Révélations sur la crise du Nord : Quand l’Algérie déstabilise le Mali

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L’insurrection armée au Nord-Mali dirigée par le duo Bahanga-Fagaga (ils sont cousins), est révélatrice de deux choses : l’intérêt malveillant de l’Algérie envers le septentrion malien et le grand trafic transfrontalier qui gangrène toute la bande sahélo-saharienne.

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Courant 2006, quelque part dans le Tibesti, les rebelles tchadiens en désaccord avec le régime d’Idriss Deby Itno réalisent un coup d’éclat. Ils procèdent à l’arrestation d’Abdelrazek, connu sous le sobriquet guerrier d’ El Para.

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L’arrestation d’El Para à la tête d’un groupe de combattants en territoire tchadien avait, à l’époque, suscité un branle bas au sein des Chancelleries et des services de renseignements occidentaux. Et pour cause : ce métis algérien – sa mère est française – est le numéro 2 du GSPC (Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat).

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En 2005, il était à la base de la prise en otage, en Algérie, des touristes allemands qui seront finalement libérés au Mali.

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Depuis, cet ancien parachutiste de l’armée algérienne a été fiché par les services de renseignements occidentaux. Son arrestation au Tchad fit rapidement le tour du monde. Véritable «mine de renseignements», El Para était devenu un prisonnier de luxe pour les rebelles tchadiens. En effet, conscients de l’intérêt que revêt leur détenu, les Tchadiens étaient disposés à offrir le parachutiste au plus offrant. Et c’est la Libye qui enleva le «Jack-pot». L’homme sera alors livré aux Libyens, après quelques mois de captivité dans les grottes du Tibesti. Le pays de Kaddafi le remet à son tour à l’Algérie. Mais Tripoli, tout comme la Communauté internationale, était loin de cerner tous les contours d’une grossière manipulation orchestrée par l’Algérie sur la présence du GSPC sur le territoire malien.

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En effet, El Para ne fera que trois petits mois en prison à Alger, avant d’être remis en liberté. Il rejoint ensuite le «maquis» dans le Nord-Mali, où il reprend ses activités. Au même moment Alger annonce sa « condamnation par contumace » or, la Libye ainsi que la communauté internationale, avaient pensé que El Para, tel qu’il a toujours été présenté par les Algériens, était un redoutable islamiste bon pour l’échafaud. La réalité est tout autre.

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El Para, un agent algérien

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Dans les années 1990, l’Algérie est en proie à une grave convulsion politico-religieuse. Dans cette turbulence, les Généraux algériens – ils détiennent les rênes du pouvoir – concoctent un plan. La poussée islamiste sera, pour eux, un bon prétexte pour contrôler le nord du Mali. Le GSPC est infiltré. Le mouvement s’implante alors dans les montagnes entre le Mali et l’Algérie. El Para, parachutiste dans l’armée algérienne, est muté dans les services de renseignements de son pays, puis envoyé en mission au sein du GSPC qu’il récupère au fil du temps avec d’autres agents algériens.

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La stratégie a jusqu’ici bien fonctionné. Sous le couvert fallacieux de combattre «les islamistes» du GSPC, Alger maintient une surveillance permanente sur le septentrion malien. Secret de polichinelle, le nord du Mali devient un enjeu géostratégique à la fois pour les Algériens et certaines puissances étrangères.

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Pour le voisin algérien, cette partie du territoire malien ne doit nullement échapper à son contrôle et à sa surveillance pour des raisons de sécurité à la fois pour l’Etat et le pouvoir algériens. Qui, mieux que les Algériens, mesure tous les enjeux sécuritaires du Nord – Mali ?

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Dans leur lutte de libération, des responsables algériens dont l’actuel président Abdel Aziz Bouteflika, ont pu trouver des refuges sûrs sur le sol malien. Les armes, munitions et vivres destinés aux combattants algériens transitaient par le Mali.

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Aujourd’hui, certains à Alger pensent que le «danger» peut, à tout moment, venir du Sud de leur pays ou de n’importe quel autre pays qui s’intéresse au nord du Mali. Pour preuve, l’Algérie décide d’ouvrir un consulat à Gao où ne réside, aucun ressortissant algérien.

