Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, a animé jeudi matin une conférence sur la sécurité au Sahel au Centre des études stratégiques et internationales de Washington. C’était en présence de plusieurs membres du gouvernement, de l’ambassadeur des Etats-Unis au Mali, Mme Mary Beth Leonard, et d’une assistance composée essentiellement d’étudiants et de fonctionnaires américains travaillant dans le domaine des relations internationales. La modération était assurée par l’ambassadeur William Bellamy, chef du programme Afrique du Centre des études stratégiques et internationales, qui a, dans son introduction des débats, retracé le parcours du chef de l’Etat.
D’entrée de jeu, le président Keita a indiqué que notre pays se relève d’une grave crise grâce à l’intervention de la communauté internationale. « La France a pris la tête d’une opération internationale qui a permis d’éviter le pire dans lequel une horde d’extrémistes voulaient le plonger », a souligné Ibrahim Boubacar Keita qui a précisé que le pays n’est pas totalement hors de danger car la guerre revêt à présent un caractère asymétrique avec des attaques suicides et des véhicules piégés contre les forces armées maliennes, onusiennes et françaises. « Au nord du Mali, on fouettait les amoureux, on lapidait, on violait les femmes. A Tombouctou, on a détruit les patrimoines culturels universels et les manuscrits qui témoignent de la vitalité intellectuelle de cette partie du pays depuis les temps reculés », a rappelé le président de la République, ajoutant que notre pays revient de l’horreur.
Ibrahim Boubacar Keita a évoqué le processus de dialogue avec les groupes armés en expliquant que les deux parties se sont accordées sur les thèmes de pourparlers qui seront forcément inclusifs. Il a dénoncé l’attitude du MNLA, du MAA et du HCUA de prétendre parler au nom de toutes les communautés du nord. « Il n’est pas question qu’on laisse une minorité déterminer le sort d’un pays », a tranché le président qui a insisté sur le fait que tous les Touaregs ne sont pas en rébellion et qu’il n’y a aucune ségrégation contre une communauté au Mali. Il a battu en brèche les thèses selon lesquelles le nord du pays serait négligé par le gouvernement, expliquant à ce propos que beaucoup de projets financés à coups de milliards de Fcfa ont été lancés dans le nord sans les résultats escomptés. « On ne peut pas développer sans la paix. Comment construire si les chantiers sont attaqués, si les ouvriers sont tués ? C’est pourquoi la seule alternative c’est la paix », dira-t-il. Pour lui, la paix permettra de mettre fin à la récurrence des rébellions et de libérer la zone de tous les trafics qui alimentent les groupes armés en ressources financières.
Sur les pourparlers, le président Keita a été catégorique : pas d’autonomie, pas de fédéralisme. « Nous proposons la régionalisation dans le cadre d’un Etat laïc », a-t-il précisé.
B. T.