En soutien aux victimes de l’attentat terroriste contre la base du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) faisant plus de 77 morts et 115 blessés le 18 janvier dernier à Gao et à celles de l’attaque du check-point de Goundam avec 3 morts et 2 blessés, les femmes du cercle, épaulées par les jeunes, ont organisé ce sit-in le samedi 28 janvier dernier. C’était à la Place de l’indépendance, dans le but de protester et condamner ces actes barbares.
Ce sit-in a enregistré la présence du Préfet du Cercle de Goundam M. Karim Coulibaly, du Maire de la commune Mme Seck Oumou Sall, du Président du conseil de cercle M.Talfi Ag Hamma, de la Chargée de la promotion de la femme, de l’enfant et la famille Mariam Bouri Touré, de la Présidente de la CAFO Aissa Abdoulaye Touré, des représentants des Famas et de la Minusma, des élus et des notabilités de la ville. Massivement sortis pour la circonstance avec des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : «Vive la paix au Mali», «Soutien aux Famas et alliés pour le retour de la paix», «Paix au Mali, les Famas s’engagent», «Les femmes et les jeunes pour la paix», les manifestants se sont retrouvés devant la préfecture du cercle de Goundam pour exprimer leur compassion aux victimes. Ils ont unanimement condamné l’attentat meurtrier contre le MOC et affirmé leur soutien indéfectible au gouvernement malien pour le retour de la paix dans le pays. «Le MOC est un maillon fort de l’accord issu du processus d’Alger et Gao est une ville martyre, compatissons avec les survivants», a lancé Mariam Bouri Touré.
«Pour magnifier notre appartenance, notre engagement et notre détermination pour ce beau pays multicolore où toutes les communautés noires et blanches ont toujours cohabité, il est important que les femmes se mobilisent pour dire à leurs frères, leurs fils et à leurs maris de stopper le cri des armes. Nous voulons plutôt entendre des cris de paix et de cœur, des cris qui nous amènent au rassemblement autour d’un idéal et de l’essentiel : le Mali ; autour de nos forces de sécurité, de nos amis de la Minusma, de Barkhane et tous ceux qui sont engagés aujourd’hui pour le retour de la paix au Mali», a déclaré le maire de commune urbaine de Goundam Oumou Sall Seck. Dans leurs différentes interventions, les femmes, à travers leurs représentantes, d’une même voix pathétique ont exprimé leur cri de cœur et appelé à la paix.
Sans paix pas de développement
«J’ai le cœur meurtri et je le partage avec toutes les femmes qui sont épouses, mères et sœurs. Tant qu’il n’y a pas la paix, il n’y aura pas de tranquillité. Toi qui as ton arme sur la route de Tombouctou, dépose-la et viens faire la paix avec nous. Toi qui as ton arme et attends des occasions pour la transporter, dépose ton arme et viens avec nous. Sans paix pas de développement. Le Mali a besoin d’autre chose que de tuerie », a plaidé la coordinatrice des femmes, Fadimata Abba Thina.
La présidente de la CAFO Aissa Abdoulaye Touré, quant à elle, renchérit : «Enfants de Goundam, du nord et du Mali, écoutez la voix d’une femme, celle de votre maman, la mère de l’humanité. Dans cette guerre fratricide et sans discernement qui a fait tant de victimes, de veuves et d’orphelins, faisons ensemble la paix pour l’amour de notre patrie.» Et Oumou Sall d’évoquer sa tristesse : «Nous avons intérêt à nous mobiliser car nous sommes fatigués de voir nos fils tués tous les jours. De Goundam, l’on ne pourrait pas se rendre à Tombouctou, dans le Faguibine, à Tonka ou ailleurs. Nos forces armées et la Minusma ne peuvent pas sortir. Chaque fois qu’un convoi sort, nous les femmes, ne savons pas à quoi nous en tenir. Les femmes sont endeuillées tous les jours par la mort d’un enfant ou celle d’un mari ».
Pour le président du conseil local des jeunes M. Attaher, les jeunes de Goundam et du Mali ne veulent pas la guerre mais plutôt la paix. «Les jeunes sont à la fois victimes et acteurs de la crise. Ce sont les jeunes qui prennent les armes contre leurs camarades ou contre la nation et qui se rebellent très facilement. Donc les jeunes ont un rôle très important à jouer pour le retour de la paix».
Le maire Oumou Sall a annoncé la création d’un mouvement local des femmes et des jeunes pour le retour de la paix dans le cercle de Goundam et au Mali tout entier. «Nous allons partout dans notre cercle pour dire à nos frères armés qui sont à Ber, Gargando, Coigouma, Foita, Léré et ceux qui sont sur les routes, que nous allons venir pour leur dire que nous voulons montrer l’exemple dans ce cercle ». Cette manifestation continuera jusqu’à ce que toutes les femmes sans distinction de Kayes à Ménaka se mobilisent pour aller «là où les armes tonnent. Les routes qui ne sont aujourd’hui fréquentées, nous allons les prendre à la recherche de nos enfants et leur dire que ça suffit.»
Pour le président du conseil de cercle, M. Talfi Ag Hamma, cette initiative des femmes de Goundam qui condamne l’acte terroriste et anti-paix contre le MOC à Gao est à soutenir et à saluer car c’est l’ensemble des maliens dans toutes leur diversité ethnico-culturelle et religieuse qui est atteint. «Les jeunes et les femmes n’ont que trop souffert de cette insécurité à Goundam et ailleurs. Une raison de plus pour compter sur eux pour un engagement aussi élevé que continu pour le retour de la paix, la quiétude et la cohésion sociale dans notre cercle et par extension notre pays et même au delà».
Le Préfet du cercle M. Karim Coulibaly, condamnant ces attaques, a salué les femmes pour leur soutien au gouvernement du Mali et ses partenaires. Il a également appelé la population à une franche collaboration avec les forces armées de défense et de sécurité.
Au cours de ce sit-in, entre émotion et cri de cœur, les tout-petits, ont aussi joint leur voix à travers des poésies pour appeler à la culture d’un havre de paix.
Par A.M.Bangou dit Ecrivain, depuis Goundam