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En janvier 2006, quand la Libye, à son tour, ouvre un consulat à Kidal, c’est l’émoi en Algérie dont l’Ambassadeur à Bamako et le consul à Gao sont rappelés à Alger, et remplacés pour n’avoir certainement pas été prévoyants.

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Par la suite, la machine d’intoxication algérienne est mise en branle. La Libye est accusée de vouloir déstabiliser le nord du Mali. Parallèlement, l’Algérie ferme sa frontière du côté de Kidal. Tout était alors mis en œuvre pour faire déguerpir les Libyens. Ce qu’Alger obtient en suscitant une nouvelle insurrection armée, le 23 mai, par l’entremise du duo Bahanga-Fagaga.

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Manœuvriers et experts en manipulation, les Algériens réussissent un coup double : faire partir les Libyens de Kidal et se positionner en médiateur dans une crise qu’ils ont suscitée et qu’ils entretiennent.

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La Libye partie du Nord-Mali, le voisin n’était pourtant pas tranquille. Aujourd’hui, il semble que d’autres puissances, notamment les Etats-Unis, s’intéressent de près au septentrion malien. Il faut les empêcher de s’y implanter, en entretenant une crise «permanente» sur fonds de revendications cycliques et de soulèvements armés exécutés par une minorité de responsables touaregs de Kidal. Ceux-ci, sous l’instigation de Généraux algériens, s’appuient sur de jeunes desperados, prêts au sacrifice contre quelques dinars algériens.

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L’odeur du pétrole

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L’attirance algérienne pour le septentrion malien s’explique aussi par des raisons économiques.

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En effet, en soufflant permanemment sur le brasier touareg, le voisin avait jusqu’ici réussi à décourager les investisseurs étrangers.

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L’Algérie n’aurait nullement intérêt à ce que le Mali exploite «son» pétrole. Le climat d’insécurité permanente au nord de notre pays serait donc destiné à endiguer les recherches pétrolières au Mali.

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Dans leurs multiples tentatives de déstabilisation, de contrôle et de surveillance du septentrion malien, les Algériens, outre, le fait de susciter des rébellions, ont réussi à noyauter, depuis l’indépendance, des communautés du nord et à avoir des appuis solides au sein des sphères décisionnelles de l’Etat.

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Aujourd’hui encore, nombreux sont les Maliens à ne pas admettre formellement une implication algérienne dans les troubles au nord. Ces concitoyens ont, sans doute, à l’esprit les efforts déployés par les premiers dirigeants des deux Etats, en vue d’établir un voisinage harmonieux entre les deux pays.

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D’autres Maliens ont tout simplement été instrumentalisés. Aujourd’hui, plusieurs responsables de Kidal ont acquis la double nationalité (algérienne et malienne). Dans le lot, un certain Hassane Fagaga dont l’épouse est algérienne. Ils ont des liens familiaux et parentaux de part et d’autres de la frontière Mali-Algérie et sont prêts à tout pour l’autre «patrie».

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Bahanga : profession  banditisme

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La bande sahélo-saharienne, est devenue ce grand espace qui échappe à tout contrôle des Etats. De la Mauritanie à l’Egypte, en passant par le Mali, le Niger, l’Algérie et jusqu’au Tchad, un véritable boulevard est ouvert aux trafiquants de tout acabit. De véritables réseaux sont implantés à travers tous les pays de la bande. Pire, ces réseaux sont protégés, entretenus, financés et actionnés  par de hauts responsables. De nombreux Généraux algériens sont cités pour être les commanditaires du vaste trafic transfrontalier en cours dans la bande sahélo-saharienne. L’on cite le cas de ce haut gradé de l’armée algérienne en poste depuis une quinzaine d’années à Tinzawaten (Algérie). Il serait très actif dans le milieu.

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Ainsi, une présence militaire malienne, nigérienne ou d’un autre pays constitue une réelle menace pour les trafiquants et leurs commanditaires.

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D’où des exigences, à chaque soulèvement, sur le retrait de l’armée des régions du nord, ou encore la délocalisation des casernes militaires. En réalité, les réseaux de trafic veulent agir en toute impunité au Mali.

