Signature vendredi dernier à Bamako de l’accord d’Alger : IBK rappelle l’ONU à ses responsabilités

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signature-reconciliationjpgL’éclat de la cérémonie a été rehaussé par la présence de plus d’une dizaine de chefs d’Etat et de gouvernement ainsi que plusieurs responsables d’organisations régionales et internationales. A ceux-là s’ajoutent d’anciens hauts dirigeants du pays, des élus nationaux et locaux, des leaders communautaires, etc. L’absence des principaux mouvements séparatistes a néanmoins laissé un goût d’inachevé. La cérémonie a également été l’occasion pour le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, d’asséner ses quatre vérités au représentant du secrétaire général de l’ONU, Hervé Ladsous, chef des opérations de maintien de la paix au niveau de cette organisation.

Signalons que du côté gouvernemental, c’est le chef de la diplomate, Abdoulaye Diop, négociateur en chef lors des pourparlers, qui a signé le document. Il sera suivi des mouvements de la plateforme républicaine (Ahmed Ould Sidi Mohamed pour le MAA-loyaliste, Me Harouna Toureh pour la CMF-PR et Fahad Ag Almahmoud du GATIA). Ceux-ci seront imités par les représentants de deux petits mouvements de la CMA (Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune de la CPA et Pr Younoussa Touré de la CMF-PRII).

Avant l’entrée en scène des représentants des pays et organisations membres de la Médiation internationale. Il s’agit notamment de Ramtane Lamamra, chef de la diplomatie algérienne, Nicole Angéline, ministre de l’action sociale du Burkina Faso, Khadijetou Mbarek Fall (ministre déléguée des affaires étrangères chargée des Mauritaniens de l’extérieur), Aïchata Bourama Kané ( ministre nigérienne de la diplomatie), Aminou B. Wali ( ministre nigérian des Affaires étrangères), Abderahim Ahmed (ministre tchadien de l’Administration du territoire et de la sécurité publique), Mongi Hamdi (Chef de la Minusma), Pierre Buyoya (Union africaine), Kadri Désiré Ouédraogo (président de la commission de la CEDEAO), Djibril Bassolé (OCI), Michel Révérend de Menthon (Union Européenne), la médiation élargie: Annick Girardin (secrétaire d’Etat français à la Coopération et la Francophonie).

Bien que n’ayant pas signé le document, la sous-secrétaire d’Etat adjointe aux Affaires africaines, Bisa Williams, a prononcé une allocution magnifiant la cérémonie et appelant les séparatistes à signer rapidement le document. Il convient de rappeler que lors du paraphe de l’accord le 1er mars dernier, les narco-séparatistes, de retour à Kidal, avaient interprété le fait que les Etats-Unis n’aient pas apposé leurs initiales sur le document comme un soutien à leur position. Ce qui n’est pas le cas, car le pays de l’oncle de SAM s’est dit favorable au processus d’Alger.

Parmi les Chefs d’Etat ayant effectué le déplacement, on peut citer entre autres, le Guinéen Pr. Alpha Kondé, le Nigérien Mohamadou Issoufou, le Burkinabe Michel Kafando, le Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, le Ghanéen John Atta Mills, l’Ivoirien Alassane Ouattara, le Togolais Faure Gnassimgbe, le Rwandais Paul Kagamé, le Zimbabwéen Robert Mugabé, président en exercice de l’Union africaine et l’Algérien Bensalah, président du Conseil de la Nation algérienne, représentant le président Abdel Aziz Bouteflika. La Guinée équatoriale s’est fait représenter par son vice-président, le Sénégal par son président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse.

Au chapitre des discours, on retiendra celui du chef de la diplomate malienne, Abdoulaye Diop a surtout remercié l’accompagnement de la Communauté internationale, particulièrement l’Algérie, qui a permis d’aboutir à cet accord qui préserve les principes fondateurs du Mali, fruit de huit mois d’âpres négociations et cinq rounds de pourparlers.

