Les assises nationales sur les trois régions sous occupation du Mali se sont ouvertes hier. Prévues pour prendre fin ce soir, ces assises nationales, une initiative de la Coalition pour le Mali, réunissent plus de quatre cent participants venus de tout le pays. Elles visent à mettre à la disposition de l’Etat, à l’issue des travaux, une série de propositions de sortie de crise.
Pour réunifier le pays, le lassant slogan « le Mali est un et indivisible » ne tient plus. Il faut poser des actes. Cela, la Coalition pour le Mali n’en doute point, lorsqu’elle rassemble à Bamako plus de 250 personnes venues des zones sous occupation et 166 personnes du reste du pays pour cogiter sur la question du Nord. En organisant des assises nationales sur les zones occupées du Mali, elle illustre, aussi, que l’espoir n’est pas encore perdu. En effet, ces assises nationales sont la suite d’une visite de terrain qu’elle a effectuée à Gao, Kidal et Tombouctou, pour prendre contact avec les acteurs locaux. A travers ces assises nationales, la Coalition pour le Mali conçoit une agora de dialogue ouverte aux analyses des forces vives des régions occupées sur le quotidien des populations qui sont restées sur place depuis l’occupation, et de faire des propositions pour retrouver la paix et la stabilité. Une paix et une stabilité légendaires qui ont été ôtées au Mali, voici presque sept mois, de la manière la plus cauchemardesque.
Dans son allocution d’ouverture, le premier vice-président de la Coalition pour le Mali, Tiéblé Dramé, a spécifié, sur le plan chronologique, que du début de la rébellion aux très récentes exécutions sommaires effectuées par les jihadistes, ce sont plus de 450 000 Maliennes et Maliens qui sont devenus des réfugiés ou des déplacés internes et que c’est maintenant plus que jamais que les fils de ce pays doivent prendre leur destin commun en main, pour la réunification. Aux personnes venues des régions du Nord pour la circonstance, il a dit: «La Coalition pour le Mali vous invite à prendre la parole (…). Comment voyez-vous la suite, comment le Mali qui est aujourd’hui au fond de l’abîme peut-il émerger?».
Présent au présidium, l’ambassadeur du Royaume des Pays-Bas a exprimé sa foi en l’avenir du Mali, lorsqu’il a déclaré: «Le Mali a certes perdu deux tiers de son territoire, mais le Mali n’a pas perdu deux tiers de sa dignité». Les témoignages des forces vives des trois régions sous occupation ont suivi la cérémonie d’ouverture. Des témoignages plus pathétiques les uns que les autres et attestant de la gravité du calvaire que nos sœurs et frères vivent depuis plus de deux trimestres, dans la partie septentrionale du Mali. A la lumière de ces témoignages, le constat est tragique : le Mali est réellement coupé en deux et une partie est à la merci des criminels les plus sadiques.
Pourtant, dès les premières heures de l’obtention de sa souveraineté nationale, il y a cinquante deux ans, le Mali a prôné sa devise ternaire «un Peuple, un But, une Foi». Pour instaurer solidement une unicité concrète qui honore parfaitement les Maliennes et les Maliens dans leur pluralité, le Mali avait mis les moyens politiques et économiques qu’il fallait, pour éviter ce que nous vivons aujourd’hui. Tel un écorché vivant, c’est comme cela que le Mali se trouve aujourd’hui. Et ces assises nationales devront mettre à la disposition des gouvernants, dès ce soir, des propositions concrètes de sortie de crise élaborées par ceux que cette sombre page de l’histoire du Mali a fortement inspirés.
Rokia Diabaté