Après avoir assisté à la présentation du rapport du secrétaire général des Nations Unies sur la situation de notre pays devant le Conseil de sécurité, le ministre des Affaires étrangères s’est adressé aux membres du conseil.
Le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, séjourne actuellement à New York où il a assisté à la présentation du rapport du secrétaire général des Nations-Unies sur la situation au Mali devant le Conseil de sécurité (voir l’Essor du 5 janvier).
Lors de son séjour, Abdoulaye Diop a été reçu par le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon, vendredi dernier. Le ministre des Affaires étrangères a réaffirmé à cette occasion la détermination des autorités nationales à poursuivre la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger.
Lors de cet entretien, indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères, le secrétaire général de l’ONU a été informé des différentes mesures prises à cet effet, malgré la recrudescence des attaques terroristes. Le chef de la diplomatie malienne a aussi appelé au renforcement des capacités opérationnelles de la MINUSMA et à l’accélération du processus de cantonnement dans le cadre du DDR.
Ban Ki Moon s’est félicité des efforts déployés par le gouvernement du Mali et salué le leadership du président Keïta dans la résolution définitive de la crise malienne. Il a réitéré l’engagement des Nations unies à accompagner le Mali, précise le communiqué.
Le ministre Diop a eu une séance de travail avec le chef du département des opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, avant de s’entretenir avec les ambassadeurs des trois pays africains, membres non permanents du Conseil de sécurité des Nations unies : Sénégal, Égypte et Angola. À tous ses interlocuteurs, le ministre Diop a fait part des préoccupations et des attentes de notre pays.
Pour boucler la boucle, Abdoulaye Diop s’est adressé lundi dernier aux membres du Conseil de sécurité des Nations-Unies.
Dans sa déclaration, indique le communiqué, le ministre des Affaires étrangères a fait trois remarques préliminaires. Primo, il a assuré les membres du Conseil de sécurité de la détermination et de la volonté ferme et « totale » de notre pays à mettre en œuvre les dispositions de l’accord pour la paix et la réconciliation. Abdoulaye Diop s’est réjoui, à cet effet, de la dynamique positive amorcée, ces derniers mois par les mouvements signataires. Secundo, il a déploré la recrudescence des attaques terroristes qui constitue la principale entrave à la mise en œuvre de l’accord. En effet, les groupes terroristes ont réinvesti le terrain agissant désormais à visage découvert pour intimider les communautés. Ils ont aussi étendu leurs actions à des cibles stratégiques, notamment hôtelières comme en attestent, entre autres, les attentas meurtriers au Byblos de Sévaré et au Radisson Blu de Bamako, a-t-il souligné.
La troisième remarque a trait aux avancées significatives enregistrées dans la mise en œuvre de l’accord, malgré les difficultés rencontrées inhérentes à tout processus de cette nature.
L’on se souvient qu’en octobre dernier, lors d’un exercice similaire, la délégation malienne avait entretenu le Conseil de sécurité des actions et initiatives menées par notre pays dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation. Lundi, les uns et les autres ont été informés que ces actions et initiatives se sont poursuivies avec l’appui des partenaires. Un plan d’action, cadre de référence pour la mise en œuvre de l’accord avec un chronogramme et un calendrier précis, a été élaboré et présenté par le gouvernement.
Faisant le point des actions et mesures institutionnelles prises par notre pays a cet effet, le ministre Diop a cité dans le domaine du développement économique, social et culturel, l’organisation conjointe par le gouvernement et l’OCDE en octobre dernier de la conférence internationale pour la relance économique et le développement du Mali. A cette occasion, notre pays a marqué sa détermination à créer les conditions de l’accélération de la croissance à l’échelle du Mali tout entier. Par ailleurs, la stratégie spécifique de développement des régions du Nord du pays a été présentée par le gouvernement qui a annoncé une contribution sur ressources propres de 300 milliards Fcfa pour la période 2016-2018. Le gouvernement a aussi annoncé l’établissement du fonds de développement durable prévu par l’accord. Celui-ci sera doté d’une gouvernance partagée et inclusive et respectera les normes les plus exigeantes en termes de redevabilité et de transparence, a assuré le ministre.
Dans le domaine des services sociaux de base, Abdoulaye Diop a indiqué que plusieurs actions ont été entreprises par notre pays dans le cadre du plan d’urgence humanitaire. Ces derniers mois, souligne-t-il, la priorité a été accordée à la riposte anti-paludisme et à l’éducation. Il s’est réjoui à ce propos de la réouverture des classes à Kidal ainsi que du rétablissement de l’électricité à Kidal et Ménaka, grâce à des groupes électrogènes. A ce niveau, le ministre a déploré le manque de collaboration des mouvements signataires de l’accord, notamment l’occupation de salles de classes qui a légèrement affecté le bon déroulement du processus.
ACCELERER LE CANTONNEMENT. S’agissant du dispositif d’accompagnement, Abdoulaye Diop a expliqué que le comité de suivi et ses démembrements déjà mis en place, tiennent régulièrement leurs sessions. Toutefois, le gouvernement déplore les lenteurs observées et le manque d’efficience dans le fonctionnement dudit comité.
Sur le plan politique et institutionnel, il s’est félicité de la création d’un département ministériel entièrement dédié à la Décentralisation et à la Reforme de l’État et de la mise en place d’un comité de mise en œuvre de l’accord, présidé par le Premier ministre.
Les membres du Conseil de sécurité ont aussi été informés de la mise en place de la Commission vérité, justice et réconciliation ainsi que des différentes rencontres communautaires initiées dans le cadre de la réconciliation. En matière de défense et de sécurité, d’une façon générale, la situation se caractérise par une certaine amélioration grâce, notamment, à la cessation des hostilités entre les parties et à la diffusion de messages d’apaisement et de soutien à l’accord, a indiqué Abdoulaye Diop. La Commission technique de sécurité (CTS) est en place et se réunit régulièrement. Cependant, relève le ministre, le Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) peine à être opérationnel en dépit des ressources mises à disposition par le gouvernement. La Minusma a été invitée à s’impliquer davantage dans cette opérationnalisation du MOC.
S’agissant des commissions DDR, les membres du Conseil de sécurité ont été informés de l’adoption en conseil des ministres, d’un décret relatif à la création, à l’organisation et aux modalités de fonctionnement de la Commission nationale de désarmement démobilisation réinsertion (CN-DDR) et d’un autre décret portant sur la création, l’organisation et les modalités de fonctionnement de la Commission d’intégration (CI). Abdoulaye Diop a attiré l’attention du Conseil de sécurité sur la nécessité d’accélérer le cantonnement et invité la Minusma à jouer pleinement son rôle dans ce processus et amener les groupes armés à coopérer pour la réussite de l’opération.
Concernant les patrouilles mixtes, le gouvernement s’est réjoui de la première opération qui s’est déroulée en novembre dernier. Cependant, on déplore là aussi, le manque de collaboration des membres de la CMA.
Ces progrès ne doivent pas nous faire oublier la persistance d’un certain nombre de défis, en particulier la menace liée à la présence des groupes terroristes au Nord du pays. Cette menace, insiste le ministre, est réelle et constitue le défi principal pour le retour de la paix dans notre pays. Face à la persistance de ces menaces terroristes, Abdoulaye Diop a invité le Conseil de sécurité à envisager dans le cadre de la relecture du mandat de la Minusma, le renforcement de sa capacité opérationnelle en vue de l’adapter au contexte sécuritaire.
Synthèse de
M. A. TRAORE