Abondant dans le même sens, son homologue algérien, Ramtane Lamamra, a dit que l’Algérie ne pouvait faire autrement qu’en mettant à disposition tous les services de son administration pour l’aboutissement heureux de ce processus suite à la sollicitation que le président IBK a adressée à son homologue Bouteflika lors de sa visite à Alger en janvier 2014. Il a rappelé que son pays a conduit les négociations tout en étant très soucieux de préserver l’inviolabilité des principes fondateurs de la République du Mali. Il a enfin salué l’organisation de cette cérémonie qui marque le parachèvement du processus, tout en espérant que les mouvements de la CMA s’inscriront très prochainement dans cette dynamique en vue de mettre fin à l’effusion de sang au nord du Mali.

Au nom des deux mouvements de la CMA présents à la cérémonie, Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune a estimé que sa présence est une réponse à une sollicitation des habitants du nord qui n’aspirent désormais qu’à la paix. Pour lui, ” une chose est de signer la paix, il en est une autre de la maintenir “. Raison pour laquelle, il a appelé à une mise en œuvre rapide du document, laquelle sera impossible sans l’accompagnement de la Communauté internationale. Il a assuré que ” ses autres frères de la CMA “ rejoindront très bientôt le processus. Il a terminé en appelant l’assistance à s’inspirer de la citation du Président Kennedy qui disait : ” L’humanité doit mettre un terme à la guerre ou c’est la guerre qui mettra un terme à l’humanité “.

Un projet de résolution pour sanctionner les ennemis de la paix sur la table du Conseil de sécurité

Au nom des mouvements de la plateforme républicaine, Me Harouna Toureh a indiqué que leur mobilisation est motivée par le souci de mener une lutte pour assurer la légitime défense des communautés vivant au nord du Mali. Il s’est engagé à respecter l’esprit et la lettre de l’accord qui, pour lui, offre des lendemains meilleurs. Il a appelé les éléments de la CMA à faire preuve de courage et de pardon. Enfin, il a salué le rôle de l’Algérie et du Président Boutéflika à qui il a décerné le titre de citoyen d’honneur de la ville de Gao.

L’annonce a été faite par la secrétaire d’Etat française à la Coopération et la Francophonie, Annick Girardin. Elle a révélé que pour donner plus de garanties à ce processus, la France a introduit une Résolution au Conseil de sécurité de l’ONU pour sanctionner ceux qui feraient obstacle à la paix. De quoi resserrer davantage l’étau autour des narco-séparatistes qui continuent toujours à tourner le dos au processus. Bien qu’ayant paraphé l’accord à Alger à la veille de la cérémonie de signature, ils ont clairement indiqué qu’ils ne le signeront pas tant qu’une nouvelle série de négociations ne sera pas ouverte avec le gouvernement malien. Ce qui prouve qu’ils ne sont toujours pas prêts à s’inscrire dans la dynamique créée. Alors, à la Communauté internationale d’activer ses mécanismes pour les contraindre à la signature.

Quand IBK assène ses quatre vérités aux représentants de l’ONU

Le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, ne s’est pas fait prier pour dénoncer la position de l’ONU par rapport à la crise du nord du pays. C’est ainsi qu’il a déclaré à Hervé Ladsous que le Mali a toujours respecté le cessez-le-feu et qu’à chaque fois qu’il a été violé par la partie adverse, les autorités maliennes l’ont signalé sans jamais être entendues. Même s’il s’est dit favorable à ce que l’accord soit ouvert pour permettre aux autres de le signer, il a précisé qu’il ne faudrait pas que cela soit une raison pour prendre le pays en otage.

S’agissant de la demande faite par le Secrétaire général de l’ONU de ne pas profiter de l’accord pour attaquer ceux qui ne l’ont pas encore signé, le président IBK s’est voulu ferme ” le peuple malien a beaucoup accepté, car c’est un peuple digne qui mérite du respect “. Et d’ajouter : ” Nous ne sommes pas des sauvages ni des barbares. Le peuple malien sait ce que veut dire l’hospitalité et l’accueil “. Le président IBK a aussi appelé les plus récalcitrants, Bilal Ag Cherif, Ambéry Ag Rhissa et Alghabass à lui faire confiance en signant l’accord.

Il convient de signaler qu’au regard de cette cérémonie grandiose, c’est assurément une nouvelle page qui s’ouvre pour le Mali. Il ne reste donc plus qu’à matérialiser les engagements pris dans ce document. La Communauté internationale, qui a été largement représentée à cette cérémonie, doit respecter ses engagements d’accompagner le Mali dans cette nouvelle phase.

                                          M DIOP

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