Le président Ibrahim Boubacar Kéita n’est plus prêt à accepter que les rebelles-terroristes du MNLA, Aqmi, HCUA, MAA puissent continuer à dicter leur loi dans la ville malienne de Kidal. Désormais, le Mali va s’assumer, convaincu que les forces internationales manquent beaucoup à leurs responsabilités.
La communauté internationale a beau se justifier dans les événements tragiques que la ville de Kidal a connus le samedi dernier, les autorités maliennes et l’opinion nationale ne peuvent pas s’empêcher de pointer un doigt accusateur sur sa passivité qui a permis à ces rebelles et autres jihadistes de continuer avec les manœuvres jusqu’à vouloir empêcher le Premier ministre d’atterrir sur cette partie du territoire malien.
En s’adressant au peuple malien le lundi soir, IBK l’a dit : “Bien qu’en nombre nettement insuffisant, conséquence de l’application de l’Accord préliminaire du 18 juin 2013, les soldats de l’armée régulière se sont vaillamment acquittés de leur mission de protection de la République et de ses institutions, face à des groupes armés qui, eux, ont mis à profit ledit accord pour reconstituer leurs forces, dans une insolente et incompréhensible liberté de mouvement et de manœuvre”.
Son Premier ministre, Moussa Mara, qui présidait la cérémonie de clôture du 3e congrès de la Ligue des prédicateurs du Mali (Lipma), le lundi l’a aussi dit. Parlant de l’audience que le chef de l’Etat a accordée le lundi aux représentants de la communauté internationale au Mali, Moussa Mara a laissé entendre qu’un message ferme leur a été adressé.
Certainement que les autorités maliennes leur ont craché leurs 4 vérités, comme le Premier ministre l’avait laissé entendre aussi sur les ondes de RFI. Et les autorités maliennes ne sont pas les seules à concevoir la question Kidal de la sorte : l’opinion nationale est convaincue de la part belle que la communauté internationale fait aux rebelles. Ce n’est pas pour rien que le Conseil national de la jeunesse (CNJ) a marché hier lundi sur l’ambassade de France avec des slogans du genre : “La France dehors !”
Ce n’est pas pour rien que des milliers de personnes sont descendues dans les rues à Gao pour dénoncer la complicité entre Serval, la Minusma et les groupes armés. Des accusations qu’une mission diplomatique dépêchée à Bamako par François Hollande a balayées d’un revers de main lors d’un déjeuner de presse à la résidence de l’ambassadeur de France au Mali.
La conseillère Afrique de l’Elysée, Hélène Le Gal, et Laurent Viguié, sous-directeur Afrique de Quai d’Orsay, ont expliqué que l’opération Serval n’a pas vocation à s’impliquer dans les affaires intérieures du Mali et que malgré tout, Serval a apporté un appui à la Minusma dans le cadre de la visite de Moussa Mara à Kidal.
Mais la question qu’on se pose est de savoir comment les jihadistes ont pu prêter main forte aux groupes armés le samedi dernier à Kidal alors que l’opération Serval est là pour combattre cette nébuleuse ?
Dans tous les cas, le président de la République a sonné la fin de la récréation. “Plus jamais, une délégation de l’Etat ne sera prise à partie à Kidal. Je ne laisserai pas ces mouvements armés, certains qualifiés de terroristes, d’autres désignés de manière commode comme rebelles, mais tous, réunis et solidaires à nouveau, comme ils le furent lorsqu’ils perpétraient, ensemble, l’horreur d’Aguelhok, mais tous, de connivence avec le narcotrafic international, je ne les laisserai pas, disais-je, continuer à faire la loi, ni à Kidal, ni dans une autre partie de notre territoire”, a dit IBK dans son adresse à la nation.
Le président IBK de renchérir : “Je vous fais le serment que ces crimes odieux ne resteront pas impunis”.
On peut dire qu’on est déjà sur cette lancée d’autant plus qu’aujourd’hui 1500 soldats maliens sont présents dans la ville de Kidal pour la sécurité des personnes et de leurs biens. Des populations qui restent majoritairement maliennes et pour qui l’Etat veut trouver le cadre approprié de leur développement. “Nous savons que, malgré les gesticulations de ces fauteurs de trouble et de guerre, la région de Kidal compte majoritairement des Maliens qui n’aspirent qu’à la paix, au bien-être et à la considération dont notre politique-phare, la décentralisation poussée jusqu’à la régionalisation, est porteuse”, a déclaré IBK.
Des renforts sont toujours en cours de route notamment l’ETIA Waraba qui a quitté Bamako le dimanche soir pour Kidal.
Parce que comme l’a dit le chef de l’Etat, on ne peut comprendre, ni justifier, l’attitude de ceux qui, après avoir souscrit ou adhéré à l’unité et l’intégrité territoriale du Mali, s’opposent à l’arrivée du chef du gouvernement de la République dans une partie du territoire national.
“On ne peut comprendre, a fortiori accepter, qu’ils s’opposent par la violence, au point d’attenter à leur sécurité et à leur vie, à une mission de hauts responsables de l’Etat ayant pour objet la mobilisation de l’administration locale pour la paix.
On ne peut comprendre, encore moins tolérer que, dans l’environnement socio-politique qui est présentement le nôtre, largement ouvert au règlement politique des différends, et marqué par l’existence d’accords auxquels les uns et les autres ont adhéré, l’on ne puisse pas entamer un dialogue sincère devant déboucher sur un accord de paix définitif et global.
On ne peut comprendre que, précisément au moment où IBK a mis en place un dispositif devant concrétiser cette volonté de paix que j’ai fortement exprimée, et que partage l’immense majorité du peuple malien, des acteurs du processus de paix choisissent la violence comme mode d’expression et décident d’éventrer l’espoir de paix que les Maliens appellent de leur vœu, avec l’accompagnement des organisations régionales et de la communauté internationale”.
“La souveraineté du Mali sur toute l’étendue de son territoire n’étant pas négociable, nos Forces de Défense et de Sécurité en reconstruction assumeront, totalement, les missions que la constitution malienne leur assigne et que les Maliens attendent d’elles”, a prévenu le chef de l’Etat.
Abdoulaye Diakité