Un rapport produit par le Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies (OCHA) en collaboration avec les partenaires humanitaires et publié par le bureau d’OCHA Mali couvrant la période du 28 mars au 10 avril 2013 révèle que l’accès au nord reste limité par la continuité des opérations militaires, la présence des mines et des restes explosifs de guerre et donc une situation sécuritaire qui reste toujours volatile.
Mais, selon nos sources, malgré cet environnement sécuritaire précaire, les acteurs humanitaires continuent leurs opérations là où les conditions le permettent afin de secourir les populations dont la grande majorité souffre depuis un an du fait de la crise.
Les spécialistes de la sécurité alimentaire ont alerté de nouveau sur l’insécurité alimentaire sévère qui prévaut dans les régions du nord.
Les mouvements des personnes affectées par la crise dans le nord se poursuivent à différents niveaux. Tandis que des mouvements de personnes du sud vers le nord ont été observés, de nouveaux déplacements de personnes du nord vers l’intérieur du pays et le Niger ont été aussi rapportés.
Les personnes déplacées internes sont maintenant estimées à 282 548 et le nombre de réfugiés maliens dans les pays voisins à 175,211 par le HCR. La semaine du 1er avril, des milliers de nouveaux réfugiés maliens sont arrivés au Niger selon le HCR.
Le Fonds Central d’Intervention d’Urgence (CERF) géré par OCHA vient d’allouer selon nos sources 16 millions de dollars aux agences des Nations Unies et à leurs partenaires au Mali pour la mise en œuvre des projets vitaux liés aux effets du conflit au centre et au nord du pays.
En dépit de l’instabilité sécuritaire, les activités humanitaires se poursuivent dans les zones accessibles du nord et dans le reste du pays.
Les besoins humanitaires liés à la crise du nord sont devenus plus clairs grâce aux nombreuses évaluations menées depuis janvier 2013. Toutefois, certains secteurs comme la protection, la santé, les abris et la nutrition ont besoin de données complémentaires pour mieux évaluer l’étendue des effets de la crise et renforcer la réponse sous réserve de la disponibilité des ressources, de la sécurisation et l’élargissement de l’espace humanitaire.
En ce début de période de soudure, la situation alimentaire est alarmante dans les trois régions du nord où, selon cluster sécurité alimentaire, le niveau de ‘’crise 3’’ (manque de nourriture sévère) est atteint à Tombouctou, Gao et Kidal. Les districts de Tessalit et Abeibera dans la région de Kidal ont déjà atteint le niveau de ‘’crise 4’’ (vulnérabilité alimentaire extrême). Cette situation devrait s’empirer dans les mois à venir si aucune action immédiate n’est prise pour renforcer l’assistance alimentaire et promouvoir les moyens de résilience des communautés affectées. Cette vulnérabilité alimentaire risque de détériorer la situation nutritionnelle des enfants des zones du nord où des cas de rougeole persistent dans les régions de Gao et de Kidal.
Les mouvements de populations au Mali restent fluides.
Parallèlement à l’amorce des retours vers le nord, de nouveaux mouvements du nord vers d’autres localités du pays et le Niger sont observés. Le HCR estime à environ 5 600 le nombre de réfugiés maliens arrivés au Niger la semaine dernière. Les chiffres sont en train d’être vérifiés au Niger. Selon le HCR, ces nouveaux réfugiés principalement en provenance de Kidal et Ménaka (Gao) ont indiqué que beaucoup d’autres sont en route vers le Niger.
D’après le rapport de l’Organisation Internationale de la Migration publié le 29 mars 2013 concernant les mouvements de population, il y a 8 417 personnes qui ont fait des mouvements du sud vers le nord du Mali dans les régions de Gao, Tombouctou et Kidal ainsi que dans la région de Mopti du 12 janvier au 10 mars 2013.
Les déplacés internes sont estimés à 282 548 par la Commission Mouvement de populations (rapport du 20 mars) tandis que les réfugiés maliens dans les pays voisins (en Algérie, au Burkina Faso, en Mauritanie et au Niger) sont estimés à 175 211 par le HCR au 15 mars 2013. Ce chiffre n’inclut pas les nouveaux réfugiés au Niger mais intègre les 37 530 personnes qui ont fui depuis janvier.
Ainsi, selon les sources, le fond de 16 millions de dollars accordé par le CERF au Mali permettra le démarrage de projets vitaux en attendant que des fonds plus substantiels soient octroyés aux acteurs humanitaires pour la mise en œuvre de projets dans le cadre du plan d’action prioritaire au centre et au nord du pays suite à l’escalade du conflit. Ce financement cible 19 projets qui doivent être exécutés sur une période de six mois dans les secteurs suivants: l’éducation, la santé, la nutrition, la protection, l’eau, l’hygiène et l’assainissement, la résilience, les abris, la logistique et l’alimentation.
L’insécurité persistante continue à perturber les systèmes économiques et la livraison de l’aide humanitaire, avec des impacts négatifs sur la sécurité alimentaire des populations vivant dans le nord.
Dieudonné Tembely