Situation humanitaire et solidaire : Les ressortissants de Douentza s’organisent

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Face à la crise sécuritaire et humanitaire qui prévaut dans le nord et qui les frappe durement, les ressortissants du cercle de Douentza s’organisent pour venir en aide à leur parents et amis pris au piège de l’occupation.
Le cercle de Douentza se trouve dans la région de Mopti. Mais tout comme d’autres cercles de cette région, il est sous occupation des rebelles et des jihadistes. Face à cette situation, l’association des ressortissants du cercle de Douentza « Deental » a mis en place un comité de crise (CDC) composé de plusieurs personnalités et sympathisants, chargé de marquer sa solidarité avec les populations victimes de l’occupation, d’initier, mettre en œuvre et accompagner toute action de nature à soulager ces populations, de corriger l’oubli qui est toujours fait de Douentza. Samedi 16 juin, au Cicb de Bamako, « Deental » a tenu un point presse animé par son président Amadou Koïta. L’exercice avait pour objectifs de faire le point sur la situation dans le cercle et de dévoiler le plan d’action du comité de crise.
Avec une superficie de 18 903 km2, quatorze communes rurales et une commune urbaine, le cercle de Douentza est entièrement occupé depuis le 02 avril dernier. Selon le président Koïta, « sa population subit les mêmes attaques et les mêmes exactions. Les conséquences, sur tous les plans, sont également pareilles ». Pourtant, toujours selon l’orateur, un sort différent lui est fait par l’état, les médias, les associations ou organisations civiles ou à caractère humanitaire. D’où l’indignation et le désappointement, le désarroi et l’incompréhension des ressortissants de ce cercle face au traitement parcellaire de l’information et la gestion discriminatoire des conséquences de l’occupation. « Ainsi toutes les aides et mesures d’accompagnement vers les populations des zones occupées ont été décidées et exécutées sans aucune prise en compte du cas du cercle de Douentza »
Les exactions ont commencé dans la zone, le 24 novembre 2011, avec l’enlèvement de deux Blancs à Hombori, où, moins de dix jours plus tard, le 02 février, le chef de village est assassiné, les locaux de la douane, de la gendarmerie, du Cscom, du sous-préfet sont accagés pendant que des animaux sont emportés ou abattus. Du 02 avril, date de l’occupation effective du cercle, à ce jour, les saccages, vols, pillages, destruction et détérioration de biens, rançonnements n’ont pas cessé. La conséquence directe et patente est que les écoles sont fermées ou en difficulté de fonctionnement, de même que les centres de santé, entrainant de nombreux décès dont de femmes en couches. Les services de sécurité ont été remplacés par l’administration et les points de contrôle du Mnla où il faut payer des « taxes » variables selon l’humeur de « l’agent ».
Le CDC se réunit tous les lundis et jeudis, a fixé des objectifs, élaboré une feuille de route, avec une stratégie de mobilisation des ressources autour des trois principaux secteurs que sont la santé, l’éducation et la sécurité alimentaire. Dans le premier secteur, il s’agit d’envoyer sept médecins et sept infirmiers pour couvrir au moins les anciens arrondissements de Hombori, Boni, Mondoro, Boré et N’Gouma, et le centre de santé de référence de Douentza. Actuellement, selon A. Koïta, cinq médecins et quatre infirmiers volontaires sont sur place. Il s’agit également d’envoyer des médicaments et du petit matériel médical, sous l’accompagnement administratif et sécuritaire sollicité du ministre de la santé, de l’ordre des médecins, de la Croix Rouge et du Haut conseil islamique. Concernant le secteur de l’éducation, le Cdc veut faire en sorte que les élèves en classe d’examen soient mis dans des conditions leur permettant de passer les différents examens. Ainsi, il est envisagé d’inscrire les élèves dans les différents établissements de Mopti ou d’ailleurs, de leur rechercher éventuellement des tuteurs (logeurs), ou de faire du lobbying auprès des autorités compétentes pour faire bénéficier à ces élèves les conditions accordées aux élèves déplacés. Mais déjà, après concertation avec les autorités, les élèves seront regroupés sur quatre sites : Boni, Douentza, Boré et Mondoro, où ils reprendront les cours, seront accompagnés et appuyés, pris en charge en nourriture et redéploiement. Quant à l’aspect sécurité alimentaire, une commission d’évaluation des besoins est créée, mais déjà, le Cdc se propose d’envoyer en urgence les denrées disponibles.
Sur d’autres plans, le Cdc intervient, notamment pour l’achat de 5000 litres de gazoil. 25000 litres suivront, offerts par les ressortissants en Guinée équatoriale.
Cheick Tandina

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