La sempiternelle crise au nord du Mali qui continue d’ébranler toute la bande sahélo saharienne, commence à prendre une autre dimension. Le retour des mercenaires déployés sur le front en Libye change spectaculairement la donne. On parle désormais de la création d’une branche politique. Le bouleversant projet cherche encore appui au-delà de nos frontières.
La nouvelle qui circule encore entre les plus hautes autorités, fait déjà trembler les populations de Kidal et des localités nord de notre pays. Ici, le « démon » semble avoir présenté le bout du nez à nouveau.
Le retour de la violence et du grand banditisme à Kidal et environ, ne trompe plus personne. Les mercenaires sont de retour sans être essoufflés, car n’ayant presque pas combattu.
Mieux armés, bougrement enrichis, les combattants de la rébellion, qui étaient en divagation dans la bande sahélo Saharienne avant de se retrouver chez le Guide libyen Mouammar El Ghadafi, sont donc revenus avec un autre visage. Celui de combattants ayant fui le front incandescent de Benghazi, emportant armes et munitions ; avec dans leur besace de faramineuses sommes d’argents perçues comme primes.
Ce redoutable groupe de pression qui n’a cessé de peser lourd sur nos autorités vient de se doter d’un nouveau titre plus pompeux : « Combattant pour la libération de l’Azaouad ».
Cette fallacieuse appellation, donne de nouvelles connotations et de nouvelles orientations au combat d’un mouvement toujours considéré comme une rébellion au Mali et dans d’autres pays dont le Niger et la Mauritanie. Jadis considérés comme de « vulgaires bandits », les guerriers du septentrion de notre pays semblent s’être désormais mieux organisés. Brandissant un drapeau, ils ont visiblement dessiné des frontières virtuelles allant du nord de notre pays jusqu’en Tunisie et en Libye.
Et dire que ces « savants » sont de pauvres rêveurs ? Détrompez-vous.
D’abord, ils se prennent tellement au sérieux qu’ils estiment qu’ils ont un droit naturel de domination sur les autres habitants de l’espace dont il s’attribue la propriété. Quand ils parlent de « frères unis », il ne s’agit pas des peaux d’ébène, cheveux crépus ; mais plutôt de tout ce qui est touareg, tamashek, arabe et assimilés. En clair, il s’agit tout simplement de tous ceux qui sont clairs de peau.
D’ailleurs, l’organisation ainsi en gestation, selon nos sources, bénéficie déjà de certains soutiens politiques dans les milieux diplomatiques européens et même asiatiques.
De Belgique où toutes les combines et actions sont tramées et coordonnées, certaines informations qui nous sont parvenues font croire que les concertations en milieu touareg, tamashek et arabes sont très avancées.
« Nous étions traités de vulgaires trafiquants de drogue et d’armes par les plus hautes autorités du Mali. Personne n’a voulu comprendre la légitimité de notre combat. Aujourd’hui, nous voulons prouver que nous avons des droits que nous ne négocierons avec personne. Il s’agit de notre autonomie et de notre épanouissement », ce discours tenu par un des chefs du futur mouvement, Ali Sahara, (de son petit nom) est sans équivoque sur les motivations réelles de ce groupe de ridicules idéologues.
Mais visiblement, selon un diplomate mauritanien de passage à Bamako, cette idée doit être partie de la fameuse Alliance 23 mai. Un mouvement qui avait disparu de l’espace médiatique depuis la signature des tous premiers accords. Rappelons les membres de cette alliance qui avaient pris langue avec le gouvernement malien est signataire de plusieurs accords de paix mais jamais respectés par la branche radicale du mouvement. Malgré les accords politiques, les attaques ont continué et la paix dans cette zone n’a toujours été que relative.
Doit on voire derrière ce revirement dangereux, la main invisible de frère en détresse ? Les plus hâtifs n’hésitent pas à franchir le pas.
En effet, il est clair que le guide libyen n’a jamais renoncé à son fantasmagorique projet de création de la république de l’Azaouad.
Mais il est difficile et imprudent de lui attribuer ce projet de déstabilisation de notre septentrion qui consiste à rallumer un front à peine éteint.
Abdoulaye Niangaly