Retard dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix : Le CSA roule-t-il pour la CMA et la Plateforme ?

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LA CMA a-t-elle abandonné le chantage sur le retrait de Ménaka ?

Les récents événements consacrant les règlements et l’extinction des foyers de tensions locales et intertribales à Anefis (Kidal) est salutaire pour les populations azawadiennes pour ainsi dire du Nord du Mali et pour le Mali tout entier. Mais il n’est pas bête de se poser la question pourquoi maintenant et pas avant ou depuis tout le long de la rébellion ? Trop beau pour être vrai, diraient certains. Pour répondre à cette question, il faut faire évidement un tour de tous les enjeux avant et après la signature de l’accord de paix et ne pas ignorer les clauses explicites et implicites du « Pacte de l’honneur » auquel on est parvenu. Le revers de la médaille, c’est qu’il faut, comme beaucoup de détracteurs se sont posé la question, craindre une alliance contre le peuple malien puis que c’est à lui qu’appartient l’accord et par-là une prise en otage de l’accord de paix par certaines parties. D’un côté, tout au début, la Médiation et la Communauté Internationale avaient du mal à s’imaginer de faire face à une communauté du nord du Mali toute unie et déterminée à défendre ses droits les plus légitimes dans le séparatisme ou dans le loyalisme. Ainsi la CMA et la PF se sont vues, chacune, forgé un lot de partenaires et d’alliés discrets fustigeant de pactes couvrants des intérêts supposés bilatéraux mais, au fond et en réalité, très égoïstes. Alors que la médiation et la communauté internationale n’ont d’autres visées, en dehors de leurs intérêts individuels, que de mettre les groupes armés de la communauté azawadienne dos à dos quelque soit la configuration. Maintenant que l’accord de paix est signé, la donne a changé. Voire arriver les groupes rebelles en rangs dispersés, réclamant, chacun, sa légitimité et les traitements auxquels il a droit est exacerbant et tous ceux qui sont impliqués dans la gestion de la crise souhaiteraient voir la CMA, la PF en un bloc unique pour leur permettre, soit disant, d’être plus efficaces et plus virulents contre l’ennemi commun : l’état malien et les autres mouvements qui réclament autorité et légitimité.  Mais en vérité, l’objectif de cette stratégie est de les voir désormais réduits à demander leur dû des dividendes de la paix d’une seule main  et de les dresser les uns contre les autres dans les dissensions intestines sans plus tard se soucier des déchirures internes que cette situation engendrerait dans l’avenir ni des conséquences pour l’accord de paix. Nous avons vécu l’expérience pendant la dernière rébellion, cinq rébellions (MPA, ARLA, FPLA, FIA, FULA) avant le conflit et un seul mouvement à la signature (MFUA). Cette approche, pour l’accord en cours, a rencontré des obstacles avant la signature de l’accord mais elle s’achemine lentement vers sa réalisation grâce à des parties azawadiennes allergiques à une solution globale malienne et ayant développé le long du processus,  des défaites politiques dont il faut coûte que coûte se venger au moyen de l’accord et même au détriment de l’application de celui-ci. L’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger du 15 Mai 2015 a-t-il des articles en Or, certains en Argent et d’autres en Bronze ? Une seule action : « la mise en place du CSA » qui a un agenda bien précis, c’est-à-dire le lendemain de la signature (Article 57 de l’Accord) a accusé un retard de quatre (4) mois parce que toutes les parties prenantes à l’accord, la Médiation, la Communauté Internationale et l’opinion publique nationale et internationale ont une difficulté d’interprétation de quelques articles. De là, peut-on s’imaginer quelle destination pour l’application de l’accord de paix dans son ensemble. N’hésitez pas à me le signaler si ma lecture s’avère fausse. Un accord est un tout, tous les articles ont la même valeur, ils se complètent.

Permettez-moi de citer quelques-uns sujet jusqu’ici à des mal-interprétations:

Article 50 : Les parties reconnaissent que la première garantie de l’aboutissement de l’accord réside dans leur sincérité, leur bonne foi et leur engagement à assumer le contenu de l’accord et à œuvrer à la mise en œuvre de l’ensemble de ses dispositions dans l’intérêt de la réconciliation de leur pays, ainsi que de la paix, de la sécurité et de la stabilité du Mali et dans la région dans son ensemble.

