Le Président de la République, chef suprême des Armées, s’est adressé aux Forces Armées et de Sécurité à l’occasion de la Fête du 20 Janvier. C’est un véritable plaidoyer pro domo que cette allocution-bilan, qui a peu traité de la renaissance de la rébellion armée au Nord de notre pays. Lisez plutôt.
Officiers Généraux; Officiers Supérieurs; Officiers; Sous- Officiers; Militaires du Rang des Forces Armées et de Sécurité, notre pays fête, ce 20 janvier 2012, le 51ème anniversaire de notre Armée Nationale. Cette célébration nous convie toujours à un devoir de mémoire et de reconnaissance envers les autorités politiques et militaires, qui ont conduit le Mali à l’indépendance et mis en place une armée nationale et républicaine dédiée à la défense de ses intérêts supérieurs.
Nos pensées vont tout naturellement au Président Modibo Kéita et à ses compagnons de l’US-RDA, ainsi qu’au Général Abdoulaye Soumaré, premier Chef d’Etat-major de notre Armée. Nous associons à cet hommage nos anciens, qui, dans un élan patriotique remarquable, se sont engagés dans la nouvelle armée. Le dévouement et l’esprit de sacrifice sont, entre autres, des valeurs essentielles que nous retenons de leur parcours; celles-ci doivent continuer d’inspirer toutes celles et tous ceux qui ont choisi de servir sous le drapeau national.
En janvier 2003, à l’occasion de la célébration du 42ème anniversaire de l’Armée, j’avais exposé, en ma qualité de Chef Suprême des Armées, ma vision de l’évolution de notre outil de défense et instruit le commandement à accomplir toutes les diligences dans le sens de bâtir l’armée de nos besoins, plutôt que de conserver l’armée de nos habitudes. Je me réjouis, 10 ans après, des actions et progrès accomplis dans les domaines suivants: – l’adaptation constante de l’outil de défense à nos besoins de sécurité, – la formation et la préparation des troupes, – la réhabilitation du matériel majeur – et l’implication toujours plus marquée des Forces armées et de sécurité dans les grands chantiers de développement.
L’adoption d’une loi sur l’Organisation Générale de la Défense et le passage du format Etat-major des Armées à celui d’Etat-Major Général des Armées ont largement contribué à ces résultats. Ils ont favorisé une plus grande opérationnalité, avec un Commandement plus cohérent des Forces et de leurs soutiens, ainsi qu’un déploiement territorial qui renforce la convergence des efforts de Défense militaire et civile. Les ressources humaines constituent le premier potentiel de combat de toute armée. Nous avons eu à cœur, tout au long de la décennie écoulée, de les doter en effectifs et en qualité. De 2003 à nos jours, les Programmes successifs de Recrutement ont permis d’engager près de 14 000 Jeunes dans l’Armée, la Gendarmerie Nationale et la Garde Nationale.
Ce rajeunissement des effectifs s’est accompagné d’une politique volontariste de promotion du genre. 15% des nouvelles recrues sont des jeunes filles. A commencer par le Prytanée Militaire de Kati, la mixité est la règle au sein de toutes les armes et services. Je relève, avec fierté, que nos sœurs servent à tous les échelons et à tous les grades, avec loyauté, dévouement et compétence. Notre pays compte des femmes Général de brigade et Inspecteur général de police. L’exemple du Mali en la matière a inspiré des pays frères et amis. La qualité des hommes et femmes servant dans nos Forces Armées et de Sécurité est indissociable de la qualité de l’enseignement militaire dispensé aux différents niveaux.
Je veux saluer les équipes d’encadrement de nos Centres d’Instruction, de Formation, de perfectionnement, de notre Ecole de Sous- Officiers et de nos Ecoles d’Officiers d’Active. La notoriété des Ecoles nationales est solidement établie hors de nos frontières. Il s’agit de l’Ecole Militaire Interarmes, du Cours Supérieur de Gendarmerie et de l’Ecole Nationale de Police. Les structures de formation à vocation sous-régionale, notamment l’Ecole d’Etat-Major de Koulikoro, l’Ecole Militaire d’Administration de Koulikoro et l’Ecole de Maintien de la Paix ont renforcé la place du Mali dans la formation des Officiers africains, dans un contexte où la recherche de la sécurité collective exige du commandement des actions communes et un savoir-faire partagé. Ces Ecoles symbolisent donc notre engagement en faveur de la paix et de la sécurité en Afrique.
