Sortie de crise au Mali : Une table ronde des Forces Vives pour dissiper les nuages

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«Le dialogue n’est pas rompu et toutes les parties restent engagées dans le processus»
Abdoulaye Diop, ministre des affaires étrangères

Pour que cette paix ne suscite pas des grincements de dents  de part et d’autre, le gouvernement a organisé  avec ses partenaires, la table ronde des Forces Vives de la Nation. Ce rendez-vous d’une dimension particulière s’est tenu dans la salle de presse du Centre Internationale  de Conférence de Bamako (CICB), le samedi dernier. L’opposition qui avait réclamé ses assises auparavant a finalement décidé de faire la chaise vide.

C’est le peuple malien tout entier sans distinction aucune  qui se mobilise dés que la patrie est en danger. Pour éloigner le spectre de la violence qui hante encore le nord du pays, toutes les composantes de la société malienne  se sont données rendez –vous, le samedi dernier dans la salle de presse du CICB pour discuter de la paix. L’importance de l’événement a mobilisé sept (7) membres du gouvernement, sous la conduite du ministre des Affaires étrangères, de l’intégration africaine et de la coopération internationale, Abdoulaye Diop, chef de file de la délégation gouvernementale aux pourparlers d’Alger.

Par respect pour les principes démocratiques, l’honneur est revenu au chef de file de la majorité présidentielle, Boulkassoum Haidara, de prendre la parole le premier après la lecture du programme par le maître de cérémonie. Il a d’abord rappelé aux uns et autres ce qui a toujours fait la force et la grandeur du peuple malien sous un tonnerre d’applaudissements à savoir le sens du dialogue  entre tous les frères Maliens sans interférence étrangère. Pour cela a –il indiqué,«  ces mêmes forces, au nom du peuple souverain du Mali, invitent les Médiateurs nationaux et internationaux, à tout mettre en œuvre pour ne pas se laisser distraire par une quelconque forme déguisée de fédéralisme ou d’autonomie. En ne franchissant pas ces limites, aucun sacrifice n’est de trop pour parvenir à une paix définitive entre frères et sœurs d’une même Nation héritière d’une civilisation séculaire de brassage culturel ».

Selon le porte-parole de la majorité présidentielle, depuis le 16 juillet début des pourparlers à Alger, la majorité suit de près le déroulement des discussions entre groupes armés et pouvoir de Bamako dans le seul but d’éviter à  notre pays les erreurs du passé avec des accords mal négociés qui ont abouti à la situation tragique que traverse notre pays.

Aussi, l’implication effective des forces vives de la nation dans le processus de négociation s’est traduite par des écoutes de représentants  des communautés directement impliqués  depuis Alger, mais aussi par la restitution tant au niveau régional que national.

Boulkassoum Haidara n’a pas manqué  de saluer la médiation internationale  pour son accompagnement  qui a favorisé l’adoption d’une déclaration « de cessation  des hostilités » et d’une « feuille de route ».  Pour le représentant de la majorité présidentielle, cette médiation internationale a soumis aux parties des éléments d’un accord pour la paix et la réconciliation », puis un « projet  d’accord de paix et de réconciliation au Mali », acceptable pour tous. La majorité présidentielle, au dire de son chef de file, s’est penché sur le projet pendant des semaines pour aboutir à des propositions.

« Une copie du document a été remise au chef de l’exécutif Modibo Keita et son contenu sera porté  très prochainement à la connaissance de l’opinion nationale et internationale », a-t-il promis.

Pour le représentant des syndicats, l’heure n’est pas aux supputations, car il faut plutôt aller à la paix, puisqu’elle n’a pas de prix mais un coup, qu’il faille payer.

L’un des  acteurs des discussions d’Alger, le ministre de l’Action Humanitaire, Hamadoun Konaté  a souligné que la tenue de cette table ronde est l’occasion pour les forces vives  de la nation de donner leurs points de vue sur le projet d’accord avant sa signature définitive, qui devrait intervenir en principe avant la fin de ce mois, sur les bords du Djoliba à Bamako.

Le ministre Konaté a mis à profit, cette table ronde, pour inviter les uns et les  autres à ne pas se heurter par des propos insultants. A sa suite le ministre des Affaires Etrangères Abdoulaye Diop, chef de file de la délégation gouvernementale aux pourparlers d’Alger,  est revenu sur les circonstances qui ont prévalu au choix de l’Algérie, comme chef de file de la médiation internationale.

« Vous vous  souvenez que c’est à la  suite de la visite à Alger du président IBK, les 18 et 19 janvier 2014, que l’idée du processus d’Alger a germé dans les esprits. Et en février 2014, les jalons de la négociation furent lancés  par la mise en place  d’un comité bilatéral  stratégique algéro-malien. Il s’est poursuivi par des contacts informels puis formels avec les groupes armés qui se sont constitués en deux blocs distincts : la coordination des Mouvements de l’Azawad, signataires de la déclaration d’Alger du 9 juin 2014 et les Mouvements d’autodéfense, signataires de la plateforme d’Alger du 14 juin 2014 », a souligné le chef de la diplomatie malienne.

Pour Abdoulaye Diop,  les parties à savoir la coordination, la plateforme et le gouvernement se sont engagées à résoudre pacifiquement la crise de façon pacifique globale et définitive pour que le sang ne soit plus versé. Les parties ont pris cette décision sous l’œil  vigilant  de l’équipe de la médiation internationale composée du Burkina Faso, de la Mauritanie, du Niger, du Tchad, de l’ONU, de l’Union Africaine,  de l’Union Européenne, de la CEDEAO et de l’OCI. Aussi, le ministre Diop a invité les groupes armés à saisir cette opportunité  en faisant preuve de réalisme  et à saisir la main tendue du gouvernement du Mali  qui a fait des offres répondants aux aspirations profondes de toutes les populations du nord  notamment en termes de libre administration  des collectivités et de gestion des spécificités locales. Le ministre Diop a  enfin exhorté les protagonistes à négocier de bonne foi afin que la lumière de la paix éclaircisse sur l’ensemble du Mali qui a tant souffert à cause de ce conflit. A noter que  l’opposition qui a eu  l’occasion de remettre les pendules à l’heure en faisant valoir leur point de vue sur une sortie heureuse de la crise, a encore une fois de plus brillé par son absence. Peut-être une revanche prise sur  les parlementaires de la majorité qui trainent les pieds  pour clarifier le rôle de l’opposition dans notre démocratie.

Badou S. Koba 

 

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