D’entrée de jeu, le président Keita a indiqué que notre pays se relève d’une grave crise grâce à l’intervention de la communauté internationale. « La France a pris la tête d’une opération internationale qui a permis d’éviter le pire dans lequel une horde d’extrémistes voulaient le plonger », a souligné Ibrahim Boubacar Keita qui a précisé que le pays n’est pas totalement hors de danger car la guerre revêt à présent un caractère asymétrique avec des attaques suicides et des véhicules piégés contre les forces armées maliennes, onusiennes et françaises. « Au nord du Mali, on fouettait les amoureux, on lapidait, on violait les femmes. A Tombouctou, on a détruit les patrimoines culturels universels et les manuscrits qui témoignent de la vitalité intellectuelle de cette partie du pays depuis les temps reculés », a rappelé le président de la République, ajoutant que notre pays revient de l’horreur.
Ibrahim Boubacar Keita a évoqué le processus de dialogue avec les groupes armés en expliquant que les deux parties se sont accordées sur les thèmes de pourparlers qui seront forcément inclusifs. Il a dénoncé l’attitude du MNLA, du MAA et du HCUA de prétendre parler au nom de toutes les communautés du nord. « Il n’est pas question qu’on laisse une minorité déterminer le sort d’un pays », a tranché le président qui a insisté sur le fait que tous les Touaregs ne sont pas en rébellion et qu’il n’y a aucune ségrégation contre une communauté au Mali. Il a battu en brèche les thèses selon lesquelles le nord du pays serait négligé par le gouvernement, expliquant à ce propos que beaucoup de projets financés à coups de milliards de Fcfa ont été lancés dans le nord sans les résultats escomptés. « On ne peut pas développer sans la paix. Comment construire si les chantiers sont attaqués, si les ouvriers sont tués ? C’est pourquoi la seule alternative c’est la paix », dira-t-il. Pour lui, la paix permettra de mettre fin à la récurrence des rébellions et de libérer la zone de tous les trafics qui alimentent les groupes armés en ressources financières.
Sur les pourparlers, le président Keita a été catégorique : pas d’autonomie, pas de fédéralisme. « Nous proposons la régionalisation dans le cadre d’un Etat laïc », a-t-il précisé.
B. T.