Semaine de la paix de Tombouctou : Le processus de réconciliation nationale fait son chemin

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Après le forum régional de Gao, le tour est à la Cité des 333 Saints  de créer les conditions de retrouvaille de ses fils afin qu’ils échangent et dégagent les voies et moyens pouvant conduire à une vraie réconciliation.

 

Durant une semaine, les délégués venus de l’ensemble des Cercles de la région et des pays amis (Algérie, Mauritanie et Niger) se sont retrouvés autour de la réconciliation. Les travaux qui ont commencé le 28 mars et pris fin le 6 avril étaient présidés par le Général Sada Samaké, ministre de la Sécurité intérieure et son homologue en charge de la Décentralisation, Malick Alhousseyni Maiga. C’était au Centre Ahmed Baba de Tombouctou. Toutes les sensibilités de la région ont largement discuté sur le thème central : « La nation malienne se réconcilie avec elle-même ». Pour ne pas rester en marge de ce processus, la jeunesse malienne, à travers le CNJ, a également apporté sa contribution par le biais d’une journée de réflexion.

 

A l’issue des travaux, plusieurs recommandations ont été formulées. Au nombre desquelles, et pour la jeunesse,  il s’agit de former les jeunes dans les domaines de la culture de la paix, la cohésion sociale, le vivre ensemble; la valorisation des corps des métiers en vue de la promotion de l’entreprenariat et l’appropriation des contenus des différents accords signés entre le gouvernement et les mouvements armés. Aussi, les participants ont-ils recommandé de : dépolitiser les fonctions des chefs traditionnels,  mettre en place une agence d’indemnisation des victimes des conflits,  rétablir la confiance entre les communautés,  engager un processus accéléré de développement des régions du nord.

 

Présidant la clôture des travaux, le ministre Alhousseyni Maiga a promis que lesdites recommandations feront l’objet d’une exécution correcte.

 

La boucle a été bouclée par une prière collective dirigée par l’imam Abdrahamane Ben Essayouti de la grande mosquée, Djingarey Ber.

 

 

Benjamin sangala

Ils ont dit :

Abdrahamane Ben Essayouti, imam de la grande mosquée de Tombouctou

Prenant part aux travaux en vue d’une réconciliation véritable, s’est confié à votre fidèle serviteur en appelant à l’union des cœurs et des esprits. Selon l’érudit, l’idée de réconciliation nationale est une bonne chose car, a-t-il poursuivi, l’essentiel est de retrouver la paix qui n’a pas de prix. « Nous prions Allah pour que nos objectifs soient atteints  et que l’évènement soit couronné de succès. » a-t-il souhaité.

 

En conclusion, l’imam a lancé un appel solennel à tous les fils de notre pays afin qu’ils se donnent la main. Pour ce faire, Ben Essayouti en a aussi appelé au don de soi pour bâtir une nation où la cohésion sociale sera une réalité.

 

Oumou seck sall, une victime de l’occupation narco-djihadiste

« J’ai pardonné et j’appelle au pardon… »

La maire de Goundam, Oumou Seck Sall, modératrice de la commission justice et réconciliation à la semaine de la paix de Tombouctou, après ce qu’elle a subi pendant l’occupation : vols et pillages, nous a confié « j’ai pardonné et j’appelle au pardon ». Si je n’avais pas pardonné, je n’allais pas m’inscrire dans une dynamique de réconciliation a t- elle martelé. Pour elle, la réconciliation passe forcement par le pardon, même s’il y a des cas difficiles à pardonner comme des viols commis sur les femmes et  ceux dont des membres ont été  amputés. Sauf si les concernés acceptent de pardonner et les fautifs acceptent aussi de demander pardon. Au gouvernement, elle demande que l’Etat retrouve sa place et reprenne les choses en  main puisqu’il a perdu la confiance de la population. Elle place beaucoup d’espoir en la paix entre les Maliens même si le processus sera long. La paix est possible, car pour elle ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous sépare.

Du début de la crise à maintenant, on a vu cette dame de fer, présidente également du Mouvement Trait d’Union au devant de la scène pour se battre au nom du Mali, mais dans ce combat, elle ne s’est jamais sentie seule. Elle a bénéficié de l’accompagnement de tous à l’intérieur comme à l’extérieur surtout celui des medias. Le combat continue pour elle au nom de la réconciliation et du vivre-ensemble.

 

 

Sidy Elnehdi Ag Albaka, Président du Conseil Régional de la Jeunesse de Kidal

« La réconciliation est une obligation mais il y a lieu de faire l’Etat des lieux. »

S’il ya lieu de faire la réconciliation, pour ce jeune de Kidal qui s’est distingué parmi tant d’autres pendant l’occupation en défendant  les couleurs nationales, il faut nécessairement faire l’état des lieux. « Ne faisons pas une tresse sur les poux » c’est-à-dire faire d’abord justice.

 

Notre combat est que nos frères maliens ne fassent pas  l’amalgame, qu’ils comprennent que tous les touaregs ne sont pas des djihadistes ou indépendantistes. Selon lui, ceux du mouvement indépendantiste, n’ont agi qu’en leur nom propre, ils n’ont mandat d’aucune population du nord. A son avis, le problème est d’abord intercommunautaire. Quant à sa ville, Kidal, il demande le retour de l’administration avec tous les services sociaux de base que les populations attendent toujours. Les Maliens ne doivent pas se sentir étrangers sur leur terre ? C’est pourquoi, l’Etat doit  prendre ses responsabilités, a t- il conclus.

 

Hama Baba Cissé, Président de la Coordination des commerçants détaillants du Mali

« Pour réconcilier il faut rétablir l’économie »

Le secteur qui a été le plus touché pendant cette crise est celui de l’économie. A cet effet, Hama baba Cissé demande l’exonération sur les produits de première nécessité sur une période de trois ans. Ce, pour soulager les populations à travers un ravitaillement accru en produits.  La coordination des commerçants détaillants s’est investie auprès des autorités pour la réinsertion socioprofessionnelle de ses membres pour un montant  de 150 millions pour les villes de Gao et Tombouctou.  Plus de 200 personnes ont bénéficié de ce programme.  La réconciliation va de pair avec l’économie, mais avant, il faut créer les conditions pour faciliter le retour des refugiés.

 Fraternité africaine : Propos recueillis par Benjamin sangala

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