Restitution de l’accord d’Alger : Les partis politiques de l’opposition dénoncent les failles

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Démonstration de force réussie par les partis de l’opposition, "Président IBK Sabali !"
Salle comble pour le meeting de rentrée de l’opposition malienne, le 7 septembre à Bamako.
David Baché / RFI

Le jeudi 19 mars, la salle de presse du C.icb a abrité une table ronde des forces vives de la nation  autour du projet d’accord de paix paraphé à Alger. L’objectif du gouvernement l’initiateur était d’expliquer et échanger avec les forces vives de la nation le contenu du projet d’Accord. C’était sous la présidence d’Abdoulaye Diop, ministre des affaires étrangère et de la coopération internationale et chef de file de la  délégation malienne aux pourparlers d’Alger.

Contrairement à la précédente table ronde tenue à la veille du dernier round, que  les partis politiques de l’opposition ont boycottée, cette fois-ci, ils ont répondu à l’appel. A cette occasion,  Abdoulaye Diop, ministre des affaires étrangère et de la coopération internationale et chef de file de la  délégation malienne aux pourparlers d’Alger, n’est pas allé avec le dos de la cuillère en sonnant la fin des rounds interminables d’Alger. « Le processus des pourparlers, entamé à Alger le 16 juillet 2014, est aujourd’hui parachevé mais le dialogue peut et doit se poursuivre dans la mise en œuvre de l’Accord, à la fois avec les forces vives de la Nation que vous représentez ici, y compris les anciens mouvements armés, et la communauté internationale. Car, nous le savons, un accord ne règle jamais spontanément un conflit. Ce sont les acteurs directement concernés du conflit qui le règlent, à petit pas, et par un dialogue permanent, sincère et de bonne foi naturellement dans le cadre de la confiance retrouvée » a-t-il souligné. A l’endroit de la CMA qui refuse toujours de parapher ledit accord, il les a invités à faire preuve de courage et de réalisme pour saisir l’opportunité qui s’offre à eux et se mettre dans le sens de l’histoire. « Le temps des tergiversations pour le gouvernement est terminé. Le Mali a besoin de sortir au plutôt de cette crise pour s’atteler à ses projets de développement, de relance économique, de bonne gouvernance, de lutte contre la pauvreté », a-t-il ajouté.

Prenant la parole au nom de l’opposition, Modibo Sidibé des  Fare ankawili  s’est démarqué complètement de cet accord. Ce qui, selon lui, ne résout pas les questions fondamentales relatives à la stabilité du pays, à l’intégrité du territoire et à l’unité nationale « cet accord n’est pas un bon accord pour le Mali. Il contient des germes d’une désintégration rampante du pays que nous avons connu.» a-t-il affirmé. Partant, il a attiré  l’attention sur certains failles de l’Accord qui consacre une partition de fait du pays. « La disposition qui consiste à « assurer une meilleure représentation des populations  du Nord du Mali dans les institutions et grands services publics, corps et administration de la République  est une violation de notre constitution, des règles et valeurs républicaines, qui ne sauraient admettre ni une administration partisane, ni une administration communautariste. Le document paraphé conduit le Mali dans un nouveau système d’autonomie de fait des régions avec entre autres l’élection au suffrage universel direct du président de l’assemblée régionale qui cumule les fonctions de  chef de l’exécutif et chef de l’administration de la région.  Toutes choses qui seront sources de blocage dans le fonctionnement institutionnel de la région et de l’État. La création d’une police territoriale et la volonté de réserver aux ressortissants des régions du nord, la majorité des effectifs de la  fonction publique territoriale sont porteurs de germes d’un régionalisme destructeur pour notre cohésion nationale », a fait remarquer Modibo Sidibé. Et d’ajouter que l’appellation « Azawad » définie comme une réalité socioculturelle, mémorielle et symbolique, constitue, estime t-il, une véritable imposture politique et est porteuse de germes réels de séparatisme qu’aucun Malien ne doit sous-estimer. Dr Adama Traoré de la société civile, de rétorquer que  le terme ‘’ Azawad’’ ne constitue pas un obstacle à la résolution de la crise. Car, selon lui, l’accord prévoit que cette question serait tranchée par les Maliens au cours d’une conférence nationale. Ainsi, il a invité  l’ensemble des partenaires et la communauté internationale à faire en sorte que les solutions préconisées  ne soient pas sources d’une plus grande déstabilisation du Mali et de ses communautés. Abondant dans le même sens, les syndicalistes de l’Untm ont aussi souligné que cet accord viole la constitution du Mali et institue la division du pays. Boulkassoum Haïdara, président de la majorité présidentielle, a estimé que l’essentiel a été sauvé dans cet accord.

Boubacar SIDIBE

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