L’amorce des pourparlers intermaliens à la suite de la visite de l’ex-Premier ministre Moussa Mara à Kidal en mai 2014 avait suscité de l’espoir pour la restauration de la paix au Mali. Mais, l’année 2015 est restée caractérisée par la recrudescence des attaques armées et des agitations sur les plans politique et institutionnel.
Pour ramener le Mali dans le concert des nations qui comptent, les autorités maliennes ont entrepris des actions visant à réconcilier tous les fils du pays. Avec l’appui de la communauté internationale, un processus de dialogue inclusif intermalien a été lancé à Alger. La médiation internationale conduite par l’Algérie a eu plusieurs rencontres avec le gouvernement malien et des représentants des six mouvements armés concernés par la crise dans le Nord Mali. Il s’agit du Mouvement Arabe de l’Azawad (MAA républicain), la Coordination pour le Peuple de l’Azawad (CPA), la Coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance (CM-FPR), le Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla), le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (Hcua) et le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA séparatiste). Au fil du temps, les différents mouvements se sont retrouvés dans deux grands regroupements afin de faciliter les négociations. Il s’agit de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et la Plateforme. Sous la supervision de la médiation internationale, les négociations ont eu lieu entre ces deux regroupements et le gouvernement du Mali. C’est le 1er mars 2015 qu’un accord de paix et de réconciliation a été paraphé par le gouvernement malien et la Plateforme. La CMA paraphera ledit document le 14 mai 2015. Ensuite interviendra la signature officielle de l’accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger, le 15 mai à Bamako par le gouvernent malien et certains mouvements politico-militaires du Nord Mali. Mais la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) ne signe pas l’accord. C’est finalement le 20 juin qu’elle acceptera de le signer. Ivre de bonheur comme il aime le dire, le Président malien et son peuple croyaient signer la fin de la spirale de violence. Hélas ! Sécurité
Depuis la signature de l’accord pour la paix, les attaques meurtrières ont repris. Des informations font état de connexion entre les rebelles de la CMA et des terroristes. Le 10 juin, le village de Misseni situé dans le cercle de Kadiolo a été attaqué par les terroristes. Bilan : Un gendarme tué, deux personnes blessées, des véhicules et motos brulés.
Le 27 juin, l’armée malienne repousse une attaque contre ses positions dans la ville de Nara dans le centre du pays. Encore, on dénombre trois militaires maliens et neuf assaillants tués.
En moins de 24 heures, soit le 28 juin, Fakola, un village situé à la frontière avec la Côte d’Ivoire, fait l’objet d’une autre attaque terroriste. Même s’il n’y a pas eu de combat, des hommes enturbannés ont saccagé des bâtiments de la gendarmerie, la mairie, les caisses d’épargne et de crédit, le bâtiment des eaux et forêts.
Le 03 août aux environs de 05 heures du matin, le détachement de la Garde nationale de Gourma-Rarhous, dans la région de Tombouctou, a été victime d’une attaque terrorisme avec un bilan de 11 gardes tués.
Le 07 août, la localité de Sévaré, située à 15 kilomètres de Mopti, a fait l’objet d’une attaque, suivie de prise d’otages à l’hôtel Byblos. De source gouvernementale, le bilan est de 12 morts dont des otages, des soldats et des terroristes.
Le samedi 08 août, des assaillants ont fait irruption dans la brigade de gendarmerie de Baguinéda causant des dégâts matériels.
Bamako touché par la vermine terroriste
Le 20 novembre, très tôt le matin, l’un des hôtels les plus chics de la capitale a été attaqué. Il s’agit de Radisson Blu. Après neuf heures d’enfer, la prise d’otages meurtrière de l’hôtel s’est soldée par 22 morts parmi les clients et les employés de l’hôtel, à la suite de l’intervention conjointe des forces maliennes et étrangères.
Auparavant, dans la nuit du vendredi à samedi 7 mars, le restaurant « La Terrasse » a été attaqué. Le bilan est de 5 morts dont trois Européens et deux Maliens.
Education
Au plan éducatif, comparativement à 2014, la note a été bonne en 2015. Car, même si l’année scolaire 2013-2014 a été apaisée, les examens de fin d’année ont annihilé tous les efforts. Or, en 2015 comme l’autre aime le dire, «tout est bien qui finit bien». En 2015, au plan social, le climat a été apaisé. On a enregistré moins de débrayages des enseignants et des apprenants. Les examens de fin d’année ont été jugés crédibles par les observateurs et les résultats bien qu’insuffisants reflétaient le niveau réel des élèves maliens. Pour joindre l’utile à l’agréable, à la rentrée des classes, en octobre 2015, les enfants de Kidal ont repris le chemin de l’école au même titre que les autres enfants du Mali. La quasi-totalité des écoles endommagées par les terroristes ont été réhabilitées ou sont en cours de réparation. Les autorités, conscientes que les problèmes de l’éducation ne se limitent pas au Nord du pays, ont réalisé et réhabilité des infrastructures scolaires au Sud. On peut citer entre autres, la réhabilitation du lycée Bouyagui de Bamako, la construction du lycée de Barouéli. L’Institut de formation des maîtres (IFM) de Koutiala a été inauguré. Celui de Kita sera bientôt réceptionné. Sans oublier la réalisation des Instituts de formation professionnelle (IFP) à travers le pays. Au programme, s’inscrit la réalisation de plusieurs infrastructures scolaires du genre. Au sujet de l’harmonisation du secteur, l’équipe de l’actuel ministre de l’Education, Barthélémy Togo, a défini les critères d’éligibilité des établissements scolaires privés prétendant accueillir les élèves étatiques. Seuls les établissements viables économiquement et pédagogiquement ont reçu des élèves de l’Etat.