Le rajeunissement des effectifs et l’accent mis sur la formation se sont accompagnés d’une politique volontariste d’équipement dans le cadre de la réhabilitation des matériels majeurs de nos armées. L’acquisition de plus d’une dizaine d’aéronefs de chasse, de transport, de surveillance et d’hélicoptères, de plus d’un millier de véhicules et d’engins blindés, ainsi que de moyens modernes de communication et de transmission ont considérablement amélioré le potentiel opérationnel de nos forces armées. Des ressources importantes ont été mobilisées pour l’amélioration des conditions de vie et de travail du personnel des Forces Armées et de Sécurité. Les actions ont porté sur la réalisation d’infrastructures, notamment: – la rénovation et la construction de casernes militaires, d’infirmeries de garnison, – le relèvement de la grille indiciaire et de la Prime Globale d’Alimentation (PGA), – l’octroi ou l’amélioration des primes et indemnités, – la prolongation de l’âge de départ à la retraite du personnel, – l’insertion des grades de Colonel major et d’Inspecteur général de police, – la levée de la restriction à l’avancement des sous officiers major au grade de sous lieutenant. Au titre de l’habillement et de l’équipement du personnel des Forces Armées et de Sécurité, des ressources financières conséquentes ont été engagées, pour l’achat de tenues militaires qui ont, non seulement permis d’améliorer le port de nos soldats, mais aussi de singulariser l’identité visuelle de chaque corps.
La Nation a consenti tous ces efforts pour mettre les Forces Armées et de Sécurité en capacité d’assurer leur mission cardinale de défense de l’intégrité du territoire national, ainsi que la sécurité des personnes et de leurs biens. Je veux saluer leur engagement sur différents fronts à l’occasion des épreuves que notre pays a traversées au cours des dernières années. Les événements survenus à Kidal, en 2006, ont été un bon révélateur de l’efficacité d’une gestion de crise qui combine la négociation politique et l’initiative militaire sur le terrain. Elle aura permis à notre armée d’imposer la suprématie de la force aux groupes réfractaires au dialogue et de favoriser le retour au sein de leurs communautés de nombreux combattants dans le cadre d’une démarche de paix et de réconciliation.
La consolidation de la paix dans les Régions du Nord du Mali demeure un engagement sécuritaire prioritaire, surtout dans le nouveau contexte marqué par les conséquences de la crise libyenne sur la bande sahélo-saharienne, déjà en proie à une somme croissante de menaces. Le Mali déploie des initiatives dans deux directions. Au plan national, nous avons mis en place le Programme Spécial pour la Paix , la Sécurité et le Développement au Nord du Mali. Le PSPSDN est une réponse immédiate pour faire le lien entre la situation actuelle de risques sécuritaires et la reprise du processus de développement local dans les régions du Nord du Mali.
Il vise essentiellement les communautés de base, les sites de fixation des populations déplacées et les nouveaux pôles économiques à créer notamment autour des villes secondaires. Les Actions du Programme Spécial concourent à une occupation rationnelle de l’espace par l’Administration d’Etat, à une mobilité accrue des services de sécurité en prévention et en intervention, ainsi qu’à un appui au développement des sites stratégiques retenus.
Au plan régional, cette politique nationale est renforcée par un engagement sans équivoque du Mali au sein du Comité d’Etat-major Opérationnel conjoint mis en place par le l’Algérie, le Niger, la Mauritanie et le Mali pour des actions concertées dans la bande sahélo-saharienne. Le CEMOC a déjà à son actif: – l’élaboration et l’adoption des textes juridiques définissant les règles d’engagement de nos troupes pour des opérations conjointes, – la production par le Comité d’Etat-major Opérationnel Conjoint (CEMOC) de plans d’opérations, – la collecte et la retransmission de renseignements opérationnels à travers les différents réseaux de communication mis en place. C’est le lieu de saluer l’assistance technique et matérielle dont nous bénéficions de la part des pays amis et partenaires dans la lutte commune contre les menaces dans cette vaste zone. Leur concours a permis l’émergence, ces dernières années, d’unités de forces spéciales bien entraînées et préparées pour les missions les plus difficiles.
La sécurité des personnes et de leurs biens, ainsi que des axes routiers, a été une constante dans nos choix politiques. Les effectifs de la Police Nationale, avec 4.500 nouvelles recrues ont été significativement renforcés. Des investissements d’envergure ont été consentis dans la réalisation d’infrastructures pour favoriser une sécurité de proximité. Ainsi, de 2002 à 2011, nous avons construit: – 25 Commissariats de police, – 2 légions de Gendarmerie, 3 Escadrons et 30 nouvelles Brigades de Gendarmerie, – 5 Camps de Garde et 19 Pelotons de garde. La mobilité est une dimension importante de toute couverture sécuritaire. L’effort d’équipement a permis de doter la Police, la Gendarmerie et la Garde Nationale d’un millier de véhicules divers et de motos. Nous avons ainsi renforcé leurs capacités à multiplier les patrouilles dans les villes comme à l’intérieur du pays. L’effort dans ce domaine si sensible dans la qualité de vie des citoyens, ne doit guère faiblir.
