Retrait du Gatia de Menaka, signature de l’accord le 15 mai : Ce qu’en pensent les hommes politiques

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L’évènement marquant de l’actualité demeure la signature de l’accord issu des pourparlers d’Alger. Mais la CMA évoque la présence du Gatia à Ménaka et exige son retrait avant d’accepter de signer l’accord. Sur la question, et sur celle relative à la demande des Nations-Unies de retrait du Gatia de Menaka, les hommes politiques sont peu bavards, pour ceux qui acceptent d’en parler.

 

Djiguiba Keita, PPR
Djiguiba Keita, PPR

Djiguiba Kéïta dit PPR, secrétaire général du Parena

« Il est important que l’ONU ne soit pas plus exigeante envers le Gatia qu’elle ne l’a été avec les rebelles de la CMA »

L’ONU est dans son rôle en demandant le respect – par toutes les parties- du cessez-le-feu signé entre le Mali et les rebelles. D’après nos informations, Gatia ne serait pas forcément opposé à cela, à la condition expresse que les positions qu’il serait amené à céder soient occupées, uniquement occupées par la Minusma. Cela est compréhensible. Nous devons noter que l’attaque de Ménaka n’est pas la première violation du cessez-le-feu et il est important que l’ONU ne soit pas plus exigeante envers le Gatia qu’elle ne l’a été avec les rebelles de la CMA. Quant à l’accord, la position du Parena est connue sur cette question.
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Le Premier ministre malien Moussa Mara au Parlement (photo archive)

Moussa Mara, président du parti YELEMA

« Je fais confiance au gouvernement dans la gestion de ce dossier »

Le retrait du Gatia de Menaka? Je fais confiance au gouvernement dans la gestion de ce dossier. Quant à la signature de l’accord ce vendredi? Je suis optimiste. J’ai beaucoup d’espoir que cela soit signé.

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Nankoma Keita, Secrétaire politique du RPM

« Tout se négocie aujourd’hui pour ne pas tomber dans les travers »

Le GATIA, aujourd’hui, est devenu une réalité du terrain. Cela est difficile de poser le problème de manière  très rationnelle, très tranché comme ça là. Est-ce qu’il doit se retirer ou il ne doit pas retirer ? Il y a un contexte et il faut tenir compte de ce contexte. Tout se négocie aujourd’hui pour ne pas tomber dans les travers.

Sur la signature de l’accord de paix le vendredi prochain, personnellement, je n’ai pas de préoccupation particulière. C’est aujourd’hui, un grand enjeu pour le Mali, pour l’équilibre de la sous-région que cet accord sera signé. Et il n’est pas dit que cet accord est parfait. Il est dit que l’intelligence collective va permettre de corriger les faiblesses, les erreurs de division. Mais de bonne foi, les gens y seront ensemble pour la mise en œuvre.  Et c’est en ce moment qu’on verra les grands défis. Cet accord va faire  en sorte que,  pour une fois, la communauté internationale et le Mali seront du même côté pour juger ou, en tout cas, pour apprécier le comportement de ceux qui refusent l’ordre de paix. Si cet accord n’est pas signé, il y a lieu de toujours persister, et aider les gens en armes aussi [les rebelles]. Il faut les ménager dans la possibilité de faire un retour parce qu’ils sont déjà partis tellement loin dans leur affirmation de la violence que c’est difficile qu’ils reviennent en toute modestie. Il faut leur laisser ce répit, cet orgueil pour se vendre cher et enfin revenir après avoir regretté de manière intelligente. Mais, il ne faut pas aujourd’hui forcer les choses  parce qu’ils sont partis tellement loin. C’est normal qu’ils maintiennent le suspens qui n’est pas durable.

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Amadou Koita

Amadou Koïta, président du Parti Socialiste (PS Yeelen Coura)

« Pas question que Ménaka soit réoccupé par le MNLA »

La population de Ménaka souffrait énormément et n’aspirait qu’à la paix. Si le retrait de Gatia doit être récompensé par le redéploiement de l’armée malienne, nous ne voyons aucun problème. Et cela, l’administration sera redéployée afin que Ménaka retrouve sa vie d’antan. Mais pas question que Ménaka soit réoccupé par le Mouvement national de la libération de l’Azawad (Mnla). La Minusma est là pour  appuyer l’armée malienne.

