S’il y a une situation à laquelle les Maliens ne comprennent plus rien, c’est bien celle qui prévaut au Nord de notre pays. En l’absence de toute information officielle, les journalistes maliens se rabattent soit sur les sites de certains journaux algériens soit, dans la mesure du possible, essayent de glaner des informations plus ou moins fiables. C’est ainsi qu’il est établi aujourd’hui que Ibrahim Ag Bahnaga fait l’objet d’une sorte de mise en résidence surveillée sur le territoire algérien.
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Le fait peut paraître risible quand on sait que Bahanga est une sorte d’épouvantail aux mains des Algériens qu’ils sortent de leur chapeau à chaque fois qu’ils veulent peser sur le cours des événements dans notre pays surtout dans sa partie septentrionale. Selon nos informations, ce ne serait pas de gaieté de cœur que les Algériens en sont arrivés à « neutraliser » leur pion. Turbulent comme pas deux, Bahanga est du genre à ne jamais rester sur place. Ses agissements dans notre pays et sa quête de faire son marché dans d’autres pays de la bande plus ou moins lointains ont semble-t-il convaincu ses protecteurs de le mettre en résidence surveillée, certainement pour mieux le protéger contre lui-même. Entre temps, des missions aux objectifs les plus flous se lancent dans le désert soit disant pour négocier le sort des otages. Avec les résultats qu’on sait. Selon nos informations, il semble que les Algériens tiennent beaucoup aux otages pour mieux asseoir leur rôle dans la résolution de la crise. C’est ainsi que les Algériens ne souhaiteraient pas que Bahanga remette les otages à quelque émissaire que ce soit. Mieux, ils souhaiteraient même que la remise des otages se fasse en Algérie aux autorités maliennes. Le seul hic : comment mettre la main sur les otages. Sur ce point, Bahanga qui les aurait dispersés en petits groupes sous haute surveillance de ses hommes ne voudrait pas lâcher le morceau. A condition que ces dernières revendications, notamment celles portant sur le retrait des militaires, soient satisfaites. Or, sur ce point, notre bonhomme peut encore courir dans le désert parce que le président de la République a déclaré que, quitte à se résoudre à mener la guerre, il ne serait question de retirer nos troupes qui sont après tout sur notre sol.
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La fermeté du ton du président ATT et sa volonté à ne traiter désormais que dans le cadre des Accords d’Alger même malmenés ont dû surprendre Bahanga et sans doute les Algériens. Ceux-ci n’ont pas été habitués à être chahutés sur leur rôle à la limite de l’ingérence dans nos affaires. Parce qu’il n’est pas évident que eux auraient permis que le Mali héberge, nourrit, habille, arme et soigne un de leurs nombreux terroristes sans qu’ils n’aient songé à des représailles. Ils ont dû se rendre compte que même leurs bouderies, feintes ou réelles, concernant la présence des Américains dans le Nord de notre pays, ne marchent plus. Surtout que, sauf défaillance peu probable de leurs services de renseignements, ils savent que nos soldats investissent chaque jour le terrain. Avec la ferme intention d’en découdre. Ils avancent comme ils peuvent, déminent avec les moyens de bord, réduisant considérablement les manœuvres des troupes de Bahanga sur le terrain.
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Maintenant il faut faire vite parce que la situation n’est pas tenable. Sur le simple plan du climat, à la chaleur torride des mois précédents est en train de se substituer le froid de canard insupportable pour les hommes. Ce qui n’est jamais bon pour le moral des troupes qui pourraient être tentés de s’interroger sur leur présence dans ses contrées loin de leurs familles et pour une cause que beaucoup d’entre eux ne comprennent pas. Il faut faire vite parce que la défection d’un officier supérieur d’origine arabe il y a quelques jours pourrait laisser penser que les Arabes également voudraient être invités à la table des négociations convaincus certainement que « tout ce qui se fait sans toit se fait contre toi ». Ce qui serait une complication supplémentaire dans un dossier qui n’en avait pas besoin. Et puis, malgré le caractère d’oukase de certaines de leurs déclarations, les anciens du Gandakoye pourraient toujours se dire « mais pourquoi pas nous ? ». Pour toutes ces raisons, il faut faire vite. La balle est certes dans le camp de nos autorités, mais c’est à l’Algérie de prendre ses responsabilités vis-à-vis de son poulain Bahanga. Toute autre attitude serait du dilatoire.
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El hadj TBM
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