À l’en croire, la crise que le pays traverse depuis 2012 a permis de comprendre que nous sommes un pays uni avec des diversités culturelles, ethniques et territoriales.

 

« L’histoire rétablira les faits »

 

« Nous sommes dans un contexte de guerre permanente parce que dans le nord de notre pays, tout le monde sait qu’il y a là-bas une alliance permanente entre ceux qui sont dans des revendications politiques et ceux qui sont dans le terrorisme et le trafic. Quand j’étais dans mes fonctions précédentes, j’ai toujours rappelé à l’opinion que la partie de notre pays que nous considérons en guerre permanente va de Nara à Tessalit. Sur cette partie-là, chaque fois que nos soldats rencontrent des adversaires, ils le combattent parce que nous-mêmes avons dit que nous sommes en guerre permanente.

 

 

Vous savez, notre gendarme qui est devant la porte, si on lui dit que pendant toute la durée de la cérémonie, il ne faut laisser personne rentrer…c’est ça qu’il va faire. Si quelqu’un veut entrer, il n’a pas besoin de venir nous demander : ‘’est-ce que je dois le laisser entrer ?’’ Il l’empêche. Si ça réussit ou ça échoue, c’est autre chose, mais je n’ai pas à le féliciter parce qu’il a pu l’empêcher d’entrer ou le réprimander parce qu’il n’a pas pu. L’important est de faire ce qu’on lui a dit de faire. C’est pour dire que dans la tragédie qui nous est arrivée, on entend beaucoup de choses. Je suis persuadé que l’histoire rétablira les faits un jour », a-t-il affirmé.

 

 

L’ancien ministre de la Défense et des Anciens combattants estime qu’il faut tirer les leçons. « Quand nous sommes en responsabilité publique, si l’on a l’obsession d’être bien vu tout le temps et partout, souvent on oublie ce qu’on a dit et ce qu’on a fait. Ce n’est pas mon genre. Dans l’action publique, j’ai considéré qu’il y a ceux qui montent la garde et ceux qui cherchent les tribunes. Nous montons la garde quoi qu’il arrive. Vous savez, sous les tribunes, il y a des abris. On peut passer d’une tribune à un abri. La distance n’est pas grande. Ceux qui cherchent les tribunes sont aussi dans les abris. Aussi, ce n’est pas notre genre», a-t-il expliqué.

 

Des communications, des SMS parleront …

 

Le président de l’ASMA-CFP a annoncé que les députés de son parti saisiront instamment leurs collègues de la majorité et des autres groupes parlementaires pour que l’Assemblée Nationale, qui incarne le peuple, mette en place une commission d’enquête. « Je serais prêt à aller témoigner devant cette commission, à mettre à sa disposition toutes les communications, tous les SMS qui ont été échangés parce que nous savons, par nos services et d’autres services, entre des gens et ceux qui sont sur le terrain. En ce comment, ils verront bien qui a échangé avec qui, qui a dit quoi, qui a été le dernier à leur parler, qui a continué à leur parler », a affirmé l’ancien ministre de la Défense.

 

 

Soumeylou Boubèye Maïga pense qu’il ne faut pas se tromper d’enjeux. « L’enjeu est de travailler à l’unité du pays, à une union nationale. », a-t-il déclaré. Il clarifie sa position. « Nous sommes clairement dans le projet pour le Mali. Nous avons soutenu le candidat IBK en un moment où le vent ne lui était pas favorable. Tout le monde peut en témoigner. Nous ne sommes pas dans le camp du Président parce que l’on a su qu’il allait gagner mais nous sommes unis sur la vérité….et nous ne laisserons personne, je dis bien personne imaginer qu’elle peut tirer un gain politique personnel de la tragédie qui frappe le pays. J’entends des choses quelquesfois : soit les gens sont ignorants de ce qu’ils disent, soit il y a une absence d’intégrité intellectuelle. Dans les deux cas, c’est extrêmement grave», a-t-il précisé.

 

 

Selon lui, des milliers d’hommes sont mobilisés pour défendre le pays avec honneur au prix de leur vie. Et « le pays a besoin de plus d’unité politique, de consensus et d’union nationale ».

Par Chiaka Doumbia

 

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