Les conflits meurtriers entre la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) et le Groupe d’Autodéfense Imghad et Alliés (GATIA), membre de la Plateforme, deux groupes armés signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu des pourparlers d’Alger, dans la région de Kidal mettent en péril le processus de paix au Mali. Dépêché par le gouvernement malien dans le Nord du Mali afin de trouver un accord entre les deux protagonistes et permettre, du coup, le retour, dans un futur proche, de l’administration malienne à Kidal, Mahmoud Dicko, le président du Haut Conseil Islamique du Mali, n’est assurément pas encore au bout de sa peine. La preuve : pour une sortie de crise à Kidal, les deux groupes armés ont deux visions diamétralement opposées, voire inconciliables.
Comment l’imam Mahmoud Dicko va s’y prendre pour trouver un terrain d’entente entre la CMA et la Plateforme ? La question vaut son pesant d’or tant le fossé est grand entre les deux groupes armés dans leurs propositions de sortie de crise à Kidal.
Hier mardi 1er aout, Fahad Ag Almahmoud, le secrétaire général du Gatia, au nom de la Plateforme, a exposé, à Gao, à l’imam Dicko, leurs propositions de sortie de crise. Selon lui, les meilleures conditions pour atteindre les objectifs de paix, de cohésion sociale, de vivre ensemble et de sortie de crise en passant par un retour immédiat de tous les combattants aux positions du 28 juin 2017 et l’arrêt immédiat des hostilités sont : la mise en place immédiate de Mécanisme opérationnel de Coordination (MOC) de Kidal dans le format et les conditions prévues par l’Accord d’Alger, l’opérationnalisation des patrouilles mixtes à Kidal, le cantonnement immédiat, la démobilisation et le désarmement des combattants non impliqués dans le MOC et dans les sites prévus à cet effet, le retour de l’installation du gouverneur de Kidal avec toutes les directions régionales des services techniques et sociaux de base, le redéploiement de l’Armée nationale, refondée et reconstituée, la mise en place et l’exécution d’un programme de rencontre inter et intra-communautaire pour régler tous les conflits, prendre part à la gestion politique et administrative de la région de Kidal dont nous nous réclamons conformément aux normes imposées par les mécanismes du processus démocratique. L’exécution concomitante et dans les plus brefs délais de ces conditions (en Août et Septembre), de l’avis de Fahad Ag Almahmoud, apportera certainement la solution idoine à « notre sortie de crise ».
Quid des propositions de la Coordination des Mouvements de l’Azawad(CMA) pour une sortie de crise? Le jeudi 27 juillet dernier, après une rencontre avec le médiateur l’imam Dicko, les ex mouvements séparatistes ont formulés les exigences suivantes : la nomination d’un gouverneur neutre, la mise en place du Mécanisme Opérationnel(MOC) à Kidal avec 200 éléments des FAMAS et 200 éléments CMA sans les éléments du Gatia ni pro Gatia vu la tension actuelle qui persiste, en entendant qu’une solution d’apaisement soit trouvée dans la région de Kidal, la prise en compte des accords d’Alger par l’amendement de la constitution du Mali et le retour aux dispositions du cessez le feu prévues par l’Accord d’Alger signé du 20 juin 2015.
Avec une si grande différence dans leurs propositions de sortie de crise, la tâche s’annonce très rude pour l’imam Mahmoud Dicko, le chef de la commission des bons offices mis en place par l’Etat malien afin de trouver une entente entre la CMA et le Gatia, les deux groupes armés signataires de l’Accord de paix au Mali, qui s’entredéchirent, depuis début juillet, pour le contrôle de la région de Kidal.
Madiassa Kaba Diakité