Sortie de crise : La difficile réconciliation nationale

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Depuis l’accession au pouvoir d’IBK en septembre 2013, la réconciliation nationale est l’une des priorités affichées par ses différents gouvernements. Mais cette réconciliation tarde à prendre forme, car trop d’embûches sur la route de la paix.

Bon nombre d’initiatives prises au nom de la «société civile» ont emboîté le pas à cette volonté présidentielle: caravanes de sensibilisation pour la paix, rassemblements émanant de divers acteurs. Tous semblent vouloir chanter à l’unisson la douce mélodie de la réconciliation. La réconciliation désigne ici les politiques visant à «restaurer une coexistence après une violence ouverte». Si ces initiatives ne sont pas nouvelles au Mali, il semble opportun de se demander si elles pourraient, cette fois, permettre de transformer la société malienne post-conflictuelle en une société paisible dans laquelle les différentes composantes vivraient en harmonie, surtout eu égard au contexte dans lequel le nouveau régime a émergé, ainsi qu’à certaines problématiques auxquelles il est confronté et dont les réponses seront déterminantes pour la réconciliation. Le problème de Kidal est devenu une arrête dans la gorge des Maliens de façon générale et en particulier pour le président IBK. Pour la simple raison que la peur n’a pas disparu, elle a juste changé de camp. Les violences intercommunautaires ne sont  qu’un mauvais souvenir. Des rumeurs récurrentes de la reprise des hostilités sur le terrain entre les groupes d’autodéfense et les rebelles de la coordination des mouvements de l’azawad, ne fait qu’envenimer la situation de ni paix ni guerre dans le septentrion de notre pays. Ces rumeurs sont certainement liées à la présence encore massive des bandits armés dans certaines parties du territoire, toute chose qui fait que les populations de ces zones concernées vivent avec la peur au quotidien. «Pas de réconciliation sans justice». Cette assertion partagée par bon nombre de personnes part d’un principe louable, car il n’est pas sûr qu’une «victime» (encore faudrait-il que l’on soit d’accord sur l’acception à donner à ce terme) puisse tourner la page si ses «bourreaux» n’ont pas expié leurs forfaits. L’enjeu est donc double: réduire le sentiment d’injustice et d’impunité, mais aussi empêcher que cela ne se reproduise par l’effet dissuasif que pourrait avoir la sanction. Mais la justice est-elle possible dans le cadre actuel?  Si l’on doit entendre ici par justice le fait d’infliger une sanction légale à tous ceux qui ont commis des actes répréhensibles contre un individu ou contre la société, pendant une période déterminée, cela paraît difficilement envisageable. Il s’agit d’une simple question de réalisme: le pouvoir de Bamako peut-il vraiment faire face à ces terroristes qui ont du soutien tapi dans l’ombre. Le cas du jeune terroriste  Mohamed Wadoussène en est une parfaite illustration. Si la justice doit souffrir de quelques entorses nécessaires au calme, ces écarts se doivent cependant d’être équitables, car dans un cas comme dans l’autre, il y a des «victimes» qui demandent réparation.

La Commission Dialogue Vérité et Réconciliation qui tarde à voir le jour Cette Commission Vérité et Réconciliation tarde à voir le jour pour accompagner le processus de sortie de crise. En outre, l’on pourrait se demander quel sera l’impact des travaux de la commission sur le processus judiciaire, car si l’une des missions de cette commission consiste à «rechercher la vérité et situer les responsabilités sur les évènements sociopolitiques nationaux passés et récents», la justice malienne n’a pas attendu les résultats de la Commission pour se lancer à la poursuite des coupables.

La réconciliation semble avoir des bases plus solides lorsqu’elle s’appuie sur un pacte négocié. Un tel consensus politique interne se charge de trouver un équilibre entre vérité, justice et pardon, accord certes imparfait, mais vital pour jeter les bases d’une réconciliation acceptée de tous. Alors comment faire pour sortir de cette impasse le plus rapidement possible ? Le pays en a vraiment besoin.

Paul N’GUESSAN

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