Le sang coule au Nord du Mali : En trois mois, 53 soldats tués

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NAMPALA: échange des tirs entre les forces de sécurité malienne et des groupes armés

Rien que durant les trois derniers mois, plus de 60 attaques ont été perpétrées au Mali. Bilan : 52 militaires maliens et 13 Casques bleus ont péri. 32 autres soldats de la paix et 72 soldats des forces armées maliennes ont été blessés. Des chiffres qui dénotent la fragilité de la situation sécuritaire au Mali, malgré la signature de l’accord de paix.

Le Secrétaire général des Nations-Unies,  Ban Ki Moon, a publié,  le 29 septembre 2016, son rapport trimestriel sur la situation au Mali. Le constat est alarmant. Malgré les efforts consentis, la situation ne s’améliore guère au Mali, précisément dans sa partie septentrionale. En effet, ces derniers mois, le nombre d’attaques perpétrées contre les Forces de défense et de sécurité maliennes et la Minusma a sensiblement augmenté: 39 contre les Forces de défense et de sécurité maliennes ;  27 contre les forces onusiennes ; et 1 contre une entreprise qui travaille pour la Minusma. Le bilan est lourd. Au total, ces attaques ont fait 52 morts dans les rangs de l’armée malienne, 13 chez les casques bleus et 5 membres de l’entreprise en question. Les blessés ? La Minusma a enregistré 32 soldats,  contre 72 pour les forces régulières maliennes. C’est dire que la situation est nettement dégradée. Car, au cours de la période précédente, il y avait eu 9 attaques contre les Forces de défense et de sécurité maliennes et 15 contre la Mission.

Le document précise que les attaques, de plus en plus fréquentes et audacieuses et de mieux en mieux coordonnées, sont généralement commises par des groupes jihadistes. Et le Secrétaire général pointe du doigt la lenteur de la mise en oeuvre de l’accord de paix qui continue d’alimenter l’insécurité dans le centre et le nord du Mali. En effet, relève-t-on dans le rapport, le processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration n’a pas démarré durant la période considérée. Or, ce processus constitue une condition préalable à l’instauration de la paix au Mali. Il est essentiel, aux yeux des Nations-Unies, que les groupes armés signataires démontrent leur volonté de poursuivre ce processus en prenant des mesures décisives, notamment en désignant les participants au processus. « À ce jour, ni la CMA ni la Plateforme n’ont communiqué les listes des combattants par lesquels débuteraient les processus de cantonnement et de désarmement, démobilisation et réintégration. », informe Ban Ki Moon. Qui, cependant, précise que le 21 septembre dernier, la CMA a fourni la liste des candidats pour la Commission nationale pour le désarmement, la démobilisation et la réintégration, la Commission de réinsertion, ainsi que pour le Conseil national pour la réforme du secteur de la sécurité.

Droits de l’homme : des violations…

Le tableau n’est pas plus reluisant sur la situation des droits de l’homme. Selon le rapport, durant ces trois derniers mois, la Minusma a recensé 117 cas de violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire ou d’atteintes à ces droits. Ces manquements aux droits humains ont fait 202 victimes, dont 23 enfants. « Il y a eu 19 affaires d’exécutions ou de tentatives de meurtres, 18 cas de mauvais traitements ou de torture, 15 affaires de détention illégale dont ont été victimes 31 personnes, 22 cas d10’extorsion ou de pillage,10 attaques directes contre des membres du personnel humanitaire et du personnel de maintien de la paix, 4 affaires d’enlèvement, 4 cas de recrutement d’enfants soldats dont ont été victimes 9 enfants, deux affaires de violences sexuelles, un cas d’utilisation militaire d’un hôpital, une affaire de déplacement forcé et 21 cas d’irrégularités de procédure en raison de l ’inefficacité de l’enquête. », détaille le secrétaire général. Et parmi ces exactions, les atteintes graves, notamment les meurtres et le prélèvement illégal de taxes, seraient le fait d’éléments des postes de contrôle et des bases militaires communautaires récemment établis par les groupes armés signataires, en particulier dans la région de Tombouctou.

Les forces gouvernementales, la CMA, la Plateforme et d’autres groupes armés restent les auteurs présumés de ces crimes, qui ont principalement été commis dans le nord et le centre du pays.

Par ailleurs, la Minusma affirme avoir pu vérifier que neuf enfants étaient associés à la Plateforme dans la région de Kidal et que trois enfants avaient rejoint les rangs de la CMA. Elle a coordonné le transfert de quatre enfants associés au Gatia de Kidal à Bamako et, avec l’aide du Fonds des Nations Unies pour l’enfance, les a confiés à la Direction nationale de la promotion de l’enfant et de la famille. « Toutefois, le 4 août, cette direction les a remis à un parlementaire lié au Groupe d’autodéfense des Touaregs Imghad et leurs alliés, en violation de la procédure normale applicable à la prise en charge des enfants associés à des groupes armés. », déplore le secrétaire général des Nations-Unies.

I B Dembélé

 

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