A la faveur d’un point de presse qu’il a animé, le mercredi 02 septembre 2015, l’écrivain vétéran Seydou Badjan a abordé les conséquences de la spéculation foncière sur l’avenir de notre pays. Selon lui, la population malienne doit être vigilante, sinon des « prédateurs » risquent de compromettre l’avenir du pays.
Pour illustrer les transactions douteuses qui s’opèrent autour des terres dans notre pays et qu’il dénonce, Seydou Bidjan a cette histoire à raconter : « Il y a quelques jours j’ai reçu la visite d’un militaire, un Adjudant avec un Coran en main. Il m’a dit bonjours ‘’père ou grand-père’’, on m’a dit que tout ce qui me ronge le cœur s’il y a un remède, ce remède passe par le vieux qui va vous parler. Il dit que je vous parle les mains sur le Coran, que j’aille en enfer, que je sois brûlé de mon vivant, que je sois humilié, que je sois terrassé, si ce que je dis n’est pas la vérité. Je dis pourquoi tout ça. La zone aéroportuaire appartient à l’Etat. Depuis votre temps de la Première République, les choses se sont passées publiquement. Mais vous savez ce qui s’est passé, cette zone a été vendue en partie en titres fonciers à trois grandes personnalités de notre pays. Quand on leur a dit de dégager, ils ont intenté un procès à l’Etat. L’Etat a perdu et ils ont droit à une indemnité de 60 milliards de Francs CFA. Ils sont trois, imaginez 60 milliards ; il y a un certain temps on leur a payé 21 milliards F CFA. Je suis venu vous voir ; nous avons appris, parce que je suis avec une équipe, que le gouvernement se prépare à leur verser 39 milliards F CFA restant des 60 milliards F CFA. Alors, j’ai dit, avec 60 milliards, il est possible de créer au moins 4 usines de fabrique pour employer 1 200 travailleurs. Avec les effets multiplicateurs d’une usine, 2 000 jeunes gens vont travailler. C’est pourquoi je suis venu vous voir, il y a autres choses mais la grosse affaire je viens de vous l’exposer. Si on ne se lève pas, c’est la mort de l’Etat, la honte, l’humiliation du présent et la mort de l’avenir. Quelques heures après son départ, quelqu’un d’autre est venu me voir pour des histoires de Souleymane Bougou. Alors, j’ai essayé de m’informer, j’ai essayé de téléphoner au ministre Bathily, mais il n’a pas pris mon appel. Je lui ai envoyé un de mes collaborateurs, il n’a pas pu le voir. Mais un autre ministre, celui de l’Urbanisme est venu me voir. Je lui ai parlé de la zone aéroportuaire, il dit ‘’Tonton, non j’ai adressé une lettre au maire du District qui a distribué une partie de la zone aéroportuaire à des individus’’. Je lui ai fait une lettre dans laquelle je lui demande donc de restituer rapidement à l’Etat ce qui lui appartient. Il n’a pas à distribuer ces terres, mais il l’avait fait ; je lui ai même envoyé la liste parce que j’ai été saisi par le ministre des Transports … »
Pour le Vieux Seydou Badjan si les citoyens ordinaires ne se lèvent pas pour lutter contre ceux qu’il qualifie de ‘’prédateurs’’, l’avenir du Mali sera condamné. « J’ai été moi-même une fois ministre des Domaines, mais je n’ai pas cherché des terres, ni pour moi, ni pour un membre de ma famille et ni pour mes amis et proches. J’ai été félicité par mes responsables hiérarchiques à l’époque pour cela » a-t-il dit.
Moussa Dagnoko