Articles 58 : Le CSA est composé comme suit : le gouvernement du Mali, les mouvements signataires du présent accord et la Médiation (Algérie,

…BF, Mauritanie, Niger, Tchad, CEDEAO, NU, OCI, UA, UE)…

Article 60 : «  Qui fixe les missions du CSA »….

  1. c) Assurer l’interprétation des dispositions pertinentes de l’Accord en cas de divergences entre les Parties.
  2. d) Concilier, le cas échéant, les points de vue des Parties ;

Article 67: La Coordination et la plateforme sont entendues comme incluant toutes les entités qui en font partie à la date de signature du présent accord. Les signataires au nom de la Coordination et de la plateforme le font au nom de chacune et de toutes ces entités.

Est-ce que toute la Communauté Internationale a accepté fouler aux pieds tous ces articles de l’Accord au profit des articles du Règlement Intérieur du CSA, un règlement scellé avant même que le Comité de Suivi de l’Accord, dont il est sensé régir la bonne marche, voit le jour ? Et il n’a pas vu le jour jusqu’au moment où je vous parle. Pour nuancer, il faut dire que non, le règlement intérieur ne reprend que les dispositions de l’Accord. En vérité les lois qui tordent la main au processus ne sont prescrites nulle part. Elles relèvent de la nature des hommes et de l’obstination de ceux-ci à imposer chacun sa vérité et à en faire la loi universelle même si cela doit se réaliser en passant par la violence, la barbarie et la violations des articles convenus, signés et prescrits dans les documents de référence. C’est très mal vu d’une congrégation de plusieurs pays et des institutions internationales de se plier aveuglement à une telle obstination et à marcher dans des complots injustifiés contre la paix. La CMA et la plateforme, sous la pression de la médiation qui à tort ou à raison, leur demande de phagocyter les mouvements qu’elles ont, elles-mêmes, consciemment tenté d’exclure soit pour satisfaire leur égo, soit pour venir a bout de leur revanche ; pour aller en adéquation avec l’article 67 de l’accord tendent la main gauche à ces mouvements tout en les repoussant avec la main droite. J’ose utiliser les épithètes droite et gauche, pour ainsi dire, sans risque de se tromper, que La CMA et la plateforme repoussent plus violemment et plus habilement les mouvements qui sont signataires de l’Accord par l’article 67 du même accord au même titre qu’elles donnent l’impression de les inviter à revenir en leur sein. L’état malien qui se glorifie,  à raison d’ailleurs ; que la mise en œuvre de l’accord lui revient de droit ne peut et n’ose intervenir dans les aventures internes entre les mouvements, ce qui est normal ; puisque même si le Mali est le pays d’origine et de destinée de toutes les parties maliennes, le Mali n’est plus ni moins qu’une partie à l’accord si on préfère développer les spéculations qui continuent à nous éloigner de la mise en œuvre  correcte de l’accord. Aucune partie ne doit s’accaparer la destinée de l’autre si l’on veut démarrer la mise en œuvre de l’accord sur ne ce reste qu’un peu de justice.

Cependant toutes les parties même les observateurs externes ont un droit de regard sur la bonne marche du processus. Car dit-on, si vous ne contribuez pas à la solution ce que vous contribuez au problème. La recommandation de la Médiation aux parties de s’entendre entre elle n’est pas une fin en soi au regard de l’article 58 où l’on fait référence aux mouvements signataires et pas aux clusters CMA-Plateforme et son désengagement doublé de son désintéressement aux arrangements internes entre des clusters CMA, plateforme et autres mouvements signataires viennent en violations de l’article 60 de l’accord.

Autant la prolifération de nouveaux mouvements après la signature de l’accord est une violation de l’accord autant des fusions ou des reconfigurations des parties en est une autre. Pour une communauté internationale accréditée pour sa neutralité, son indépendance et son impartialité, mettre la destinée d’une partie entre les mains d’une autre partie qui va jusqu’à  proposer des quotas à son homologue, c’est accorder à cette partie plus de prérogatives qu’il ne lui revient de droit et le seul fait est fatal pour l’accord. Ainsi cautionner et arbitrer une telle violation de l’accord  de la part de l’institution qui en est la principale garante est en soit même une violation plus grave. L’article 67 est-il l’article en Or de l’accord ou serait-il tout simplement le plus ambiguë et c’est l’ambigüité la loi d’or à cette phase du fameux processus d’Alger ?

Abdallah Ag Mohamed Assaleh

  • Le titre est de la Rédaction

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