Situation à Kidal : Un pas en avant

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Situation à Kidal : Un pas en avant
M. Albert Koenders et Mohamed Ould Abdel Aziz

Le chef de l’Etat mauritanien et président en exercice de l’Union africaine, Mohamed Ould Abdel Aziz a obtenu vendredi, un accord de cessez-le-feu entre l’Etat et les principaux groupes armés du Nord

 

La visite du président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, dans notre pays, jeudi et vendredi a porté ses fruits dans l’évolution de la situation au Nord. En effet, fort d’une double casquette et de président en exercice de l’Union africaine et de chef d’Etat d’un pays du Champ (Algérie, Mali, Mauritanie, Niger), Mohamed Ould Abdel Aziz a réussi la prouesse d’arracher vendredi un accord de cessez-le-feu entre le gouvernement et les groupes rebelles qui sévissent au Nord. Il faut rappeler qu’après avoir passé la nuit à Bamako, le chef de l’Etat mauritanien s’était rendu vendredi à Kidal, ville qui avait été le théâtre de violents affrontements mercredi entre les groupes armées et les forces armées et de sécurité, avant que celles-ci s’en retirent.

 

C’est en compagnie du représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU, Albert Gérard Koenders que Mohamed Ould Abdel Aziz a effectué le voyage vendredi matin à bord d’un hélicoptère de la Minusma. Les discussions  entre le président mauritanien et les groupes armés à Kidal furent longues, mais l’enjeu en valait la peine. Elles ont finalement abouti à la signature d’un accord de cessez-le-feu.

A travers cet accord signé par les responsables du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), formé par des dissidents d’un groupe jihadiste et le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), le président Mohamed Ould Abdel Aziz fait taire les armes pour ouvrir la voie à des négociations inclusives. Négociations qui doivent se dérouler au pays, mais pas nécessairement à Bamako. Elles doivent forcément tenir compte de l’intégrité territoriale et du caractère laïc de l’Etat malien.

Le cessez-le-feu est entré en vigueur dès sa signature vers 16 H 30 par les groupes armés à Kidal, et vers 21H 30 à Bamako par le gouvernement à travers le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, le général Sada Samaké avait précisé le président Mohamed Ould Abdel Aziz.

« Ce qu’il a obtenu est admirable, un cessez-le-feu dont nous avons besoin », a commenté  le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta qui avait reçu la veille au palais de Koulouba, son homologue mauritanien. Il convient de rappeler que le chef de l’Etat avait déjà ordonné mercredi un cessez-le-feu immédiat  indiquant que notre pays est résolument engagé dans un processus de dialogue inclusif.

Que dit l’accord de cessez-le-feu ? En substance, les parties ont convenu de la cessation des hostilités sur toute l’étendue du territoire national ; de revenir à l’Accord préliminaire du 18 juin 2013 pour une reprise immédiate des négociations avec le soutien des Nations Unies et les partenaires régionaux et internationaux.
Ils ont également convenu de la libération des prisonniers dans les meilleurs délais ; de faciliter les opérations humanitaires des Nations Unies et autres partenaires humanitaires ; et de respecter les principes de droit humanitaire en vigueur.
Conformément à l’accord signé, les parties se sont accordées sur la mise en place d’une commission internationale d’enquête relative aux événements survenus, en commençant par Kidal.

Avec la signature de cet accord, la tension devrait considérablement baisser dans la Région de Kidal et le chef de l’Etat mauritanien se pose désormais en acteur important dans les négociations entre le gouvernement et les groupes armés. « Abdel Aziz a montré qu’il était un frère et que nous ne nous sommes pas trompés en lui faisant confiance. Quand nous lui avons fait appel, il est venu, s’est rendu à Kidal, a passé la journée à convaincre nos frères qu’il n’y avait pas d’autre alternative que la négociation. Le seul combat qui vaille est le dialogue et la lutte pour la paix car sans paix il n’y a pas de développement. Son engagement est admirable de sincérité et de franchise», a déclaré le président de la République, en compagnie de son homologue mauritanien dans la soirée de vendredi.
Celui-ci a déclaré que l’accord  ouvrait la voie à de nouvelles négociations qui pourront aboutir au règlement définitif de la crise au nord de notre pays. « Nous tenons à vous informer que nous venons de signer un accord qui ouvre la voix à un cessez-le-feu. Nous sommes optimistes quant à l’avenir pour ramener la paix dans cette région. Cet accord qui a été signé par les trois groupes armées et le gouvernement malien permet aujourd’hui d’aboutir à ce cessez-le-feu qui nous ouvre la voix à des négociations futures tenant compte des accords passés, notamment l’Accord préliminaire de Ouagadougou. Cet accord stipule un certain nombre de points qui vont permettre de stabiliser la région dans un premier temps et sécuriser la zone. Il va nous permettre d’entrer dans une autre nouvelle phase de négociations devant aboutir, souhaitons-le, à une paix durable dans la région. Il est important que le cessez-le-feu entre en vigueur dès la signature par l’ensemble des parties. Vers 16H 30, les parties (MNLA, HCUA et MAA) ont signé le cessez-le-feu. Le gouvernement malien à travers son ministre de l’Intérieur l’a fait à 21H30 à Bamako. Il entre en vigueur immédiatement. Cet accord de cessez-le-feu va nous permettre d’aboutir à une paix durable », a espéré le président de la République islamique de Mauritanie, président en exercice de l’Union africaine, Mohamed Ould Abdel Aziz.

A. M. CISSE

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