Selon une source officielle proche du dossier : “Aucun officier touareg n’a déserté l’armée malienne”

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Aucune menace de rébellion ne pèse non plus sur le Nord Mali. Tout au plus peut-on craindre une récupération des ex-combattants touareg en Libye par AQMI s’ils ne sont pas pris en main de façon rapide et efficace par les autorités maliennes avec l’appui des partenaires au développement.

L‘information, datée du mardi 18 octobre, a été diffusée par l’Agence France presse (AFP) et reprise par la presse locale «Le colonel Assalath Ag Khabi, conseiller au ministère malien de l’Energie, le lieutenant-colonel Mbarek Ag Akly, en poste dans l’ouest du Mali, le commandant Hassan Habre, en poste dans le nord, ont déserté. Tous les trois ont pris la direction du grand désert (Nord) une tentative de les ramener dans le rang ayant échoué».

Une source officielle généralement bien informée, approchée par nos soins, a opposé un démenti catégorique à cette information qui relève, selon elle, de l’affabulation et de la contre-vérité. "Aucun officier touareg, a fortiori trois, n’a déserté l’armée soi-disant pour rallier une rébellion qui n’existe pas et dont rien n’indique à l’heure où je vous parle qu’elle pourrait exister dans un futur prévisible".

"Les officiers cités dans la dépêche de l’AFP sont en mission. Ils ont rejoint à Kidal le colonel El Hadj Gamou, Coordinateur des opérations militaires au Nord-Mali, pour aller accueillir à la frontière algéro-malienne les ex-combattants touareg dans l’armée de Khadafi qui rentrent au bercail après l’effondrement du régime du Frère Guide. Les officiers maliens doivent veiller à les désarmer – ce qui a été fait sans la moindre difficulté – à les encadrer pour éviter tout incident fâcheux – tel celui dont a été victime un militaire touareg malien tué par une arme à feu pour un problème de nourriture, il y a une semaine – et les installer dans un minimum de confort". Ces hommes, dont on dit qu’ils ont déserté les forces armées maliennes, sont donc en "mission de paix et de sécurité" selon notre interlocuteur qui ajoute : "Il faut noter que les ex-combattants Khadafistes sont accompagnés pour la plupart de leurs épouses et de leurs enfants. Signe qu’ils ne sont pas ici pour faire la guerre. A les entendre, ils ont fui le brasier libyen pour retrouver la paix dans leur pays d’origine".

Le discours que tiennent ces militaires en débandade n’a, en effet, rien à voir les propos alarmistes que débite RFI à longueur de journée ou qu’on relève dans les dépêches de sa consoeur L’AFP. "Nous sommes heureux de retrouver notre sol natal après tant d’années d’absence. Nous ne demandons qu’à vivre en paix et sécuriser nos familles" disent-ils aux envoyés spéciaux désireux sans doute d’entendre autre chose. Dire que dans l’une de ses émissions récentes, «la radio mondiale» donnait la parole à un soit-disant spécialiste du CNRS (Centre national de recherche scientifique) qui exprimait le doute qu’à cause de ce qui se prépare au Nord Mali, les élections générales de 2012 puissent avoir lieu. Voici le Mali soudainement devenu pire que la Côte d’Ivoire d’une certaine époque. Un pays infréquentable. A mettre en quarantaine. A quand l’envoi des casques bleus de l’ONU et des troupes de l’OTAN ?

En réalité, sur la base des informations réelles disponibles pour le moment, les anciens légionnaires de Khadafi ne représentent pas une menace pour la paix, la sécurité et la stabilité du Nord Mali.

L’hypothèse d’un soulèvement armé pour réclamer "l’autonomie" ou "l’indépendance" est fort peu crédible pour qui connaît le "Nord Mali", vaste ensemble de 800 000 Km2 où se côtoient et  se mêlent depuis un millénaire et demi des populations blanches et noires composées d’une multitude d’ethnies et de fractions n’aspirant qu’à vivre dans la paix et la solidarité.

Il est illusoire de penser que les Sonraïs, communauté la plus nombreuse et la plus ancienne du Nord Mali, accepteront de se soumettre à une domination des Touareg minoritaires dans une entité "autonome" ou "indépendante". Ils n’en voudront jamais, profondément attachés au Mali qu’ils sont.  L’épisode du Gandakoy est encore vivant dans les esprits.

En réalité, les seuls signes d’irrédentisme observés dans cet immense espace l’ont été dans la seule région de Kidal, la moins peuplée et la plus déshéritée du pays, et ceci peut expliquer cela. Encore que ce ne sont pas toutes les tribus et fractions touareg qui, à l’unisson, prennent les armes contre ce Mali qui les a accueillis et nourris de son sein pendant plusieurs siècles, mais une minorité d’individus qui privilégient la violence au dialogue, à la quête méthodique et patiente des solutions  aux problèmes posés. En tout état de cause, un Etat kidalois est-il viable ? Bien sûr que non ! Dans le contexte actuel et pour longtemps encore la région de Kidal aura bien plus besoin du Mali que le Mali n’aura besoin d’elle.

Le danger "autonomiste" ou "indépendantiste" écarté, reste l’hypothèse d’une collusion entre ex-combattants khadafistes et AQMI. Elle est du domaine du possible même si l’organisation terroriste s’est toujours gardée de prendre le Mali pour cible. Si les ex-combattants ne sont pas pris en mains, s’ils ne trouvent pas dans un délai raisonnable des activités dont ils peuvent vivre et entretenir leurs familles, ils seront une proie facile pour AQMI dans sa guerre contre l’Algérie et les prises d’otages occidentaux qui n’en sont que des dégâts collatéraux.

C’est en cela que les partenaires au développement ont un rôle déterminant à jouer. En appuyant, non par.des mots, mais par l’action concrète, les efforts que les autorités maliennes déploient à travers différents programmes pour réduire les souffrances des populations du Nord Mali. Notamment par la création d’activités génératrices de revenus.

Saouti Labass HAIDARA

 

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