Azaz Ag Louda, élu de la région de Gao, et membre de la Plateforme, a, quant à lui, dit que «les groupes armés viennent de signer un pacte d’honneur qui scelle le cessez-le-feu et la paix». Dans la foulée, le général El Hadj Ag Gamou, de la communauté Imghad et Moussa Ag Acharatoumane, de celle des Idaksahak, ont signé, le 15 octobre, un accord en vue «d’œuvrer pour une cessation immédiate des hostilités entre les dites communautés, et d’organiser une rencontre dans les plus brefs délais à Inwelane (zone de Talataye), pour réconcilier entre elles les communautés Imghad, Idaksahak, Araban, Chamanamass, Idourfans et Iboghalitan, de la zone.» Certains estiment qu’en attendant la réconciliation nationale, ces déclarations intercommunautaires sont «à encourager et même à généraliser à toutes les communautés, sur l’ensemble du territoire». Cela permettra sans doute de panser les blessures ouvertes par les divers groupuscules. D’autres pensent que ces ententes se scellent afin de se partager le contrôle du commerce illicite en général, et du trafic de drogue en particulier. Quels que soient la sincérité et le dessein de ces déclarations, personne ne peut occulter que l’insécurité qui règne actuellement et quotidiennement dans le septentrion ne cessera pas de sitôt, car elle est étroitement liée à la présence des groupes prétendument islamistes, auxquels nombre d’acteurs des mouvements signataires de l’Accord pour la paix ont été, ou sont encore, mêlés. La concorde ne pourra régner dans les cœurs que si l’amertume ne s’y installe pas. L’une des nominations, au titre du ministère de la Réconciliation nationale, annoncées par la Primature dans son communiqué du Conseil des ministres du 14 octobre, l’y fait déjà germer. En effet, Madame Nina Wallet Intallou, représentante de la CMA, vient d’être nommée au poste de 1er vice-président de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation. Nul n’ignore que Nina Wallet Intallou a été, dès 2012, une des figures incontournables du MNLA. Elle est membre du Bureau exécutif, et présidente des femmes de ce mouvement séparatiste. Beaucoup se demandent quelle vérité elle prônera puisqu’elle fait partie du problème actuel du Mali. Comment pourra-t-elle être «en posture de servir honnêtement et efficacement la Commission Vérité, Justice et Réconciliation, si l’objectif réel en est une réconciliation véritable ?» Ils ajoutent «qu’elle ne sera pas écoutée dans certains endroits où sa présence même pourrait occasionner des émeutes.»
Cette question de la réintégration et des nominations à des postes importants des acteurs, directs ou indirects, qui ont plongé le Mali dans la crise qui dure depuis plus de 3 ans, ne peut pas être occultée. Les exactions subies ne doivent pas être jetées aux oubliettes. Au Mali comme ailleurs, toute victime a besoin d’être reconnue comme telle. Pour regarder vers l’avenir, la victime, quoiqu’elle ait enduré, a besoin que son bourreau soit jugé, et que le verdict d’un procès équitable soit prononcé. La réconciliation profonde et durable ne peut pas exister tant que l’impunité perdure, car les plaies ne se cicatrisent alors qu’en surface, et le feu continue à couver sous les braises. Paix et justice ne vont jamais l’une sans l’autre.
Françoise WASSERVOGEL
C’est une insulte encore une fois de plus faite aux victimes maliennes. …
Pour me réjouir, je préfère attendre encore la suite de cette accalmie relative. La rébellion nous a attribué malheureusement à ce scénario éphémère. Qu’en sera t il cette fois ? Nul ne le sait. Le temps nous édifiera. Pour ma part il donner du temps au temps. Dansce bbas monde rien n’est éternel, tout a une fin y compris cette guerre dans le nord Mali.
Wait. And See !
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