Moins de quarante-huit heures après l’enlèvement de deux français dans une auberge à Hombori, c’était le tour de touristes néerlandais, suédois, et sud-africains, mais surtout la mort d’un Allemand, par balles, suite à son refus d’obtempérer aux injonctions des ravisseurs. Au même moment, nous assistions aux défections, en cascade, de cadres militaires touaregs intégrés dans l’armée malienne (à la faveur des accords issus de la cessation de rébellion des années 90), pour ne pas citer les colonels Baba Ag Moussa, commandant de l’unité spéciale de Kidal, Iyad Ag Ali, etc.
Y-a-t-il un lien entre ces événements ? Difficile de confirmer. Mais il y a des zones d’ombre, notamment autour de l’identité des otages de Hombori. D’abord présentés comme des géologues, ils se sont révélés comme des individus au passé sulfureux, des anciens militaires reconvertis au mercenariat dans les années 90. Le premier, Serge Lazarevic (d’origine hongroise), inquiété en Serbie, aurait, selon la DGSE (Direction Générale des Services Extérieurs), participé au recrutement de mercenaires yougoslaves envoyés combattre au Zaïre (actuelle RDC) pour soutenir le régime de Mobutu contre sa rébellion. Le second, Philippe Verdon, a, pour sa part, été arrêté en septembre 2003 aux Comores pour avoir voulu renverser le pouvoir du colonel Azali Assoumani dans une tentative de coup d’Etat rocambolesque, montée par le commandant Combo, ancien membre de la garde présidentielle, proche de Bob Denard. Ainsi, d’après d’autres sources, les deux français enlevés, non inconnus des renseignements français, auraient pu tenter de jouer leur carte, pour la libération d’otages auprès d’Aqmi.
Ces évènements coïncident avec l’arrivée au Nord-Mali, d’anciens combattants Touaregs de l’Armée libyenne dont une grande partie est d’origine malienne. Le mode opératoire des rapts commis ressemble à la signature d’Al-Qaïda (qui n’a toujours pas réagi), organisation dont on accusait notre pays d’être le complice. Jusque-là, le Mali n’avait pas connu de prises d’otages à l’exception du cas de Pierre Camate dont la libération avait été source de tensions diplomatiques entre notre pays, l’Algérie et la Mauritanie. Le grand et vaste désert malien servait de lieu de détention, à ciel ouvert, après les kidnappings effectués ailleurs (au Niger ou en Mauritanie).
Ainsi, au regard de tous ces évènements sombres que nous venons de vivre ces derniers jours, pourrait-on voir la main « invisible » de l’étranger ? Nos voisins (les autres pays du champ) joueraient-ils au pyromane pour déstabiliser le septentrion de notre pays en le poussant à une remise en cause de sa politique de démilitarisation volontaire des zones du Nord ? Quelles sont les motivations réelles des pays occidentaux impliqués dans la guerre en Libye, en l’occurrence la France, qu’on soupçonne déjà d’être de plus en plus présente dans le septentrion malien avec commandos et hélicoptères ? Quid de l’Algérie ? Autant de questions que l’on est en droit de se poser, vu l’accélération de la dégradation de la situation sécuritaire au Nord-Mali. Sans oublier que la saison touristique venait de démarrer dans notre pays.
Par Gaoussou M. Traoré
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