L’accroissement démographique continu de la ville de Bamako et des autres centres urbains, s’accompagnera d’un défi sécuritaire permanent. Il s’y ajoute les modes d’expression de plus en plus sophistiqués du banditisme et de la délinquance. J’exhorte la Police et la Gendarmerie Nationale à intégrer dans les offres de formation des agents, les nouvelles formes de criminalité, qui s’appuient, pour une large part, sur les Technologies de l’Information et de la Communication.
La sécurité routière est une bataille de tous les instants. Les accidents de la route, par le nombre élevé de morts et de blessés, constituent un problème de santé publique et revêtent un enjeu de sécurité nationale. Les actions entreprises pour endiguer le fléau ont porté sur la sensibilisation à tous les niveaux. Je me réjouis de l’implication de nos chefs religieux dans la dernière campagne médiatique en date, pour promouvoir le port du casque. Parallèlement, l’Etat a concentré des moyens importants sur la prise en charge des victimes de la route.
La Protection Civile a été étoffée en effectifs, avec un peu plus de 900 recrues et ses capacités d’intervention considérablement améliorées. Aujourd’hui, 5 Directions régionales de la Protection Civile et une Direction générale ont été construites, ainsi que 5 Centres de Secours et 6 Postes de Secours. L’effort d’équipement a aussi permis d’acquérir: – 18 Ambulances, – 9 Véhicules Incendie, – et de nombreux engins pour les interventions d’urgence. Je tiens à féliciter les agents de la Protection Civile et ceux de la Santé pour les actions diverses de secours-assistance. La mobilisation des associations de la société civile en faveur de la sécurité mérite également toute notre reconnaissance.
J’adresse mes félicitations et mes encouragements à l’Administration des Douanes, pour les bons résultats en matière de recettes et l’exécution correcte des missions de protection de notre économie, ainsi que de lutte contre la drogue et les stupéfiants. La Direction des Eaux et Forêts a retrouvé sa dénomination première, qui renforce son identité auprès des populations, dont l’apport est déterminant dans la préservation de l’environnement et de notre cadre de vie. Le travail des Personnels de surveillance des Services Pénitentiaires et de l’Education Surveillée doit continuer à mériter toute notre attention. Je salue les contingents du Service National des Jeunes, qui constituent une réserve importante pour nos Forces Armées et de Sécurité. Le Commandement doit explorer toutes voies pouvant nous permettre de valoriser ce potentiel de qualité.
La Fête de l’Armée est un jour d’hommage à nos soldats en mission dans le cadre des opérations de maintien de la paix pour le compte des Nations-Unies et de l’Union Africaine. Cet engagement en faveur de la paix, dont nous tenons le flambeau des forces de la Fédération du Mali, est un des volets de notre diplomatie. Je voudrais, ici, saluer les hommes et femmes, de tous grades et de toutes les armes et services qui ont participé au cours des dix dernières années, à des opérations de maintien de la paix ou Missions d’Observation au Liberia, Sierra Leone, Burundi, Rwanda, République Démocratique du Congo, Soudan et Haïti. J’adresse mes vifs encouragements à ceux d’entre eux qui sont sur le terrain, loin de leurs familles.
Officiers Généraux; Officiers Supérieurs; Officiers; Sous-Officiers; Militaires du Rang des Forces Armées et de Sécurité, le Cinquantenaire de l’accession de notre pays à l’indépendance a été l’occasion pour nos compatriotes, à travers le grand et beau défilé du 22 septembre 2010, de mesurer le potentiel de nos Forces armées et de sécurité. Notre Armée Nationale a acquis de la maturité. Elle s’est affirmée comme un creuset de notre identité nationale, par la diversité de provenance des hommes et femmes qui servent en son sein. Elle a gagné en vitalité, par le recrutement massif de jeunes. Les Forces Armées et de Sécurité se signalent aussi par l’exemplarité de la politique du genre.
Ces mutations prouvent bien que nous sommes résolument engagés, comme je l’ai indiqué tantôt, à bâtir l’Armée de nos besoins, plutôt qu’à conserver l’Armée de nos habitudes. Cette grande ambition exigera de nous la poursuite de la modernisation de l’outil de défense et la consolidation de la discipline, de l’éthique et de la cohésion au sein des Forces Armées et de Sécurité. Ce sont là, des valeurs essentielles que je vous invite à observer en permanence et avec la plus grande rigueur. Vive l’Armée au service de la République! Je vous remercie!