Retard dans la mise en œuvre de l’accord : IBK accuse, la CMA récuse

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Sur la chaine de télévision qatarienne  Al Jazeera à laquelle il a récemment accordé  un entretien de 50 minutes, le président de la République IBK a mis en cause la bonne foi des groupes dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix qui, deux ans après sa signature, peine à porter ses fruits.  Des accusations jugées “infondées” par des leaders des groupes armés dont ceux  de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).

“… Dieu sait que cet accord n’a pas été signé sans la présence d’observateurs, sans leur implication. Il y a un comité de suivi de l’accord et tout le monde convient aujourd’hui des efforts que le gouvernement du Mali fait quotidiennement pour la mise en œuvre de l’accord. Tout le monde sait à qui est imputable le retard constaté çà et là. Quand on demande des listes pour les patrouilles mixtes, quand on demande des noms pour mettre en place tel ou tel organisme d’accord parties, les groupes (armés) trainent les pieds pour donner ces listes. Et ils ne sont pas souvent d’accord entre eux. Cela est constant, patent et avéré…” Ainsi parlait le président IBK  dans un entretien à Al Jazeera.

La question à lui adressée avait trait au retard accusé dans la mise de l’accord. Selon l’interlocuteur d’IBK, les groupes armés “accusent le gouvernement du Mali de n’avoir pas respecté l’accord”. Réponse au quart de tour : “Vous savez, dans la mise en œuvre d’un accord, il y a souvent ces genres de divergences qui interviennent. Dieu sait que cet accord n’a pas été signé sans la présence d’observateurs, sans leur implication”, a répondu le chef de l’Etat.

Pareilles accusations, IBK n’est pas le seul à les faire ! L’opinion publique malienne dans sa majorité met en doute la bonne foi  les groupes armés signataires de l’accord dans la mise en œuvre. D’aucuns les accusent même d’être  de connivence avec  les groupes  terroristes dans le septentrion malien.

Pour Ilad Ag Mohamed, toutes ces accusations sont “infondées” : “Nous avons été surpris par le comportement de ceux qui sont en train d’accuser la CMA aujourd’hui d’un blocage, il y a une lenteur dans la mise œuvre de l’accord, certes, mais on ne peut pas parler de blocage, ça ne fait pas bonne presse”,  a déclaré ce début de semaine lors d’un point de presse celui qui se dit être le porte-parole de la CMA. Pour ceux qui ont fait cette accusation, “commencent à comprendre que c’était une erreur !”

Ceux qui ont fait cette accusation ? Il s’agit aussi de l’Algérien Ahmed Boutache, le  président du comité de suivi de l’accord qui, dans une lettre ouverte, a récemment vilipendé la CMA en l’accusant “d’être à l’origine  des blocages dans la mise de l’accord de paix”“Un cheveu dans la soupe”, selon le porte-parole de  la CMA : “Je crois que le  président du comité de suivi de l’accord est homme déphasé, pendant qu’il écrivait sa lettre, il était à Alger et on était à la libération du camp”, a déclaré Ilad Ag Mohamed.

“La libération du camp (de Kidal)” est l’une des recommandations fortes formulées par Ahmed Boutache dans sa lettre à l’adresse de la CMA qu’il accuse aussi “de manœuvres politiciennes aux desseins inavoués”. En réponse à cette doléance d’Ahmed Boutache, le porte-parole de la CMA souligne que la libération du camp de Kidal nécessite des étapes techniques et l’élaboration en cours de plans d’actions.

Djibril Samaké 

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2 COMMENTAIRES

  1. En tout cas, s’il y a une avancée dans l’application de l’accord d’Alger, sur la crise Malienne, c’est que depuis le voyage de Macron à Gao, les lignes commencent à bouger.
    Ce qui était tabou il y a peu, refait surface au grand dam des usages protocolaires et diplomatiques.
    En effet, J’avais parlé dans le commentaire d’un article de presse, la semaine dernière en disant : A CHACUN SON COUPABLE !
    Dans l’article en question, nous avons été informés par son auteur, du jeu de passe d’arme entre certains acteurs clés du processus, à savoir : La France, l’Algérie, la CMA et le Gouvernement ML.
    Les trois premiers avaient chacun désigné son coupable et nous attendions du Gouvernement, comme il est désormais convenu d’usage, la désignation de son coupable.
    Et Voilà chers, compatriotes, le Gouvernement a pris son courage dans ses bras et vient à son tour, de nommer son coupable. Même si cela semble être fait en catimini puis qu’il être doué de talent comme M. Djibril Samaké auteur de cet article. Dans tous les cas, on peut se réjouir de cette petite avancée qui en mon avis a donné un coup d’accélérateur au processus de paix qui était en sommeil.
    En ce qui nous concerne, en temps citoyens et observateurs, nous pouvons en déduire que le blocage serait venu du côté de la CMA. L’Algérie et le Gouvernement ML ont désigné la CMA comme premier responsable de la cause du retard. Tout récemment encore, la force Française avait arrêté un élément de la CMA, soupçonné de collision avec les terroristes.
    Nous concluons en disant que l’ombre de Macron a plané sur le processus et l’a fait accélérer. Ce qui est encourageant !

  2. Que nos autorités comprennent bien que le nomade ne négocie jamais quand il est en position de force. Il négocie quand tout est perdu pour lui. Alors, ne perdons pas notre temps, car le retour à l’ordre est synonyme de misère pour eux. Vous comprenez pourquoi ils ne sont guère pressés qu’il y ai de l’ordre?

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