Concernant la signature de l’accord le 15 mai, nous soutenons toutes actions allant dans le sens de la paix, c’est la raison pour laquelle nous avions toujours dit que seul le dialogue permettra de résoudre la crise que le Mali traverse. Concernant l’accord, nous avions donné notre point de vue il y’a longtemps. Maintenant si la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma) refuse de signer ledit accord, cela donnera l’occasion à la communauté internationale de comprendre que la Cma est l’ennemie de la paix et en conséquence doit être traitée comme telle. A cet effet, la communauté internationale doit aider le Mali à recouvrer son intégrité territoriale.

Propos recueillis par Youssouf Z. Kéita, Madiassa Kaba Diakité, Ousmane Baba Dramé, Aguibou Sogodogo

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Soumana Sacko

Soumana Sako, président de la CNAS-FH, ancien Premier ministre

 « L’idéal serait que ce soit l’Armée malienne qui sécurise la localité »

A la demande de retrait du Gatia de Menaka faite par les Nations Unies et le retour des groupes armés dans leurs positions d’avant le cessez-le-feu (21 mai 2014), Soumana Sako est sans ambages : « il est absolument inadmissible que l’ONU se mette à exiger des groupes d’auto-défense populaire qu’ils restituent Menaka aux groupes séparatistes qui avaient soumis les populations à toutes sortes d’exactions inhumaines ».

L’une des missions confiées à la MINUSMA, en vertu de la résolution 2100 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, est d’aider à la restauration de l’autorité de l’Etat malien sur l’ensemble du territoire national. La MINUSMA a non seulement failli à son devoir, mais elle se comporte trop souvent, comme à Tabancort et aujourd’hui à propos de Ménaka,  en complice de fait des groupes séparatistes qui ambitionnent de diviser le Mali. L’idéal serait que ce soit l’Armée malienne qui sécurise la localité, mais il est absolument inadmissible que l’ONU se mette à exiger des groupes d’auto-défense populaire qu’ils restituent Menaka aux groupes séparatistes qui avaient soumis les populations à toutes sortes d’exactions inhumaines. Après tout, un accord de cessez-le-feu conclu dans les circonstances que l’on sait, voire une déclaration du Secrétaire Général ou de la Présidence du Conseil de Sécurité, ne saurait avoir une force légale supérieure à celle d’une résolution dudit Conseil adoptée sous le chapitre 7. Il revient au Gouvernement malien de prendre ses responsabilités, notamment vis-à-vis de la MINUSMA qui se rend totalement ridicule dans cette affaire, et d’appeler le Secrétaire Général à respecter les résolutions de l’ONU.

Propos recueillis par M.K.Diakité, B. Daou 

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3 COMMENTAIRES

  1. GATIA doit rester et demeure à Ménaka, quitte à revenir sur la caisse de départ, c’est-dire une guerre totale et complet çà passe ou çà casse. Y en a mare de faux compromis avec un groupe des rebelles-bandits succédant depuis 1963 à 2015…qui pille le peuple Malien,tantôt alliés de la France de De Gaulle, Sarkozy,Algérie,Lybie,Qatar,Arabie-Saoudite,Suisse.etc…

  2. Une lecture sereine de ces déclarations nous renseigne sur la vraie identité de chacun des interviewés . Les lignes nous montrent les dignes Maliens et les démagogues . Vous voyez vite une convergence entre PPR , Goita et Soumana SACKO. La dignité est un comportement. Merci , chers grands Messieurs , l’histoire retiendra vos déclarations . Le Malien leaders naitra . Le Président Malien naitra . Le Soundiata Malien naitra.

  3. Céder , Ménaka à la MINUSMA équivaut à réduire les forces onusiennes à leur plus petiite expression autour de son seul camp . Le reste de l’espace pourrait tomber dans les mains du mnla et alliés .

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