Au terme des quelques heures de concertation entre les mouvements du Nord et les autorités maliennes en Algérie, l’équipe de médiation a publié, samedi, un communiqué dans lequel elle annonce enfin la signature d’un accord de paix. «La médiation souligne que le processus de paix en cours doit se poursuivre de la manière qui puisse consolider les acquis jusqu’ici obtenus. A ce titre, elle invite et engage tous les mouvements politico-militaires parties prenantes à la Déclarations d’Alger du 09 juin 2014 et à la plateforme d’Alger du 14 juin 2014 et/ou toutes les parties signataires de la feuille de route du 24 juillet 2014 à procéder à la signature de l’accord à l’occasion de la cérémonie qui sera organisée le 15 mai 2015 à Bamako à cette fin», indique le communiqué rendu public à Alger par le ministère des Affaires étrangères et relayé par l’Agence de presse Algérienne.
Par ailleurs, la médiation considère que l’Accord comporte «un dispositif robuste» de garanties internationales, de suivi et d’accompagnement, gage d’une application effective de l’ensemble de ses dispositions. C’est pourquoi, elle affirme que «le paraphe de l’Accord par tous les membres de la médiation et d’autres partenaires du Mali, ainsi que le soutien unanime dont il bénéficie au plan international, constituent, en eux-mêmes, un engagement juridico-politique de la communauté internationale en faveur d’une mise en œuvre intégrale des engagements convenus’’.Mais, le jour même de la publication de ce communiqué, les choses n’avaient toujours pas avancé, car la CMA, après s’être entretenue avec l’envoyée spéciale américaine, Bisa Williams, n’a pas souhaité parapher le document. La médiation, selon certaines sources, aurait donc changé de stratégie et tenterait de convaincre chaque mouvement de parapher séparément. En effet, alors que la cérémonie de paraphe était annoncée pour le samedi dernier, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) avait finalement renoncé vendredi soir.Cette dernière subordonne toujours son paraphe à la prise en compte d’un certain nombre d’amendements du document paraphé en mars par le gouvernement et la Plateforme des mouvements d’autodéfense.Pour la Coordination, le point essentiel à introduire dans l’accord porte sur la reconnaissance officielle de l’Azawad comme une entité géographique, politique et juridique.Elle demande aussi que les forces de défense et de sécurité à l’intérieur de l’Azawad soient composées à 80% de ressortissants de l’Azawad, ainsi qu’au niveau des postes de commandement.
La CMA veut aussi l’affectation d’un fonds spécial pour I’Azawad sur le budget de l’Etat à hauteur de 40% sur une période de 20 ans en vue de résorber un retard de plus de 50 ans. Mais sa requête n’a pas eu un écho favorable auprès de la médiation internationale qui, à l’exemple du gouvernement malien, rejette toute idée de rouvrir des discussions autour du contenu de l’Accord. Peut-on encore espérer que la CMA revienne à la raison d’ici à la date de la signature de l’accord, telle qu’annoncée par l’équipe de médiation ? Rien n’est moins sûr, car cette dernière a suffisamment prouvé sa mauvaise foi. Que vaut donc un accord si l’une des parties essentielles aux négociations refuse d’y prendre part ?
Toujours est-il qu’il appartiendra à l’équipe de médiation, donc à la communauté internationale censée être le garant de la mise en œuvre des engagements contenus dans le futur accord de Bamako, de prendre toutes ses responsabilités à l’issue de cette signature, ultime phase du processus de paix.
Bakary SOGODOGO