Dans son intervention lors de la cérémonie de vendredi, le chef de l’Etat tenu à remercier l’ensemble de nos compatriotes et des étrangers qui ont œuvré inlassablement pour donner corps à ce document qui devra sceller la concorde dans notre pays. Il n’a pas manqué de réclamer davantage justice et d’équité dans les actions de la mission des Nations Unies
Le texte intégral
Je voudrais rendre grâce Allah de m’avoir permis d’être à la fois témoin et acteur de la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Permettez qu’à l’entame de ce propos, je m’incline pieusement devant la mémoire de tous ceux qui nous ont quittés avec au fond de la gorge une soif de paix inextinguible. A cet instant précis, ma pensée va à toutes les victimes, civiles et militaires, maliennes et étrangères de la crise. A cet égard, je voudrais m’incliner tout particulièrement devant la mémoire des patriarches Intallah Ag Attaher, Baba Ould Sidi Ahmed Kounta, Mohamed Elmedi Ag Attaher. Qui n’ont jamais cessé de clamer leur attachement à la mère patrie.
Oui, mon ami Bajan Ag Hamatou, tu as raison. Digne héritier de Firhoun, le fier guerrier. Ta légitimité historique est avérée. Je crois que nul dans ce pays ne saurait la contester. Que tu sois venu aujourd’hui porter ce témoignage, nous est très sensible.
Je voudrais transmettre la reconnaissance du peuple malien à tous ces chefs d’Etat amis et frères qui en dépit d’agendas très chargés, ont tenu à se rendre à cette cérémonie pour témoigner leur soutien au Mali.
Que de chemin parcouru ! Que l’on me permette un raccourci. Comme on le dit avec euphémisme, en août 2013, quand nous accédâmes au pouvoir, nous eûmes comme ordre du jour, la paix au Mali. Certains grands esprits nous ont raillés en disant que tous les ingrédients sont là pour que cette paix soit la plus lointaine possible. Nous avons toujours cru à des miracles d’Allah. Nous avons la conviction que ce peuple pétri de qualité, peut gagner la bataille de la paix. Bien sûr, nous ne l’avons pas réussi tous seuls. Dès l’abord, la CEDEAO était à nos côtés. Mon aîné Dioncounda est là qui a, le premier, engagé la CEDEAO, ensuite l’ONU. Nous avons pris le relai. Nous l’avons fait à notre rythme.
C’est le lieu de saluer l’accord de Ouagadougou qui nous permet d’être ici aujourd’hui. Lequel accord nous demandait d’engager les négociations sous deux mois. Mais comment le faire sur un terrain non débrouillé.
Quid de la décentralisation que nous avions lancée en 1992. Il fallait faire l’état des lieux. Nous devrions aussi connaître le sentiment des populations au nom desquelles tout le monde parlait. D’où la convocation des Assises du Nord qui nous ont permis de débrouiller le chemin. On a dit que IBK cherche des faux-fuyants, qu’il ne veut pas négocier.
En janvier, nous avons pris le taureau par les cornes. Nous nous sommes rendus en Alger où le président Bouteflika nous a fait le meilleur accueil. Il s’est souvenu qu’il fut l’homme de Gao. Ma demande d’abriter les pourparlers a été agréée. Tout le monde sait la suite. Ramtane Lamamra et son équipe ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour qu’aujourd’hui soit.
En Alger, les nôtres n’ont jamais senti qu’ils pesaient. Ils étaient totalement chez eux. Pour se parler, pour s’estimer et comprendre que ce qui nous divisait n’avait pas la largeur d’une feuille de papier. Président Bouteflika, peuple d’Algérie, merci. L’Union européenne, l’Union africaine, la CEDEAO, merci à tout le monde. Les Nations Unies, merci. Ban Ki-Moon a un grand souci du Mali. Notre dernier entretien date d’il y a quelques jours. Il m’a rappelé les points que Monsieur Hervé Ladsous vient de nous rappeler. Il a insisté sur le dialogue. Ce dialogue a toujours été notre souci. Avons-nous jamais violé le cessez-le-feu, la cessation des hostilités ? Jamais. Pour autant, Monsieur Ladsous, il serait convenable que les Nations Unies fassent preuve de justice et d’équité à cet égard. Chaque fois qu’il y a eu violation de cessez-le-feu, nous l’avons signalé. Rarement, nous avons été entendus. On nous a toujours dit : oui, les parties, les parties. Un peu de respect pour notre peuple. Le peuple du Mali est un peuple de dignité avérée au long des siècles. Un peuple, qui dans les relations internationales, n’a jamais manqué à ses obligations. Pourvu qu’en retour, il soit l’objet d’un minimum de respect.
Le troisième point. Il faut que l’accord reste ouvert à ceux qui n’ont pas encore signé. Bien sûr, nous y sommes favorables. Pourvu que ce ne soit pas une prise d’otage de paix au Mali.
Enfin, le secrétaire général de l’ONU n’avait pas été bref que vous Monsieur Ladsous quand vous avez dit que l’accord ne doit pas être un prétexte pour attaquer ceux qui n’ont pas encore signé. Nous ne sommes pas des gueux. Nous sommes des gens de bonne compagnie. Nous sommes un pays de vieille civilisation. Jamais, nous n’avons failli à nos engagements. L’armée malienne était cantonnée en la ville de Kidal. Il a fallu qu’on l’explique à nos frères de la CEDEAO pour que les gens comprennent quelle situation surréaliste, notre armée vivait en Kidal.
Le Mali a accepté beaucoup. Le peuple malien est à saluer. Mais que nul ne se trompe sur la qualité de sa dignité, sur le sens de sa dignité et de son respect pour les relations internationales.
… suite de l’article sur L’Essor
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