Situation au Nord du Mali : Qui sont les nouveaux maîtres du Sahel?

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Ils sont les nouveaux maîtres du Sahel. Circulant à bord de puissants 4X4, armés jusqu’aux dents, disposant de moyens de communication sophistiqués et de valises remplis d’euros et de dollars, qui peut les arrêter?
Certainement pas une armée malienne, mal équipée, sous-payée et démotivée. Qui de retraits tactiques en déroutes plus ou moins bien organisées a abandonné en quelques jours seulement la moitié nord du pays.
En attendant l’arrivée éventuelle d’une force militaire ouest-africaine au Mali, pour se substituer à une armée malienne défaillante, passons en revue les troupes des  «nouveaux maîtres du Sahel», qui font trembler les chancelleries occidentales et ouest-africaines.

Ansar Dine
C’est le petit nouveau, mais pas le plus pacifique. Créé début 2012 dans le sillage de la nouvelle rébellion touareg, Ansar Dine (Défenseurs de l’islam, en arabe) a très vite fait parlé de lui, après avoir exécuté une centaine de personnes fin janvier dans le nord-est. De nombreuses victimes ont été égorgées. Une «technique» barbare utilisée notamment par Aqmi.
Début mars, ils postent une vidéo sur le net, on y voit notamment des cadavres de soldats maliens. Et des troupes fanatisées et bien armées. Effet dissuasif garanti. Cette vidéo souligne la maîtrise par ces «fous de Dieu» de la propagande sur le net.
On se doute des effets ravageurs de ces images sur l’armée malienne, particulièrement la troupe, déployée dans la fournaise du Nord, se sentant abandonnée et délaissée par Bamako. La communauté internationale a condamné ces exécutions sommaires, mais n’a pris aucune mesure concrète pour empêcher qu’elles se reproduisent.
Ansar Dine a fait une entrée fracassante sur la scène sahélienne, c’était son but. Après une alliance de circonstance avec les rebelles laïques du MNLA, les islamistes radicaux ont participé à la grande offensive de fin mars. Et ont pris le contrôle total de la ville sainte de Tombouctou.

Ansar Dine, dirigée par l’ex-chef rebelle touareg Iyad Ag Ghaly  et dont les effectifs tournent autour de 250 combattants, est très proche d’Aqmi, dont plusieurs chefs, notamment le redouté Belmokhtar, se sont désormais établis à Tombouctou. C’est la première fois que des combattants de la mouvance d’Aqmi prennent le contrôle total d’une ville.
Le drapeau noir des islamistes flotte désormais sur Tombouctou, qui vit sous le régime de la charia. Si les islamistes radicaux ne sont pas assez nombreux pour descendre sur Bamako, il sera désormais difficile de les déloger de Tombouctou et Gao.

