L’avenir politique de la République du Mali se joue cette semaine dans deux capitales africaines. D’abord, à Alger, où la communauté internationale, par des négociations, enterrer le Grand Malade de l’Afrique de l’Ouest, notre pays, le 16 juillet au profit de ses associés du Mouvement national pour la libération de l’Azawad et du réseau Al-Qaïda. Ensuite, à Bamako, où la signature d’un accord militaire avec la France donnera le coup d’envoi du processus de privatisation des armées maliennes. Le silence coupable des Maliens face à ces deux événements de la vie de leur pays est le signe annonciateur d’un fait déjà accompli.
Dans un discours mémorable, tenu le soir de l’incendie de l’Assemblée nationale et de plusieurs édifices de l’Etat ainsi que le saccage du siège de la Coopérative culturelle Jamana, maison éditrice du journal «Les Echos», le 5 avril 1993, le président Alpha Oumar Konaré, qui venait d’échapper à un coup de force, déclarait : «Le Mali tanguera mais ne chavirera pas.» Il tenait ainsi à rappeler un adage daté du XIIIè siècle, gravé dans la mémoire collective malienne grâce aux gardiens de la tradition, les jelis, qui l’évoquent dans les chants chaque fois le Mali traverse une phase difficile de son histoire.
Le président Konaré, malgré les vicissitudes traversées pour arriver à bon port, invitait ses compatriotes et ses adversaires politiques à sauver la patrie menacée. Ce rappel était important, de la part d’un historien, dans la mesure où les Maliens ont tout gagné chaque fois qu’ils sont parvenus à taire leurs divergences et leurs luttes intestines pour faire face à l’ennemi commun. Ainsi, le résultat a toujours été encourageant : le Mali sort uni, solidaire et fort. La guerre de l’Agacher, qui a opposé le Mali au Burkina Faso en décembre 1985, ne nous démentira pas.
Mais, aujourd’hui, cet adage de l’exaltation au patriotisme sonne dans le cœur de la grande majorité des Maliens comme des paroles en l’air. C’est pour cela qu’à quelques jours du dépeçage de notre pays par la communauté internationale à Alger, la capitale algérienne, aucune manifestation digne de ce nom n’a été organisée pour dire aux ennemis du Mali que nous sommes debout sur les remparts, d’où que vienne la menace. Malheureusement, tel ne semble pas être le cas. Les Maliens font comme si le fait était déjà accompli.
A l’exception du MP22, toujours fidèle à ses engagements de défendre le Mali, qui lors de sa conférence de presse tenue le samedi 5 juillet 2014, a dénoncé le complot international contre notre pays et mis en garde les autorités quant à une éventuelle signature d’un accord de défense avec la France.
Dans la capitale algérienne, il sera question de l’intégrité territoriale du Mali. Elle sera mise sur la table des négociations. Ainsi, ces négociations, imposées le 18 juin 2014 à Ouagadougou à notre pays, ressemblent à la conférence de Berlin, où on a mis règle et équerre sur la carte de l’Afrique pour la partager entre les grandes puissances de l’époque. A la seule différence que les Maliens seront présents à la rencontre d’Alger, mais en observateurs avec les larmes aux yeux. Car les dés étant déjà pipés du côté de la communauté internationale qui a rédigé le mémoire de défense des groupuscules aux ambitions obscures au détriment d’un Etat.
C’est toujours en Algérie, pays dont le Mali a mis son territoire à sa disposition pour se libérer du joug colonial français, que la nation malienne perde chaque fois dans des négociations une partie de son intégrité territoriale.
A commencer par les accords de Tamanrasset, signés le 6 janvier 1991 entre le gouvernement malien et les groupes armées. Ces accords prévoyaient déjà la suppression des camps militaires dans certaines parties de notre territoire et la démilitarisation du Nord. Rebelote en 2006. L’accord d’Alger, signé le 4 juillet 2006, stipulait que la sécurité de Kidal devrait être confiée à des ressortissants de cette région. Quoiqu’on dise, l’Algérie est loin d’être un pays ami du Mali.
A Bamako, les autorités maliennes, après plusieurs reports sous la pression populaire, s’apprêtent à signer cette semaine un accord militaire avec la France. Cet accord, avec le Mali, servira de rampe de lancement au processus de privatisation des armées africaines du pré carré français. Quel que soit le nom : accord de défense, accord de coopération militaire, la France détruira les armées africaines par sa présence sur le sol africain. Surtout, les pays qui sont parvenus à bâtir une armée sans son appui. Comme le nôtre qui l’a chassé de ses bases le 20 janvier 1961. Sinon, dans les pays où elle a signé des accords, l’armée n’existe que de nom. Il a fallu l’arrivée de Laurent Gbagbo au pouvoir en 2000 en Côte d’Ivoire pour qu’on voit la naissance d’une véritable armée.
Cette semaine est celle de tous les dangers pour notre pays au regard de ces deux événements. Ça passe ou ça casse. Que Dieu sauve le Mali ! Amen.
Yoro SOW
Continuez avec cette fausse fierté, le reveil sera brutal. Avec ces soi-disantes FAMas qui prennent leur jambe au coup au moindre petit pet on est à l´abri de rien du tout.
Les maliens doivent comprendre que personne viendra construire le Mali a notre place.C'est a la classe,les armees et la securite,les forces vives de la nation d'assumer leur responsabilite pour eviter au Mali la balkanisation.
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