Me Saran KEITA, présidente RPSFC/MALI : “Le caractère positif de la réconciliation s’appuie sur la justice”

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Houka Houka Ag-Alhousseyni
Houka Houka Ag-Alhousseyni

La libération de l’ancien juge islamiste de Tombouctou, Ag Alfousseyni Houka Houka, inculpé pour son rôle présumé dans la violation grave des droits humains au nord, le 15 aout dernier continue de faire des remous au niveau des organisations de défenses des droits humains. Dans un entretien que  la présidente du Réseau paix et sécurité des femmes de l’espace Cédéao/Mali, Me Saran Kéita, a bien voulu nous accorder, elle revient sur cette libération qui, selon elle, est un mépris vis-à-vis des femmes victimes à des barbaries de Houka Houka.

 

Pour la réussite du processus des négociations politiques en cours entre le gouvernement et les groupes armés pour le retour de la paix et de la sécurité dans la partie septentrionale du pays, les autorités ont jugé nécessaire de libérer l’ancien juge islamiste de Tombouctou, Ag Alfousseyni Houka Houka, inculpé pour son rôle présumé dans la violation grave des droits humains au Nord, le 15 août dernier. Cette décision du gouvernement est diversement appréciée par les organisations de défenses des droits humains.

Selon la présidentedu Réseau paix et sécurité des femmes de l’espace Cédéao/Mali, Me Saran Kéita, cette libération politique est une véritable atteinte à l’indépendance de la justice et une violation flagrante des droits des victimes à la justice et à la vérité.

“Il est absolument nécessaire que la réconciliation et les négociations politiques entamées se poursuivent, mais ni au détriment de la justice ni dans l’oubli des victimes. Ce personnage important du mouvement islamiste à Tombouctou, libéré y dirigeait un tribunal islamique qui a ordonné, entre autres, des amputations, lapidations, flagellations et arrestations arbitraires lors des dix mois durant lesquels le Nord du Mali était sous le contrôle des groupes islamistes armés”, explique-t-elle. Et de dire que nos sœurs et particulièrement celles des régions du Nord constituent les principales victimes de ces violations.

Pour elle, toute réconciliation doit s’appuyer sur la justice pour une paix durable. “Aucune nation, aucun peuple qui a souffert de graves crimes contre l’humanité ne peut prétendre à la réconciliation, à la paix et au développement durable sans une justice saine, équitable et luttant efficacement contre l’impunité”, rappelle la vice-présidente du conseil d’administration de Wanep/Mali.

La présidente du Réseau invite le gouvernement à prendre ses responsabilités pour que la 2e étape en cours ne se solde pas avec des libérations des présumés coupables. “Toutes les victimes de violations des droits humains doivent bénéficier de toutes les formes de réparation, y compris des mesures de restitution, d’indemnisation, de réadaptation, de satisfaction et de garanties de non-répétition. Ces mesures de réparation doivent inclure des explications complètes sur les faits survenus et identifier ceux qui en sont responsables afin que les familles puissent savoir ce qui est arrivé à leurs proches”, insiste la présidente.

Bréhima Sogoba

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