Revendication d’un état fédéral : Des chefs touaregs disent NON aux rebelles

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Imghad (7)Le cercle des soutiens de la coalition (Mnla, Hcua, Maa), se réduit comme peau de chagrin. En plus des populations qui dénoncent le combat des groupes armés, onze chefs de fractions touarègues ont signé, dimanche dernier, à Bamako, une plateforme. Ils réaffirment leur attachement à un Mali, Un et Indivisible.  

Après trois rounds de négociations, les pourparlers inter maliens d’Alger sont loin de déboucher sur un accord de paix. Un éventuel accord est très attendu par les populations du Mali en général, particulièrement celles (meurtries) des régions du nord. Seul blocage : la perfidie et le chantage auxquels se livrent, à Alger le Mnla, le Hcua et le Maa séparatiste. Une coalition dont le combat a été à moult occasions dénoncé et rejeté par l’écrasante majorité des communautés du nord. Des populations dont le seul désir est de pouvoir vivre en paix et renouer avec la fraternité et la cohésion qui a jadis caractérisée les relations inter communautaires entre nomades et sédentaires, entre Arabes et peulhs. Mais, soumis à une forte menace des groupes armés, cette majorité est aujourd’hui contrainte au silence. Coupés des médias, ces «pro-Mali» s’expriment à de rares occasions, lorsqu’elles ne sentent aucune présence d’armes derrière leurs nuques. Cet état de fait a été révélé, il y a quelques mois, lorsque, à la faveur d’une initiative lancée par la jeunesse du Mali en faveur de la paix, Sidi, un jeune tamasheq, a profité de son séjour à Kidal pour tendre son micro à plusieurs personnes (hommes, femmes, jeunes et vieux) qui vivent à Kidal. Le film de ces entretiens a été diffusé lors d’un forum tenu au Cicb. Il a été assez révélateur d’un fait : à Kidal, le Mnla sait que son projet n’est pas partagé par la majorité et fait usage des armes pour qu’aucune opinion discordante ne soit entendue…Cette situation est connue. Elle est créée par une minorité dont la force de nuisance a été prise à la légère.  

Mais, quelle que soit leur connexion avec le crime organisé (Aqmi, trafiquants de drogues et d’armes), leurs actions gagneraient à refléter l’opinion des populations au nom desquelles ils prétendent agir. Ce que le Mnla n’a jamais pu réussir. Malgré la pression et les liquidations physiques, les populations de Kidal et du septentrion sont majoritairement rattachées à la République. Il suffit pour s’en convaincre de regarder le reportage, «Kidal respire le Mali », réalisé par ce jeune tamasheq. Qui, malgré le risque de connaitre le même sort que son père (tué à cause de son attachement au Mali), a pris son courage à deux mains pour aller sous les tentes à Kidal, et dans des hameaux souvent très éloignés, afin de porter aux autres populations du Mali ce qu’est la réalité de l’opinion de ces populations maliennes de Kidal mais vivant sous l’occupation du Mnla.

 

Ras-le-bol de Kidalois

En effet, malgré la menace qui pèse sur elles, ces populations contrairement aux contrevérités du Mnla, sont restées profondément rattachées à la patrie.

Tous ceux qui étaient au Cicb, lors du forum de la jeunesse du Mali pour la paix, ont eu des frissons pendant la diffusion des images rapportées de Kidal. Dans le documentaire d’une dizaine de minutes, plusieurs Kidalois expriment leur ras-le-bol. Tous affichent un sentiment de révolte face aux groupes armés. En des termes à peine voilés, ils revendiquent leur identité malienne et se démarquent de la lutte que le Mnla s’est donné le droit de mener en leur nom sans leur consentement. «Maliens, nous sommes ; Maliens, nous resterons ! », clame ouvertement un sexagénaire, turban noir sur le visage, prenant son thé. Entourée des siens, une femme tamasheq cache le sourire derrière un voile qu’elle prend soin d’arranger sur la tête. La dame désapprouve la lutte des groupes armés et les invitent à renoncer à toute idée de partition du pays. A Kidal, manifestement les groupes armés ne sont soutenus que par une minorité instrumentalisée. Et chaque jour arrive avec son signe de désaveu. Après le rejet des populations et de récentes fissures dans leurs propres rangs, ce qui a conduit à la création de la coalition pour l’Azawad (Cpa), cette fois, le désaveu semble plus marqué et intervient au sein même des leaders communautaires, notamment parmi les chefs de fractions touarègues.  C’est le constat qui s’impose suite à la rencontre qui a regroupé, le dimanche 7 décembre dernier, à Bamako, la communauté Imgad représentée par Azaz Ag Loudagdag et onze chefs de fractions touaregs. Au terme d’un conclave, les deux parties ont signé une plateforme d’alliance dans laquelle ils affirment et réitèrent leur attachement au Mali, à son unité et à son intégrité. Les chefs de fractions signataires de la plateforme sont : Elmedhi Ag Cheybane (chef de tribu), Mohamed dit Atta Ag Houd (chef de tribu Igawadarane), Mohamed Ag Ousmane, conseiller national à Hanzakoma, Waranock Ag Nock (chef fraction Ihmed), Kagha Ag Moradis (chef de fraction Tinguérechef), Mohamed Elmedhi Ag Rhissa (maire de commune à Haribomo), Mohamed Lamine Ag Sidahmed (chef de fraction Kel Essouk).

La signature de cette plateforme sonne comme un cinglant désaveu pour la bande de voyous menés par le Mnla et qui, malgré les efforts et autres concessions (compromissions ?) faits par l’Etat, multiplie les volte-face  et autres pratiques déloyales pour repousser la signature d’un accord de paix et de sécurité dont les populations ont aujourd’hui énormément besoin…

Oumar Diamoye

 

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