Depuis l’assassinat de Mouammar El Kadhafi, on assiste à une migration massive des ex-combattants libyens, vers plusieurs pays voisins de la Libye. Les raids aériens des fores de l’OTAN avaient atteint des proportions inquiétantes, voire dangereuses pour les hommes de terrain en Libye, si bien que c’était le sauve-qui-peut.
L’instinct de survie a poussé des milliers de combattants à abandonner le terrain. Certains sont allés au Niger, d’autres en Algérie. D’autres ont pris le chemin du Mali. Parmi eux, des Maliens qui s’étaient enrôlés dans l’armée libyenne sous le règne du colonel Kadhafi et des combattants d’origine libyenne. Il fallait sauver sa peau. Et c’est ce qu’ont fait ces hommes. Ils sont arrivés au Mali, armés jusqu’aux dents.
Ce vaste mouvement des combattants, à travers les pays de la bande sahélo- Saharienne, avait été prédit par plusieurs observateurs avertis des situations conflictuelles en Afrique, dont le chef de l’Etat du Mali, Amadou Toumani Touré. Aujourd’hui, le Mali, à l’instar des autres pays sahéliens, est devant le fait accompli. Un groupe important de combattants ayant pu infiltrer les frontières maliennes, plus tôt.
Les autorités maliennes ont décidé d’envoyer des missions gouvernementales, pour rencontrer ces combattants identifiés en territoire malien. Au cours de ces missions, des échanges ont été faits entre les autorités gouvernementales et ces ex-combattants. En guise d’aide et de soutien, le gouvernement malien, leurs a offert cinquante millions de francs CFA et plusieurs tonnes de denrées alimentaires. Un geste qui est allé droit au cœur de ces ex-combattants dont la majorité est d’origine malienne. Un retour forcé au bercail, comme on pourrait le dire. Mais on apprend que d’autres convois sont arrivés dans ce septentrion malien, décidément, zone d’accueil des ex-combattants libyens. Ceux-ci sont lourdement armés : de nombreux véhicules 4X4 BJ équipés d’armes de guerre du genre 12/ 7. De quoi inquiéter, sérieusement, autorités et populations maliennes.
Selon une source, les autorités du Niger avaient voulu désarmer ces combattants lorsqu’ils étaient sur leur territoire. Mais les combattants avaient répliqué en disant qu’ils ne faisaient que traverser.
Si certains d’entre eux ont été, effectivement, désarmés, au Mali, par l’équipe dirigée par le colonel major El Hadj Gamou, il n’en demeure pas moins qu’il y en a qui disposent encore de leurs armes. Cela représente un grand danger pour la sécurité dans les régions nord du pays. D’ailleurs, on se rappelle qu’il y a eu, récemment, des attaques dans le septentrion malien, notamment à Gossi. C’est dire donc que la menace est réelle. Les premiers combattants qui ont franchi le territoire malien avaient déjà localisé des sites qu’ils allaient occuper, en l’occurrence Aguelhok, Kidal et Tessalit. Pourquoi ces sites ?
C’est la question que l’on se pose, surtout quand on sait qu’un Colonel de l’armée libyenne est arrivé avec tout son état- major. Tout malien soucieux de l’instauration de la paix et du développement et surtout de la sauvegarde de l’intégrité du territoire, de la sécurité des personnes et de leurs biens, se doit de mûrir la réflexion sur ce qui peut arriver au Mali dans les mois à venir, avec tous ces combattants armés jusqu’aux dents.
Après avoir fini d’utiliser l’argent et le stock alimentaire à eux remis par les autorités du pays, qu’arrivera-t-il ? Cela pose, du coup, la problématique de la gestion durable de leur cas. L’Etat optera-t-il pour leur incorporation dans l’armée malienne ? Cela sera-t-il sans danger ? Ou, alors, va-t-il opter pour le financement de projets en vue de leur réinsertion dans le tissu économique malien ? Comment va-t-on gérer le cas de ceux qui ne sont pas de nationalité malienne ?
Ce sont autant de questions qui s’imposent aujourd’hui et dont les réponses permettront d’apaiser les esprits. Il ne faudra pas perdre de vue que ces ex-combattants auront besoin de moyens financiers pour leur survie. Comment les obtiendront-ils ? Peut-être en faisant usage du seul instrument qu’ils ont appris à utiliser pendant des décennies : le fusil.
Avec l’annonce de la production du premier baril de pétrole pour juin 2012, l’on redoute des velléités sécessionnistes. Bien que le Mali ne soit pas prêt à céder un seul millimètre de son territoire.
Par ailleurs, certains craignent que l’arrivée d’ex-combattants ne soit une menace pour les élections de 2012. Un seul coup de feu de la part des revenants, peut remettre en cause tout le travail abattu par le gouvernement pour des élections apaisées. D’ores et déjà, les autorités maliennes sont interpellées et devront rester vigilantes et éviter les moindres problèmes qui pourraient être de nature à perturber l’organisation et le déroulement des élections de 2012 qui présentent un enjeu particulier pour la classe politique et le peuple malien.
Sinaly