Rappelons que cette première étape de la seconde phase des pourparlers d’Alger concerne d’abord les acteurs de la société civile malienne et les communautés à la base. Elle devrait durer environ une semaine avant que ces derniers ne se retirent pour laisser la place aux discussions directes entre la délégation gouvernementale malienne et les représentants des groupes armés. Celles-ci pourront s’étaler sur six semaines.
Elles peuvent aussi durer beaucoup plus quand on sait que la feuille de route signée entre le gouvernement et les groupes armés à l’issue de la première phase des pourparlers, en juillet, prévoyait jusqu’à huit semaines. L’objectif est d’arrondir les angles et rapprocher les positions qui seraient soumises à la séance plénière que le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra a fixée pour les 7, 8 et 9 octobre prochain.
Selon un membre des groupes armés pro-gouvernementaux, l’Algérie déploie de grands moyens pour que la paix puisse revenir au nord du Mali. D’ailleurs, elle n’a prévu de libérer les participants qu’une fois une paix durable et définitive conclue entre tous les protagonistes. Cette source estime que ce qui peut renforcer les chances de succès de ces discussions contrairement aux autres, c’est que l’Algérie travaille de concert avec la communauté internationale et n’entreprend aucune initiative en solo.
L’autre élément d’optimisme, c’est qu’auparavant, les accords de paix qui étaient signés n’engageaient qu’un seul département ministériel malien. Or, cette fois-ci c’est l’ensemble des autorités maliennes, à travers une délégation de plusieurs ministres présidée par le chef de la diplomatie de notre pays, Abdoulaye Diop, qui sont concernées. Il convient de préciser que chaque partie a amené avec elle sa propre société civile pour prendre part à ces discussions.
Selon nos informations, le retard dans le démarrage des travaux serait dû au fait que certains représentants de ces sociétés civiles, notamment celle proche de la coordination des mouvements de l’Azawad qui regroupe le MNLA, le HCUA et le MAA-dissident, sont restés bloqués à Bamako. A ce niveau également, l’Algérie n’a pas lésiné sur les moyens même si des difficultés d’ordre administratif notamment – certains n’ayant aucun document de voyage – ont empêché certains de faire le déplacement. Par ailleurs, un membre de la société civile pro-séparatiste, Abdel Kerim Ag Medagha, prenant la parole au cours des travaux du premier groupe ” politiques et institutions ” a déclaré que la véritable raison, c’est que plusieurs d’entre eux sont encore détenus par les autorités maliennes avant de réclamer leur libération.
Ceux qui sont intervenus après lui dans la même délégation de séparatistes n’ont fait que revendiquer eux aussi un statut particulier pour le nord du Mali. Certains en ont même profité pour tirer à boulets rouges sur la politique de décentralisation poussée voire carrément de régionalisation que le gouvernement compte mettre en œuvre pour annihiler les velléités sécessionnistes.
Dans une allocution prononcée à l’ouverture des travaux de la seconde phase des pourparlers inclusifs inter-Maliens d’Alger, le chef de la délégation gouvernementale malienne, Abdoulaye Diop, non moins ministre des Affaires étrangères, de la coopération internationale et de l’intégration africaine, a dégagé des pistes de solutions que le gouvernement va proposer lors de ces discussions. C’est ainsi que dans le domaine institutionnel et la réorganisation administrative, il a invité les parties à trouver une formule qui pourrait favoriser, au maximum, l’épanouissement des communautés dans le cadre d’une gouvernance locale, mais qui sauvegarde la cohésion sociale et l’unité nationale.
S’agissant de la défense et de la sécurité, il a proposé de trouver un schéma idéal qui assure la plénitude de la défense du Mali contre les menaces extérieures et garantisse la sécurité des populations par le redéploiement des forces armées et de sécurité malienne sur l’ensemble du territoire tout en proposant une réforme du secteur de la sécurité.
Dans le domaine de la justice et de la réconciliation, il leur a demandé de trouver des formules pertinentes pour que la réconciliation se réalise en concorde mais dans la justice et de mettre en place des mécanismes de régulation sociétaux et de prévention pour consolider la paix et la sécurité.
Il estime que ces réformes doivent être consolidées par un programme global et ambitieux à la fois économique, social et culturel axé sur les projets structurants pour permettre un développement harmonieux des régions. Un exposé qui démontre à suffisance que le gouvernement malien, plutôt que de se limiter à de simples discours, a dans ses valises, un programme bien ficelé pour montrer ses bonnes intentions et la preuve qu’il est à l’écoute des aspirations de toutes les communautés du nord du Mali.
Massiré DIOP , depuis Alger