La République démocratique et fédérale du Tumoujgha. On serait au mois d’avril qu’on aurait cru à un gros poisson d’avril. Mais nous sommes en septembre et nous assistons à la cybercréation d’une République qui est annoncée comme la revendication territoriale et comme le prolongement des crises identitaires qui secouent le Nord de notre pays depuis son indépendance.rn
L’anniversaire de la fête d’indépendance qui s’est déroulé dans une morosité sans pareille a été fortement parasitée par l’annonce via internet de la création d’une République touarègue démocratique et fédérale occupant la moitié de notre pays et les deux-tiers du Niger voisin avec comme capitale Agadez. Quoique frisant le ridicule, cette annonce constitue au moins la preuve que la crise que notre pays connaît dans sa partie septentrionale depuis l’aube de son indépendance n’est pas loin de se calmer et que les derniers soubresauts enregistrés ces derniers jours du fait d’une bande de terroristes dirigés par Bahanga sont à prendre avec sérieux. Ce qui est nouveau dans la crise du Nord, c’est que pour la première fois, elle passe du stade identitaire à la revendication territoriale. En effet, pour ne parler que des rébellions les plus récentes c’est-à-dire celles de l’indépendance aux plus récentes, jamais il n’a été question de revendication territoriale encore moins d’indépendance.
rn
Même les questions d’autonomie ou d’autodétermination ont souvent été avancées avec le maximum de précaution pour ne pas choquer les Maliens viscéralement rattachés à leur pays, à son intégrité territoriale et à sa cohésion. Mais comme depuis au moins deux ans, nous sommes entrés dans une phase fortement marquées par les surenchères, les Bahanga et autres commanditaires se disent que tout est possible. C’est ainsi qu’après avoir opéré une coupure de fait du pays en deux par la pose de mines antipersonnel, ils tentent maintenant de pousser leur « avantage » en revendiquant un Etat avec tous ses instruments de souveraineté : constitution, drapeau, hymne national, etc. Mais le fait qu’il n’y ait personne dernière la dernière supercherie prouve quelque part qu’ils ont peur de leur initiative.
rn
Dans son discours à la Nation le 22 septembre, le président de la République qui est sans doute au courant de cette évolution n’a pas manqué de déclarer avec une certaine fermeté qu’aucun acte portant atteinte à l’intégrité du territoire et à sa cohésion ne sera toléré. Mais concrètement que faudrait-il faire ? Le président a évoqué l’approche régionale de la question qui rejoint quelque peu les initiatives prises par la Libye en direction du Niger également confronté aux mêmes problèmes de terrorisme. La semaine dernière, le président burkinabè, Blaise Compaoré, a envoyé un émissaire rencontré ATT pour s’enquérir de la situation, et certainement pour voir quelle médiation serait possible à partir du Burkina Faso qui est en train de se spécialiser dans la résolution des crises.
rn
Mais hormis cela, il faut déjà reprendre l’initiative par rapport à la résurgence des hostilités dans le Nord. Bahanga qui semble être le maître du jeu doit être mis hors. Ce qui suppose une collaboration franche de tous les acteurs d’état de nuire. Le président ATT a insisté que la crise actuelle sera réglée dans le cadre exclusif des accords d’Alger. En ce moment, il faudra faire vite. La presse internationale a annoncé l’approvisionnement de manière assez conséquente, à hauteur de plus du milliard de francs CFA, des comptes d’exploitation des accords d’Alger. Ce qui pourrait contribuer à asseoir la crédibilité du Mali auprès des autres protagonistes notamment les intégrés qui estiment que les autorités maliennes ne sont pas sincères. Il faudra faire vite avant que la République du Tumoujgha ne devienne un vrai problème avec toutes les implications que cela suppose.
rn
Bassaro Touré
“