Emploi
Pendant la campagne présidentielle, le Président IBK promettait la création de 200 000 emplois pendant le quinquennat. A mi-mandat, il se bat comme un beau diable. Malgré tout, nous sommes loin d’atteindre cet objectif. Selon nos sources, on est encore à 34 062 emplois créés. Sauf accélération de cadence, à ce rythme on risque de ne pas atteindre la barre des 100 000 emplois pendant le quinquennat. Au ministre en charge de cette question essentielle, Mahamane Baby, de redoubler d’efforts pour combler les attentes des 65% de la population que constitue la jeunesse.
Économie
En matière de finances publiques, le Mali a été réconforté dans son élan de croissance économique par la tenue à Paris, en octobre 2015, de la Conférence internationale pour la relance économique et le développement du Mali, sous l’égide de la France et de l’Organisation de coopération et de développement économique (Ocde). Cette rencontre s’est concrétisée par un engagement financier de nos partenaires de l’ordre de 2 120 milliards de FCFA pour la période 2015-2017, dont 397 milliards de FCFA, compte tenu des circonstances actuelles, seront alloués exclusivement au développement des régions du Nord.
Santé
Dans le domaine de la Santé et de l’Hygiène publique, en plus de victoire sur la maladie à virus Ebola, les autorités maliennes sont à pied d’œuvre pour combattre d’autres maladies ravageuses qui assaillent les populations. Il s’agit, entre autres, du paludisme, du VIH-sida, de la tuberculose. A ce sujet, on peut dire que le malentendu entre le Mali et ses partenaires a été dissipé. Le Fonds mondial à décidé de reprendre sa coopération avec le Mali après 5 ans de suspension. C’est ainsi que la première note conceptuelle malienne du Groupe chargé du VIH/Sida a été présentée et validée le 12 octobre 2015 à Genève. La deuxième équipe malienne (celle chargée de présentation de la note conceptuelle du paludisme) a été reçue moins d’une semaine plus tard à Genève. La troisième équipe a été accueillie à Genève le 30 octobre 2015. Le travail de chacune de ces équipes a été apprécié et validé. Automatiquement, une enveloppe de 41 millions de dollars US a été attribuée au Mali pour le VIH/Sida avec la possibilité de prétendre à 2 autres millions de dollars US toujours en jeu pour la même pathologie. Le premier décaissement des ressources financières allouées à la lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme commencera dans ce mois.
Diplomatie
En diplomatie, IBK est devenu un président envié. Pour cause, il a été le premier Président malien après 55 d’indépendance et l’un rares présidents africains à effectuer une visite d’Etat en France. Outre tous les honneurs bénéficiés, le Président IBK a pu mettre quelque chose dans sa cagnotte et obtenir le soutien de la communauté internationale pour la résolution de la crise qui secoue notre pays. Au cours de sa vite d’Etat à Paris, à travers le soutien diplomatique des grandes puissances, un coup d’accélérateur a été donné au processus de paix et de réconciliation nationale en cours. La coopération bilatérale a été renforcée. La reconstruction et la relance économique du pays ont été amorcées. A cette même occasion, la conférence de l’Organisation de coopération et de développement économique (Ocde) a accordé 360 millions d’euros au Mali pour relancer l’économie et reconstruire le pays dévasté par la crise. Soit environ 2 120 milliards de FCFA.
Politique
S’agissant de l’atmosphère politique, elle était tendue, voire très tendue. Après la visite d’Etat d’IBK en France en octobre 2015, il y a eu des écarts de langage entre le Chef de l’Etat et Tiébilé Dramé, l’un des leaders de l’opposition. A sa descente d’avion, IBK traitera Tiébilé Dramé de petit monsieur estimant que ce dernier a entrepris des actions visant à saboter sa vite. La réaction de Tiébilé ne s’est pas fait attendre. «Le musulman, le bon musulman, doit avoir peur de proférer des accusations gratuites contre son prochain. Car Allah Soub’hana watallah ne dort pas… La vérité (Allah est témoin) est que je n’ai rien fait de tout ce que le président de la République a malencontreusement affirmé à Bamako-Sénou», s’insurgea Dramé. Et les autres partis d’opposition organisèrent une conférence de presse pour mettre en garde contre la renaissance de la dictature. Mais, en début décembre, majorité et opposition ont enterré la hache de guerre. Elles se sont donné la main pour sauver le Mali d’abord.
Oumar KONATE