Aqmi
Jamais depuis sa création en 2006, sur les ruines du GSPC algérien, la branche maghrébine (mais de plus en plus sahélienne) d’Al-Qaïda n’avait paru aussi puissante. Depuis ses bases dans le nord du Mali, ses 500 hommes rayonnent dans tout le Sahel, en Algérie et en Mauritanie mais aussi au Niger, sûrement un peu au Tchad et au Burkina Faso.
L’organisation a établi des liens opérationnels avec les «fous de Dieu» de Boko Haram, qui terrorisent tout le Nord du Nigeria, mais aussi avec les Shebab somaliens. Après les trafics divers et variés dans le Sahel, l’enlèvement d’Occidentaux libérés après le versement de millions d’euros de rançon, Aqmi est passée à la vitesse supérieure.
L’argent des rançons, plusieurs dizaines de millions d’euros,  a rempli les caisses et permis d’acheter de l’armement sophistiqué dans le grand supermarché des armes qu’est devenue la Libye d’après-Kadhafi. L’offensive de fin mars dans le nord-est malien a permis aux islamistes radicaux de prendre le contrôle de plusieurs aéroports. Les avions bourrés d’armes ou de drogue pourront y venir en toute quiétude.
Sous pression en Afghanistan et dans les zones tribales du Pakistan, Al-Qaïda cherche un nouveau sanctuaire après la mort de son chef Oussama Ben Laden. Quoi de mieux que le Sahel, voire le Sahara dans son ensemble, qui échappe en grande partie à tout contrôle étatique? De plus cette région regorge de richesses, notamment l’uranium au Niger, exploité par la société française Areva. Et si Arlit tombait aux mains des islamistes radicaux? Les chancelleries occidentales en font déjà des cauchemars.
Mouvement Unicité et Jihad en Afrique de l’ouest (Mujao)
Créé fin 2011, il s’agit d’une dissidence d’Aqmi, composée essentiellement de Mauritaniens et de Maliens. Début mars, elle a signé un attentat à la voiture piégée à Tamanrasset dans le Grand sud algérien, blessant 24 personnes. Une véritable déclaration de guerre à l’armée algérienne mais aussi à toutes les forces armées de la région puisque Tamanrasset accueille le Cémoc (Comité d’état-major opérationnel conjoint) créé en avril 2010 par Alger, Bamako, Nouakchott, N’Djamena et Niamey. Cette structure est restée une coquille vide, les armées de la région étant incapables de coopérer. Mais le symbole était fort pour Mujao.
Le mouvement détient en outre depuis octobre 2010 trois humanitaires occidentaux (espagnols et italien). Il réclame pour les libérer le versement d’une rançon de 10 millions d’euros chacun. Une  somme astronomique, du jamais vu jusqu’ici dans le Sahel, où l’otage occidental se «négociait» deux à trois millions d’euros. Le Mujao fait monter les enchères sur les otages mais participe également aux opérations militaires, notamment à Gao et Tombouctou. Il veut sa part du «gâteau malien».

MNLA
Comparé aux groupes précédents, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) fait presque figure de «gentil». C’est le groupe le plus nombreux (2.000 hommes) mais pas nécessairement le plus percutant sur le plan militaire. Il s’est ainsi fait quasiment déloger de Tombouctou par Ansar Dine…
Contrairement aux partisans du Jihad, le MNLA se revendique laïque. Il ne veut pas prendre Bamako mais créer un Etat touareg, l’Azawad, dans le Nord-Est du Mali, avec pour capitale Kidal. Dirigé par Bilal Ag Acherif et Mahmoud Ag Aghali il dispose d’un site internet moderne, sur lequel il poste ses communiqués. Le MNLA, dont des membres ont fait le déplacement à Paris fin 2011, est la vitrine présentable, moderne, laïque de la rébellion touareg. Mais il semble de plus en plus dépassé par les islamistes radicaux.
Comment tous ces groupes vont s’entendre pour se partager le Nord-Mali? Les islamistes de la mouvance d’Al-Qaïda font peur aux Occidentaux et «polluent» la cause touareg auprès de la communauté internationale. Combien de temps le MNLA et Ansar Dine vont pouvoir cohabiter? Le MNLA va-t-il se replier sur la région de Kidal, laissant Tombouctou et Gao aux «fous de Dieu»? Le MNLA va-t-il collaborer avec la force militaire ouest-africaine et les Occidentaux, notamment les Français, pour combattre les islamistes? Pour l’instant, ces questions restent sans réponse. Mais le Sahel est sans conteste en voie de somalisation rapide. Pour son plus grand malheur.
Adrien Hart, Slate Afrique

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1 commentaire

  1. comme on dit :” y’ a pas de quoi fouetter un malien ” pour si peu …. si les maliens accouchent d’un gouvernement malien crédible et courageux , la situation pourra se régler rapidement négocier avec le mnla et autre rebelles pour séparer le bon du mauvais et le reste des têtes brûlé terroriste le gros de leur effectif et bases se fera carbonisé (peut etre meme avec l’aide des rebelles ) …. mais avant tout étape 1 pour commencer mettre de l’ordre a bamako et choisir un représentant du mali qui pourra faire avancer les choses

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