Situation sociopolitique au Nord du Mali : Quelques pistes de solution pour ce problème à répétition

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Deux habitantes d'une localité du nord du Mali. AFP
Deux habitantes d’une localité du nord du Mali.
AFP

Après avoir rappelé un peu la genèse de cette situation sociopolitique au Nord du Mali, nous tenterons de donner certaines pistes de solution pour endiguer complètement ce problème à  répétition. Il s’agit des solutions d’urgence, des solutions à moyens et à long terme.

En effet il n’est un secret pour personne aujourd’hui pour sortir de ce désastre chronique, la sécurité est la première demande dans les régions du Nord.  En fait il s’agit simplement de la construction de force de défense et de sécurité qui seront dévolues à la protection de tous les maliens. Et cela passe nécessairement par le rétablissement des principes de base du traitement égal pour tous les citoyens. En plus de cette mesure sécuritaire, il faut trouver la solution humanitaire. Il s’agit de tout faire pour permettre du retour des déplacés et des refugiés sur leurs sites d’origine. Ce qui permettra de consacrer sans doute la normalisation.  Ce retour doit se faire accompagner de la viabilisation des différents sites tels que l’eau et des mesures pour permettre aux communautés de revivre ensemble des forums et discussions entre les infrastructures communautaires. Le repeuplement de l’espace qui sera réalisé par le retour des refugiés et déplacés est aussi un appui à la sécurité car les sources humaines sont les meilleures sources d’informations.

Recourir à l’administration locale

Une fois ce problème résolu, des mesures à moyen et à long terme doivent être pris pour stabiliser le Nord du Mali. Parmi ces moyens, il existe des mesures ponctuelles et des mesures structurelles. Comme on le sait le Nord du Mali est aujourd’hui un ensemble d’ilots de tensions qu’il faudrait éteindre durablement. Parmi ces tensions, il y a d’abord le trafic de drogue. Une activité hautement lucrative exercée par des barons qui ont constitué des milices pour sécuriser leurs activités. Du coup les conflits entre les différents barons de la drogue qui sont toujours violents débordent très vite sur des affrontements intra et intercommunautaires. Ces barons de la drogue sont infiltrés par les plus hautes sphères de l’Etat rendant impossible toute décision de justice créant ainsi des profondes frustrations au sein des populations. A titre d’exemple, les affrontements récents dans le secteur Tarkint-Tobankorte ne sont que des conflits pour le contrôle du point de passage d’Inkhalid. La seconde tension tire sa source dans les affrontements entre l’ARLA composée d’Imghad et le MPA composé d’Ifoghas  dans les années 1993-1994. A titre de rappel, les Imghads ont créé un mouvement armé dénommé Armée révolutionnaire pour la libération de l’Azawad(ARLA) dirigé  par Abdrahamane Galla, El Hadj Ag Gamou et Sidi Mohamed Ag Ichrach. Ce mouvement avait pour objectif entre autre de mettre fin à la suprématie des Ifoghas dans l’Adrar. Et très vite il croisait le fer avec le Mouvement populaire de l’Azawad(MPA) dirigé par Iyad Ag Ghali en 1993. Ces affrontements se terminèrent en Octobre 1994 par la victoire du MPA qui a bénéficié du soutien logistique, financier et humain de la part de l’Armée malienne. Mais suite aux attaques des casernes de Ménaka, Kidal et Tessalit en juin 2006, Amadou Toumani Touré, président de la république d’alors fit appel à El Hadj Ag Gamou pour mettre aux pas les Ifoghas. Du coup le conflit Imghads- Ifoghads se voit relancé et largement amplifié par l’immixtion des différents gouvernements du Mali. Aujourd’hui il y a lieu en laisser la gestion de ce conflit entre ces deux communautés de Kidal à l’administration locale et aux structures locales de médiation.

Renforcer les pouvoirs des chefs traditionnels

Donc une refondation de l’Etat est sans doute nécessaire pour mettre définitivement fin à cette crise chronique. Cela passe par le renforcement des pouvoirs locaux qui ont été affaibli par les gouvernements successifs du Mali. Ainsi sous la 2e république, l’administration a été érigée en science et non en art c’est-à-dire l’administration planifie, décide en ignorant les pouvoirs locaux à savoir les chefs traditionnels. Du coup ces derniers se sont retrouvés décrédibilisés et la société a perdu une grande partie de ses repères. Conséquence directe, l’administration s’est coupée de ses relais. La décentralisation avec ses pouvoirs locaux a fini de déstructurer les pouvoirs traditionnels par l’émergence de nouveaux leaders produits des combinaisons politiques le plus souvent avec très peu de légitimité. Pour sortir de cette crise, le nouvel Etat doit être l’émanation des populations et non une excroissance chargée de les contrôler voire les oppresser. Et pour se faire l’élection du maire au suffrage direct pourrait apporter une correction aux déviances du scrutin indirect et permettre l’émergence des leaders locaux crédibles. Enfin les influences extérieures notamment les forces onusiennes et françaises jouent un rôle dans l’évolution dans le conflit entre les différentes communautés vivant dans le Nord du Mali. Cela semble évident lorsque Serval dans sa première phase d’intervention de Janvier 2013 à Mars 2014 a obligé les différents mouvements à l’exception du MNLA à cantonner leurs forces à la lisière du Sahara dans la région de Tombouctou et dans l’Adrar des Ifoghas dans la région de Kidal. Et très vite l’enclave de Kidal est devenue symbolique et a cristallisé toutes les tensions et en aucun moment le gouvernement du Mali n’a cherché une solution négociée pour pacifier la dite enclave. Au contraire pour les différents gouvernements, la seule solution acceptable est la solution militaire. Or Kidal est loin de représenter le Nord du Mali encore moins la communauté Touareg. C’est dire que la fixation autour de la capitale de l’Adrar des Ifoghas illustre bien  les passions et le peu de discernement dont font preuve nos gouvernements dans la gestion de la question touareg.

Moussa Bamba

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