Cette peur est ressentie jusqu’à Koulouba qui n’a trouvé mieux que de les accueillir à bras ouverts. Mais, où sont passées leurs armes lourdes ? On n’en parle pas assez !
Armés jusqu’aux dents, ces 400 combattants sont venus à bord de 80 véhicules, selon de sources dignes de foi. Du coup, la première conséquence a été la désertion du colonel Assalat en poste à Bamako, qui a rejoint ses frères de sang et d’arme venus de la Libye. Il est suivi par deux autres officiers supérieurs touaregs. Au lieu de sanctionner les déserteurs, Amadou Toumani Touré, appelle au téléphone Assalat pour lui demander les raisons de sa désertion et tenter de le raisonner. Ça aurait pu se passer autrement si un soldat ou un officier non touareg se comporte de la même manière.
Si aujourd’hui le Mali est taxé de ventre mou de la lutte contre Aqmi, c’est justement à cause du laxisme de son président. L’homme a, dès le début, mal abordé le problème touareg. Et il n’a de cesse arrêté de multiplier les erreurs, pensant qu’en caressant les rebelles dans le sens du poil, ils finiront par s’aligner. Les populations du nord en ont marre ! Le banditisme devenu récurrent avec son corolaire de vol de véhicules, risque fort de mettre le feu aux poudres si le président ATT ne change d’approche.
Six ministres de la République pour accueillir les ex combattants de Kadhafi
« Indignez-vous », a écrit le vieil auteur français Hegger, aujourd’hui âgé de 94 ans. Son livre parle des mouvements de colère provoqués par la crise économique en Europe. L’effet de contagion est fort possible. Au Mali, les populations du nord sont à bout de souffle et commencent à s’indigner. Avec le retour de ces centaines de combattants qui se disent originaires du Mali, les stigmates d’une nouvelle recrudescence de la rébellion semblent plus que jamais réunis. Comment faire la réinsertion de ces 400 ex combattants ? Faut-il les intégrer dans l’armée avec leurs galons quand on sait que plus d’une centaine d’entre eux se réclament officiers supérieurs ? Une patate chaude dans les mains du président ! Un président qui crée les situations avant de chercher à s’en débarrasser de façon expéditive.
Ce qui a indigné les Maliens du sud, du nord, de l’ouest et de l’est, c’est bien sûr le déplacement de six ministres de la République pour faire semblant d’apporter leur solidarité à des gens dont ils ne sont même pas sûrs de la nationalité (sont tous d’origine malienne). Parmi les membres du gouvernement apparemment tendus, il y avait un certain Agatham Ag Alhassane, le ministre ‘’touareg’’ du Gouvernement. Ce dernier n’a fait le déplacement que pour son appartenance ethnique, pour que les revenants puissent le voir aux côtés de ses collègues et dire il y a un des nôtres parmi eux et patati patatras. Idem pour le ministre El Moctar. Enfin qu’est-ce qu’un ministre de l’Agriculture ou de l’artisanat et du tourisme peut aller chercher dans un problème qui concerne le Ministère de l’Intérieur ? Il faut être au Mali pour voir ces genres d’approches. Si le gouvernement pense jouer sur la corde du sentimentalisme, il se trompe, car, on ne gère pas un pays avec des sentiments.
En tous les cas, ils sont nombreux ceux qui pensent que ATT a exposé le Mali à un danger dont nul ne peut prédire l’ampleur.
Un dialogue de sourds
Selon nos sources, la délégation du gouvernement dirigée par le général Kafougouna Koné, n’a fait aucune proposition concrète aux ex-combattants. Kafou n’avait aucun plan à proposer, il était seulement venu voir et apporter le ‘’salut fraternel’’ du président de la République et du gouvernement du Mali à leurs compatriotes vomis par la Libye. Ce que ne semblent pas comprendre leurs interlocuteurs qui n’ont ni la même culture encore moins la même façon de voir les choses. Du coup, un dialogue de sourds s’est installé entre les deux parties. La creuse littérature tenue par les deux parties sur le petit écran n’a convaincu aucun esprit averti. Au fait, elle a fait apparaître une face plus grave du problème : la différence de point de vue…
La question qui taraude aujourd’hui les Maliens, c’est celle des armes lourdes que détiennent les revenants ? On en parle pas trop au niveau du Gouvernement, du moins officiellement, mais tout le monde est d’avis qu’il faut en parler. S’ils ont pu pénétrer le territoire malien avec ces armes de guerre, jusqu’à Kidal, il serait très difficile de les désarmer sans coup férir. Or, ces gens ne savent que faire la guerre, ils n’ont appris aucun métier que celui des armes. Peut-on les reconvertir ? Difficile de répondre à cette question quand on sait que leurs frères restés au Mali n’ont pu jusqu’à preuve du contraire changer de mentalité.
Alhassane H.Maïga