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 Ancien berger, analphabète, Ibrahim Bahanga fait partie de cette race d’aventuriers qui pillulent dans la bande Sahélo-saharienne. Bahanga, pour de nombreux Kidalois, n’a aucun idéal politique.

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Autour de Bahanga, un autre trafiquant notoire a fait parler de lui, ces deux dernières années : Hassane Fagaga. Cet officier intégré à la Garde nationale, à la faveur de l’application du Pacte national signé en 1992, est devenu, par la suite, un expert en désertion. Entre les cousins Bahanga et Fagaga, il existe une complicité, dont le seul socle est le profit. Selon certaines informations, l’introduction de Fagaga dans le réseau des trafiquants et fraudeurs, est l’œuvre de Bahanga. Celui-ci, sans doute conscient de la cupidité de son cousin, a vu en lui une proie facile.

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Jusqu’en 1997, Bahanga est resté dans un certain anonymat. Cette année là, il réalise son premier coup à la faveur des élections communales. Il attaque des bureaux de vote dans le secteur de Kidal et réalise en même temps sa première prise d’otages.

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A l’époque, le régime de Alpha Oumar Konaré fut obligé de payer une forte rançon au bandit.

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Dès lors, le duo Bahanga-Fagaga met en place une stratégie qui fonctionna à tous les coups. Les deux hommes soumettent l’Etat à un chantage perpétuel chaque fois qu’ils éprouvent des difficultés financières.

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Ainsi, les désertions de Fagaga étaient ponctuées par les menaces de Bahanga, qui en véritable parrain, restait dans le secteur de Kidal pour faire monter la tension. Voilà toute l’explication du climat perpétuel de tension qui sévit à Kidal et dans certaines parties du nord du pays.

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Tous les agissements du duo n’ont qu’un seul but : amasser des fortunes à partir du trafic.

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Pour cela, les deux hommes ont toujours fait appel à de jeunes ex-combattants, qui n’ont pas été intégrés dans l’armée ou qui ont dilapidé les fonds à eux alloués pour leur insertion économique, suite à l’application du Pacte national. Ces jeunes sont aujourd’hui utilisés comme passeurs des produits de contrebande, s’ils n’ont pas été enrôlés dans l’armée de Bahanga.

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De la filière algérienne

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Depuis des années, un fait semble établi : le trafic transfrontalier à travers la bande Sahélo-saharienne est dirigé par de hauts responsables militaires, politiques et administratifs exerçant dans tous les pays situés sur cette bande.

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En Algérie, le sud du pays est devenu une plaque tournante du trafic. Des Généraux algériens sont fortement soupçonnés d’être les parrains de cette mafia transfrontalière. Ils seraient à l’origine de tous les événements au Nord du Mali. Ces Généraux travailleraient en étroite collaboration avec des hommes de main établis au Mali et ailleurs. Bahanga, Fagaga et bien d’autres seraient à leur dévotion.

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La filière algérienne a ainsi étendu ses tentacules jusqu’au Mali, avec comme conséquences une succession de crises au nord du pays.

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Avec la crise actuelle, le voile se lève sur les véritables intentions de Bahanga assisté depuis l’Algérie.

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Selon nos sources, le bandit reçoit armes et munitions à partir de ce pays voisin, précisément des services spéciaux algériens. L’on cite aussi le nom d’un certain Hama Mohamed, comme étant le fournisseur de Bahanga. Cet algérien établi à Djanet est réputé dans le milieu de la fraude. Il aurait longtemps séjourné dans les geôles algériennes, avant de recouvrer la liberté.

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Aujourd’hui, ce sont, semble-t-il, les services spéciaux algériens et ce grand fraudeur qui ravitaillent les bandits maliens et nigériens en armes et munitions. L’on retrouve les traces du fraudeur Hama Mohamed, selon nos sources, jusqu’au Darfour, d’où il aurait acheminé une partie des armes utilisées au Mali et au Niger. En somme, les trafiquants et leurs commanditaires sont prêts à tout pour parvenir à leurs fins. Voilà tout le nœud du problème du Nord-Mali.

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C. H. Sylla

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